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Approximativement
6 mai 2003

La photographie

Elle est tombée

A l’instant

Comme je prenais mon carnet d’adresses

Où est-ce moi qui l’ai prise ?

Aperçue au milieu de tes lettres

Une image en noir et blanc

Une image brillante dans une carte blanche

Une image de ton bonheur passé

De ton bonheur alors

On y voit à l’arrière plan une montagne

Vous portez de gros pulls d’hiver

Elle sourit

Elle a l’air heureux

Tu souris aussi

Mais c’est ton regard qui attire

Il semble qu’on peu entendre vos rires

La personne derrière l’appareil qui vous demande de ne pas bouger

Le bruit du vent et de vos pas sur les rochers

Suis-je jalouse de sa présence ?

Suis-je jalouse de ce qu’il s’est passé entre vous ?

J’ose croire que non

La regarder ne me fait pas vraiment d’effet

Mais toi

Je te vois là comme je n’aurais jamais dû te voir

Le toi passé

Le toi qui ne faisait pas partie de ma vie

Et ce sentiment étrange et inconfortable revient

Pourquoi est-ce que je ne supporte pas de ne pas t’avoir connu à l’époque ?

Ces choses que tu as faites

Celles qui te font pleurer aujourd’hui dans mes bras

Celles qui n’ont plus d’importance aujourd’hui, dis-tu

Quand tu m’assures de tes sentiments

De la profondeur de ton bonheur

Moi je continue à ne pas me sentir à ma place

Dans le déroulement de ta vie

Dans cette vie que je ne connais pas

Ces mystères que tu gardes en toi

Ton regard

Sur cette photo

Me rappelle étrangement quand tu me fais l’amour

Et je frissonne pudiquement de cette image déplacée

Tu fixes l’appareil

Tu y transmets quelque chose

Que je sais ne pas comprendre

Je t’en veux un peu de ne pas mieux ranger ces souvenirs

Je n’en ai pas des souvenirs matériels comme celui-ci

Pas une photo

Quelques lettres que je me refuse à lire

Des images dans ma tête

Des sensations à demi oubliées

La certitude de ne pas avoir été heureuse

Voilà où se porte ma tristesse

Mon dépit et mon envie

La flèche de ce regard

Tu as été heureux

Tu as vécu comme tu le voulais

Je le ressens en toi quand tu me parles de ton passé

Maintenant que je suis heureuse à mon tour

Que je sais ce qui m’a manqué

Je ne supporte pas de voir que le bonheur que je t’apporte

Tu l’as reçu bien avant moi

J’aurais voulu te connaître depuis toujours

Mais c’est toi qui le rejette

Versant des larmes entre mes mains

Des larmes que je ne comprends pas

Des larmes qui m’effraient à peine

Des larmes que je n’avais

Elles non plus

Jamais vues

Tu l’as gardée cette photo

Tu as eu raison

Elle est belle

Réussie

Un instantané parfait de ce jour-là

Vous l’avez choisie au milieu d’autres

Sûrement fait reproduire

Sur un joli papier

Dans un carton qui la protège des traces

Et tu la gardes

C’est important

De tels souvenirs

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