The Princess Bride - Le Bébé de Bouton d'Or, Une Explication - 2
J’ai rencontré Karloff Shog le lendemain matin pour le petit déjeuner dans le restaurant de l’hôtel Carlyle, sans comparaison dans tout New York. Charley organisa la rencontre et décida de ne pas être là, aucune raison, c’était une prise de contact où nous essaierions notre charme et nous verrions si nous pouvions faire affaire.
Alors j’étais assis en attendant qu’elle apparaisse. Avec un nom comme Karloff Shog, je pensais qu’une moustache était un pari sûr et je ne pensais même pas à ses aisselles. (Au cas où vous ne le sauriez pas – et vous ne le savez pas, personne ne sait ce genre de choses – Karloff est le nom le plus populaire en Florin. Faites-en ce que vous voulez.)
La femme idéale entre. La trentaine passée, habillée pour tuer, de longs cheveux blonds lâchés, superbe. Elle vient directement vers moi et me tend la main. « Bonjour, Carly Shog, c’est vraiment un plaisir de vous rencontrer, vous ressemblez vraiment aux photos sur vos livres, seulement, si je puis le permettre, en plus jeune.
- Vous pouvez le dire aussi fort et aussi souvent que vous le voulez. » J’ai tendance à être un peu gras quand de jeunes et douces choses sont aux alentours, alors c’était plutôt fin venant de moi. Le truc fou c’est que, à ce moment, quand nous nous étions rencontrés depuis dix secondes, j’ai pensé qu’elle me voulait. « Voulait » au sens de « désirait ». Et si vous me connaissez un peu, vous savez que je pense que personne ne me veut jamais. Pas au sens de désirer en tout cas. « Qu’est-ce qui vous amène aux États-Unis ?
- Nous faisons beaucoup de travail juridique aux States maintenant. Je viens juste de m’installer. » Une pause maitenant. « Dieu merci. » Elle me regarde. « Je vois que vous n’êtes jamais allé en Florin. » J’ai dit que c’était vrai. « C’est un peu consanguin. Je veux dire, en Florin si vous épousez votre cousin germain, c’est bien vu. » Une autre pause. « Une tentative d’humour. Désolée. »
Je suis sorti avec quelques femmes fantastiques depuis qu’Helen m’a quitté il y a une décennie. Mais celle-ci, cette avocate aux yeux bleus avec un corps et un cerveau, de toutes, était spéciale. Elle tendit alors la main au dessus de la table, prit ma main…
… Laissez-moi vous le répéter : elle a pris ma main !
Et elle m’a regardé dans les yeux et a dit : « Je suis si heureuse que nos problèmes légaux soient terminés.
- Ça a été horrible, accordai-je. Je n’ai été poursuivi qu’une fois avant dans toute ma vie. (C’est vrai.) Et c’était par un acteur alors ça ne compte pas vraiment. »
Ai-je besoin de vous dire que son rire était comme le son d’un carillon ? Puis, simplement pour améliorer son compte bancaire vint ceci : « Vous n’allez pas me croire, mais j’ai lu tous les livres que vous avez écrits. Même le Harry Longbaugh. » (Soyons Régence ![1] a d’abord été publié sous un pseudonyme, Harry Longbaugh, le vrai nom du Kid.)
Je suis tellement amoureux à ce moment-là que c’en est ridicule. « Les poursuites que vos gars ont lancées… vous allez les laisser tomber ?
- Bien sûr. Les treize. C’est ce que nous allons faire pour vous, et tout ce que nous voulons c’est votre bonne volonte.
- Ma bonne volonté ? » Si j’avais eu une bague de fiançailles avec moi, elle aurait été à elle.
« Oui. C’est important que Le Bébé de Bouton d’Or soit publié. Ici aux États-Unis. »
J’ai fait un signe pour avoir un café et la serveuse nous en servit. Nous bricolâmes avec le sucre et le lait demi écrémé et toutes les autres choses délicieuses que nous donnons à nos estomacs ces temps-ci. Nous bûmes silencieusement. Et nous nous sommes regardés. Puis j’ai dit la chose la plus folle : « Quel âge avez-vous, Carly ?
- Quel âge voulez-vous que j’aie ? Je sais tout de vous. Je sais que vous êtes né à l’hôpital Michael Reese à Chicago le 12 août 1931. Pas mal, hein ? »
J’ai hoché la tête.
Elle ouvrit alors son sac. « Voici tout ce que vous devez savoir, Bill. J’ai rompu avec mon petit ami quand j’ai quitté Florineville. Et il avait cinquante-cinq ans. J’ai un truc avec… » Et là elle fit une pause en souriant si doucement. « … avec les hommes vigoureux. »
Marc-Antoine n’a jamais été aussi fou amoureux.
Elle chercha dans son sac, me tendit un morceau de papier. « C’est juste de la paperasse juridique. Faites-le vérifier par votre avocat, puis signez-le et envoyez-le moi.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Ça s’appelle faire la paix. Nous sommes d’accord pour laisser tomber toutes les poursuites. Vous êtes d’accord que nous n’avons rien fait de mal, et vous nous souhaitez le meilleur pour nos futurs projets.
- Je fais plus que vous souhaiter le meilleur. Je vais me tuer à faire Le Bébé de Bouton d’Or.
- Bien sûr vous le feriez, » dit-elle alors, et connaissez-vous les six mots les plus importants depuis les trente dernières années dans toutes les cultures ? Je vais vous les dire. Peter Benchley[2] les a trouvé quand il marchait le long d’un plage et ces mots les voici : « Et si le requin devient territorialiste ? » Parce que de ça est sorti le roman Les Dents de la mer, et puis le film Les Dents de la mer, et rien n’est vraiment pareil depuis.
Eh bien, les six mots suivants de Carly Shog n’ont pas eu cette importance. Sauf, bien sûr, pour moi. Avant qu’elle ne les dise je lui ai demandé : « Pourquoi avez-vous dit : "Bien sûr vous le feriez" ? Vous vouliez dire : "Bien sûr vous le ferez". Je me charge du Bébé de Bouton d’Or. »
À ce moment, en attendant qu’elle parle, en regardant à cette magnifique femme, à ses yeux pâles, je vous souviens avoir pensé qu’il quelque se passait chose de bizarre, quelque chose d’horrible, même. Mais je n’aurais pu imaginé ce qu’elle dit après dans aucun cauchemar paranoïaque :
« Stephen King va faire l’abrègement. »
* * *
Voici ce que je n’ai pas dit : « C’est une plaisanterie ? » En voici une autre : « Vous allez me tuer. » Ou : « Il va vous rire au nez. » Essayez : « Sale pute. » Pendant que j’étais occupé à ne rien dire, Carly continua élégament.
« Voici ce que nous gagnons à vous faire signer cette lettre : la sécurité. Vous voyez, vous n’êtes pas comparable à King en termes de ventes, personne ne l’est, nous n’avons pas besoin d’aller jusque là. Mais beaucoup de gens vous relient à Morgenstern à cause du film et ce que nous ne voulons pas c’est que les gens se demandent pourquoi vous avez décidé de ne pas faire la suite. La bonne volonté est très importante, et nous ne pouvons pas risquer de vous voir courir en criant à la trahison. Je l’ai écrite. Je pense que vous pouvez vivre avec. »
Voici ce qu’elle avait écrit : « Je suis si excité que Stephen King soit dans le bateau. Franchement, je suis exténué en ce qui concerne M. Morgenstern. Alors je souhaite le meilleur à tout le monde. Et je ne sais pas pour vous, mais je suis impatient de lire Le Bébé de Bouton d’Or. »
Je l’ai regardée un moment avant de parler. Elle ressemblait à Bela Lugosi[3] maintenant[4]. « Il ne le fera pas. King. Je le connais un peu, et il n’y a aucune raison sur terre pour qu’il se fasse entraîner dans un truc comme ça.
- Steve ne pense pas qu’il est "entraîné dans" quoi que ce soit. Il est sincèrement excité. Nous en parlons tous les jours. Et nous continuerons, jusqu’à ce que tout soit fini.
- Je ne vous crois pas. Je ne sais pas ce que vous cherchez mais trouvez-vous un autre pigeon. » Je me levai.
« Il ne s’est pas toujours appelé King, dit alors Carly. Ses ancêtres vivaient à Florineville il y a longtemps. Il y va toujours en vacance l’été. »
Je me suis rassis.
« Est-ce qu’il sait pour moi ?
- Bill, bien sûr. Et je lui ai dit ce que le traité de paix dit – que vous êtes exténué. C’est assez facile à croire. Mon Dieu, vous n’avez pas écrit un roman en bien plus d’une décennie. »
Elle ressemblait maintenant fortement à Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse[5]. « Je vous verrai au tribunal, » dis-je en jetant quelques pièces sur la table et je sortis. Une chose bien stupide et vaine à dire. Elle pouvait continuer à faire pression sur moi avec les poursuites judiciaires. Sans aucun doute, elle avait toutes les cartes.
Toutes sauf une.
* * *
Tard le matin suivant, j’étais assis dans l’aéroport de Bangor, dans le Maine. Je connaissais King surtout depuis Misery, un scénario que j’ai écrit à partir d’un de ses préférés et meilleurs romans. J’étais venu à Bangor une ou deux fois, juste pour des recherches basiques, à bavarder avec lui, je pensais que quelques questions valaient mieux être posées en personne qu’au téléphone. Nous fîmes une avant-première pour lui quand le film sortit et Rob Reiner, le directeur, et moi faisions les cents pas dans le hall pendant qu’il regardait, en espérant qu’il aime. C’était important pour nous de lui plaire. La carrière de Rob a vraiment décollé avec Stand By Me[6], une autre œuvre de King (une nouvelle intitulée Le Corps[7]).
Nous pûmes dire dès que nous le vîmes sortir qu’il était content de ce que nous avions fait de son bébé. Il adora Katy Bates spécialement. (Pas seulement ça ; elle gagna l’oscar de la meilleure actrice.) C’est marrant mais ce dont je me souviens encore plus c’est le moment où ça a commencé quand il nous a quitté pour prendre sa place : son regard était tellement plein d’espoir. Comme un gamin. J’en ai fait part à Rob qui a dit : « Je pense qu’il est aussi vulnérable maintenant que quand il a commencé – ce qui est pourquoi il a réussi à rester Stephen King. »
Je ne pense pas que tout le monde réalise quel phénomène il est. Ce n’est pas seulement les centaines de millions de livres vendus… c’est qu’il a été l’écrivain le plus apprécié du monde pendant si longtemps. Carrie est sorti en 1974 – un quart de siècle plus près du feu.
Je le voyais à travers la vitre. Jean, chemise de bûcheron, la démarche traînante. King est bien plus gros que vous ne le pensez. Et remarquablement pas prétentieux.
Nous nous assîmes dans un coin privé de la salle d’attente – je n’avais pas mangé depuis le déjeuner légendaire la veille avec le Monstre de Florin. Et j’étais resté debout la moitié de la nuit pour tout préparer, comment le dire rationnellement, de romancier à romancier, de conteur à conteur, la façon dont ça tournait dans ma tête je n’en étais même pas à la moitié avant qu’il ne dise : « Bill, cette pute m’a menti, elle a dit que tu ne voulais pas le faire. J’ai juste dit que je m’impliquerais parce qu’elle a parlé à quelques parents que j’ai encore là-bas et ils ont fait pression sur moi mais je me suis fait entraîner dans ce foutu truc depuis le début. »
Le silence dura. King me regarda. Il attendait. Je savais que je le rendais nerveux, assis là, mais je ne pouvais pas trouver comment commencer. Tout ce que je savais c’est que je ne voulais pas l’embarrasser. Ou, pire, m’humilier.
Finalement il a demandé : « Comment va Kathy[8] ? Je l’ai bien aimée dans Titanic. »
Il te donne un moyen de commencer, me suis-je dit. Alors parle de Kathy Bates. Tu as une super histoire sur Kathy Bates, dis-lui. « Je ne la vois pas beaucoup, mais est-ce que je t’ai jamais dit comment elle avait eu le rôle dans Misery ? C’est une super histoire. »
King secoue la tête.
« J’ai écrit le rôle pour elle. J’allais la voir sur scène depuis des années – c’est une grande actrice mais elle n’a jamais explosée au cinéma – et avant de commencer j’ai parlé avec Rob et j’ai dit : "Je vais écrire Annie Wilkes pour Kathy Bates." Et Rob a dit : "Oh, bien. Elle est super. On va la prendre."
- Et alors ? a demandé King.
- C’est tout. Le rôle féminin le plus désiré de l’année et il est allé à cette inconnue. J’ai adoré prendre part à ça. Changer une vie.
- Super histoire, c’est sûr, » a dit King, en essayant d’être enthousiaste. Mais je savais que le cœur n’y était pas.
« Non ! » dis-je, bien trop fort, mais je n’étais pas dans ma plus grande forme, comme les lecteurs de ces pages doivent l’avoir senti. « Non, répétai-je sur le ton de la conversation. Ce n’est pas l’histoire. Voici la super histoire. »
King attendit.
« Ok. Alors Rob l’appelle. Il y a seulement Kathy et Rob dans la pièce et Kathy ne s’est jamais approchée d’un premier rôle dans un film et Rob sort : "Tu as le rôle." Kathy reste assise là un moment avant de dire : "Le rôle. Je l’ai." Rob hoche la tête, répète la nouvelle. "Tu l’as." Il y a une autre pause avant que Kathy sorte ceci : "Le rôle d’Annie. Annie Wilkes. Ce rôle ?" Rob hoche de nouveau la tête. "Annie Wilkes. Le premier rôle." Un peu plus vite de la part de Kathy : "Et je l’ai et tout est organisé et tout. – Tout est prêt," dit Rob. Elle se penche un peu en avant : "Laisse-moi bien comprendre… Je joue Annie Wilkes, le premier rôle, dans Misery ?
– Ouaip," dit Rob. Et Kathy continue : "C’est fait et tout, je veux dire, je joue pour sûr Annie, tout est prêt et fait et tout, pas d’erreur ou quoi ?" Et Rob dit : "C’est tellement prêt que tu ne pourrais pas le croire." Et là il y a un moment de silence dans la pièce. Et puis elle a dit ceci : "Est-ce que je peux le dire à ma mère ?" »
King adora. (Moi aussi. C’est une de mes jolies histoires d’Hollywood préférées de tous les temps.) Il rit et sourit et me regarda avec interrogation, et j’ai levé ma main droite et j’ai dit : « Tout est vrai, parole d’honneur, » et je pus me sentir, enfin, détendu. Je savais que je pouvais le faire maintenant, lui parler, le convaincre de ne pas faire la suite, parce que, après tout, j’avais fait ThePrincess Bride et, même sur cette terre, la vie était occasionnellement juste, et il a dit : « J’ai vraiment aimé le film. » J’ai dit : « Moi aussi, pas seulement pour Kathy mais qu’as-tu pensé de Jimmy Caan[9] ? » Puis il a dit : « Je parlais de The Princess Bride.
- Merci. Moi aussi, » et j’étais sur le point de continuer quand j’ai réalisé quelque chose. Quelque chose d’horrible. Il ne parlait pas du livre, seulement du film. Mais, mon Dieu, il devait l’aimer, j’étais juste paranoïaque.
« Je voudrais ressentir la même chose pour le livre, » dit-il, et je pouvais voir que ça le peinait de le dire.
Le romancier le plus populaire du siècle vous dit que vous êtes nul comme romancier. Je voudrais faire remarquer que j’ai pris la chose avec maturité. Mais, hélas, ce que j’ai dit, comme un con fini, c’est : « Ouais ? Eh bien, beaucoup de gens l’aiment bien, merci beaucoup. »
Soudainement il se pencha vers moi. « Bill, la façon dont tu as compris son style, c’est bien, mais, le fait est que je n’aime pas beaucoup ce que tu as fait avec l’abrègement. Par exemple, chapitre quatre – tu as coupé soixante-dix pages de l’entraînement de Bouton d’Or. Comment as-tu pu faire ça ? Il y avait des trucs géniaux là-dedans. Tu devrais voir l’école de royauté. C’est un des grands monuments qui restent dans toute l’Europe. Le curriculum de Bouton d’Or est incroyable. Comment as-tu pu l’enlever ?
- J’étais surtout intéressé par l’histoire, tu sais, l’intrigue. » Et puis je lui ai dit. « Je ne suis jamais allé là-bas. En Florin. Qu’est-ce qu’il y avait de s’y important à y aller ?
- Qu’est-ce qu’il y avait de si important ? Tu es venu jusqu’ici pour tout vérifier pour l’adaptation. »
Je n’ai rien dit alors parce que je pouvais sentir ce vent terrible qui se levait et je savais qu’il allait m’emporter.
- C’est pourquoi je veux faire Le Bébé de Bouton d’Or, dit-il. Pour être sûr que les choses tournent bien cette fois. »
J’étais mort noyé. Je me suis levé, je l’ai remercié pour le temps qu’il m’avait consacré, j’ai commencé à partir, dévasté.
« Je suis vraiment désolé, » dit-il.
J’ai fait un sourire. Pas la chose la plus simple à sortir pour moi à ce moment, mais j’aimais King, je ne voulais pas qu’il me voie m’écrouler.
Il m’appela : « Bill… attends… je viens d’avoir une idée. Écoute… je vais faire l’abrègement et tu peux faire le scénario. J’en ferai une clause de rupture dans mon contrat. » King essayait d’être serviable, je l’ai compris, mais là dans l’aéroport je lui ai parlé de mon papa me lisant et de Jason qui ne l’avait pas aimé et moi qui réalisais comment je n’avais entendu que les meilleurs passages et maintenant Jason était moi et il avait ce gamin, Willy, cet enfant fantastique qui s’appelait comme moi, et Willy voulait que je le lui lise et rien de cette affaire d’abrègement ne serait arrivé si je ne l’avais pas commencée et que ferait-il s’il le perdait jamais, son pouvoir, raconter des histoires, comme j’avais perdu le mien, et aimerait-il passer le reste de sa vie à écrire des rôles parfaits pour des personnes parfaitement horrible qui se trouvent être des stars du cinéma cette semaine, avec tout ce pouvoir…
… et j’étais ce que je voulais le moins être, humilié, alors je l’ai laissé là, me forçant à ne pas courir, parti…
* * *
L’avion de retour vers New York décollait trois heures plus tard et j’ai attrapé un taxi, je me suis caché dans Bangor jusqu’à l’heure, revint en taxi à l’aéroport.
Retardé. Problèmes de météo.
Je m’assis sur un banc dans l’aéroport, mis la tête en arrière, fermai les yeux jusqu’à ce que King demande : « Tu devais venir jusqu’au Maine pour faire une crise de nerfs ? » Il était assis à côté de moi. « Tu as soulevé un point intéressant, et j’y ai beaucoup pensé – rien de cette affaire d’abrègement ne serait arrivé si ton père n’avait pas sauté des trucs. Alors d’une certaine façon tu as tout à fait raison, c’est ton bébé, tu l’as commencé. »
Pause.
Puis il l’a dit.
« Essaie le premier chapitre. »
Il pouvait voir à mon expression que je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire. Je suppose que j’étais comme Kathy parlant à Rob. « Écoute, c’est l’année du vingt-cinquième anniversaire de Princess Bride, d’accord ? Ta version. » En effet. « Eh bien, ton éditeur va probablement vouloir faire quelque chose, peut-être le réimprimer en grand format. » J’ai hoché la tête. Nous avions déjà parlé de ça. « Eh bien, abrège le premier chapitre du Bébé de Bouton d’Or. Rajoute-le si tu veux. Tu devrais probablement écrire une introduction à ce chapitre, pour expliquer pourquoi tu ne fais pas tout le livre. J’appellerai les Shog, je leur ferai part de ma décision. Ils ne vont pas aimer mais ils vont suivre. Ils veulent travailler avec moi depuis des années. Les droits florins des mes affaires finissent dans deux ans. »
Pendant un moment il hésita, et je me suis demandé s’il allait changer d’avis. J’ai attendu, en espérant que non. Ensuite il secoua la tête, et il avait un regard qui aurait pu dire : « Suis-je dingue de faire ça ? » Puis ces mots merveilleux : « Bill, j’espère que tu essaieras vraiment cette fois-ci.
- Je chercherai jusqu’en enfer, dis-je. (Et je l’ai fait.) Mais qu’est-ce qu’il se passe une fois que j’ai publié le chapitre ?
- Une chose à la fois, répondit-il. Tu l’écris, je le lirai, le public de Morgenstern le lira. J’enverrai quelques copies à tous les cousins en Florin, pour voir ce qu’ils en pensent. » Il se leva, me regarda. « Je suppose que la chose la plus importante c’est vraiment Morgenstern. C’était un maître et ce serait bien si tu pouvais lui plaire, tu ne penses pas ?
- Ça serait le mieux, » dis-je, pure vérité.
Nous nous sommes serré la main, nous nous sommes dit au revoir, il commença à partir, jeta un regard en arrière. « Tu n’as pas encore lu Le Bébé de Bouton d’Or, n’est-ce pas ?
- Pas encore.
- C’est une histoire assez extraordinaire.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? Que même moi je ne peux pas la bousiller ?
- Tu as tout compris, » dit Stephen King, et il sourit…
* * *
Je suis parti pour le Florin immédiatement. (Je ne suis pas allé en Florin immédiatement, bien sûr – les génies des horaires d’Air Florin s’en étaient occupé. J’ai pris le vol de nuit d’Air France pour Bruxelles, où vous faites la connexion avec InterItalia, qui vous laisse en Guilder, et alors juste un petit hop pour Florineville.) J’avais préparé une liste des endroits à voir. L’école de royauté, évidement, puisque King avait tellement mis l’emphase là-dessus, les Falaises de la Démence – j’avais téléphoné avant et j’avais fait une réservation, l’endroit est démentiel de peuple maintenant – la forêt où la Batailles des Arbres avait eu lieu, encore et encore. King m’avait donné une liste d’amis et d’universitaires qu’il pensait pouvoir m’être utile. Un de ses merveilleux cousins tenait le meilleur restaurant de Florin, une bénédiction, car le Florin, comme vous le savez peut-être, est le potager de l’Europe, tant mieux pour leurs fermiers, mais le rutabaga est leur plat national et vous pouvez en être malade assez rapidement à moins qu’un cuisinier doué ne soit dans le coin.
C’était bizarre, pendant les premiers jours, de voir de vrais endroits que je pensais avoir été imaginés quand j’étais un gamin. J’avais peur qu’ils ne tiennent pas la comparaison devant mon imagination. (Quelques ues n’ont pas tenu la comparaison, mais la plupart si.)
Le quartier des Voleurs où Fezzik retrouva Inigo, je l’ai vu, et la pièce où Inigo tua finalement finalement le comte Rugen – c’est dans la tour du château. La ferme de Bouton d’Or a été conservée pratiquement intacte, mais que puis-je vous dire, c’est une ferme. Et bien sûr les Marais de Feu sont toujours aussi mortels qu’avant, personne n’est autorisé à y entrer, mais j’ai bien vu l’endroit pas très loin où les universitaires locaux pensent que Bouton d’Or et Westley s’embrassèrent après qu’elle l’eut poussé dans le ravin. (C’est là où eut lieu la scène de retrouvailles, et laissez-moi vous le dire, c’était étrange, moi me tenant là, regardant ce coin de sol.)
On ne peut toujours pas aller sur l’île de l’Arbre en bateau à cause du tourbillon, alors j’ai loué un hélicoptère et j’ai erré. (L’île de l’Arbre est l’endroit où ils allèrent retrouver leurs forces.) C’est là où Bouton d’Or et Westley firent l’amour pour la première fois, où la pauvre Waverly est née. Je ne devrais probablement pas l’appeler « la pauvre » Waverly, elle a passé de grands moments, elle a eu des parents qui l’aimaient, le plus grand escrimeur du monde pour la garder, l’homme le plus fort du monde comme baby-sitter. On ne peut pas demander beaucoup plus.
Bien sûr, tout changea avec le kidnapping, mais je ferais mieux de me taire maintenant, avant d’avancer dans l’histoire…
[1] No Way To Treat A Lady.
[2] Peter Benchley, auteur américain connu pour son roman Les Dents de la mer (Jaws). Il a d’ailleurs collaboré au scénario du film de Spielberg, produit par Richard Zanuck. NDLT.
[3] Ne me faites pas la honte de me demander qui est Bela Lugosi ! NDLT.
[4] Ok, Bela Lugosi était un acteur hongrois très connu pour son interprétation de Dracula. Après de nombreux films de série Z et une longue période d’inactivité, il finit sa carrière et sa vie lors du tournage de Plan 9 From Outer Space d’Ed Wood. Que je vous conseille fortement de voir, de même que le film Ed Wood de Tim Burton. NDLT.
[5] The Texas Chain Saw Massacre, de Tobe Hooper, 1974. Leatherface est le boucher masqué à la tronçonneuse. NDLT.
[6] Film réalisé par Rob Reiner, 1987.
[7] The Body, une nouvelle tirée du recueil Différentes Saisons (Different Seasons), 1982.
[8] Kathy Bates joue Annie Wilkes, l’infirmière folle, dans Misery et Molly Brown, la nouvelle riche américaine, dans Titanic.
[9] James Caan joue Paul Sheldon, l’écrivain, dans Misery.
The Princess Bride - Le Bébé de Bouton d'Or, Une Explication - 1
Le bébé de Bouton d’Or[1]
Une explication
Vous vous demandez probablement pourquoi je n’ai abrégé que le premier chapitre. La réponse est simple : je n’ai pas été autorisé à faire plus. L’explication suivante est assez personnelle, et je suis désolé de vous imposer ça. Une partie de ceci – plus qu’une partie, la majorité – fut douloureuse quand cela arriva, ça l’est encore alors que je l’écris. Je ne m’en sors pas si bien tout le temps, mais je ne peux pas m’en empêcher. Morgenstern était toujours honnête avec son public. Je ne pense pas que je puisse être moins que ça pour vous…
* * *
Mes problèmes commencèrent il y a vingt-cinq ans avec la scène des retrouvailles.
Vous vous souvenez, dans mon abrègement de The Princess Bride, quand Bouton d’Or et Westley sont réunis juste avant les Marais de Feu, j’y ai mis mon grain de sel et j’ai dit que je pensais que Morgenstern avait trompé ses lecteurs en n’incluant pas une scène de retrouvailles pour les amoureux alors j’ai écrit ma propre version et écrivez si vous voulez une copie. (Pages 93 à 95 de cette édition.)
Mon ancien grand éditeur Hiram Haydn pensait que j’avais tort, que si on abrégeait quelqu’un on ne pourait soudainement commencer à utiliser ses propres mots. Mais j’aimais beaucoup ma scène de retrouvailles. Alors, pour me taquiner, il m’a laissé mettre cette note dans le livre pour qu’on me la demande.
Personne – je vous prie de me croire – personne ne pensait que quelqu’un allait en fait demander ma version. Mais Harcourt, le premier éditeur, fut submergé, et plus tard Ballantine, l’éditeur de poche, fut encore plus submergé. J’adorais ça. Des éditeurs qui doivent dépenser de l’argent. Ma scène de réunion était sûre de partir au courrier – mais pas une ne fut jamais envoyée.
Ce qui suit est la lettre d’explications que j’ai écrite et que fut envoyée aux dizaines de milliers de personnes qui avait écrit pendant toutes ses années pour avoir la scène.
Cher lecteur,
Merci d’avoir écrit et non, ceci n’est pas la scène des retrouvailles, à cause d’un certain empêcheur de tourner en rond nommé Kermit Shog.
Aussitôt que les livres furent imprimés, j’ai reçu un appel de mon avocat, Charley (vous ne vous rappelez peut-être pas, mais Charley est celui que j’ai appelé de Californie pour qu’il sorte dans le blizzard et achète The Princess Bride chez le bouquiniste). Enfin, il commence habituellement avec un peu d’humour talmudique, des blagues de sage, seulement cette fois il dit simplement : « Bill, je pense que tu ferais mieux de venir ici, » et, avant que je puisse dire « pourquoi ? », il ajoute : « Tout de suite si tu peux. »
Paniqué, je pars en flèche, me demandant qui avait pu mourir, est-ce que j’ai foiré ma déclaration d’impôts, quoi ? Sa secrétaire me laisse entrer dans son bureau et Charley dit : « Voici M. Shog, Bill. »
Et il est là, assis dans un coin, les mains sur son porte-documents, ressemblant exactement à une version huileuse de Peter Lorre[2]. J’ai vraiment cru qu’il allait dire : « Donne-moi le faucon, il le faut, ou je serai forcé de te tuuuer. »
« M. Shog est avocat, » continue Charley. Et ce qui suivit fut dit avec insistance : « Il représente les biens Morgenstern. »
Qui le savait ? Qui aurait pu rêver qu’une telle chose existait, les biens d’un homme mort depuis au moins un million d’année et dont personne n’entend parler ici de toute façon ? « Peut-être me donnerez-vous le faucon maintenant » dit M. Shog. Ce n’est pas vrai. Ce qu’il dit c’est : « Peut-être voulez-vous quelques mots en privé avec votre client, » et Charley hocha la tête et il sortit et une fois qu’il fut dehors j’ai dit : « Charley, mon Dieu, je n’ai jamais imaginé… » et il a dit : « Et Harcourt ? » et j’ai dit : « Ils n’en ont jamais parlé, » et il a dit : « aïe », le grincement que font les avocats quand ils savent qu’ils soutiennent un perdant. « Qu’est-ce qu’il veut ? » dis-je. « Un rendez-vous avec M. Jovanovitch, » répondit Charley…
Il s’est trouvé que Kermit Shog ne voulait pas seulement un rendez-vous avec William Jovanovitch, le brillant homme qui dirigeait l’entreprise. Il voulait aussi une incroyable somme d’argent et il voulait aussi que la version non abrégée du The Princess Bride soit imprimée à un énorme nombre d’exemplaires (100 000), et, bien sûr, l’idée que la petite personne que j’étais envoie la scène de retrouvailles mourut ce jour-là.
Mais le procès commença. Il dura des années, au grand total treize – seulement onze me concernant directement. C’était horrible, mais la bonne chose c’est que le copyright du Morgenstern s’arrêtait en 1978. Alors j’ai dit à tout le monde qui avait écrit pour avoir la scène de retrouvailles que leurs noms étaient sur une liste et conservés et quand 1978 serait passé, voilà[3]… mais je me trompais à nouveau. Voici un passage de la lettre suivante que j’ai envoyée à tous les gens qui avaient demandé la scène de retrouvailles.
Je suis vraiment désolé de tout ça mais vous connaissez l’histoire qui finit par : « Ignorer le précédent message, un autre va suivre » ? Eh bien, vous devez ignorez l’idée que le copyright du Morgenstern s’arrêtait en 1978. C’était définitivement une gaffe mais M. Shog, étant florin, avait des problèmes, naturellement, avec notre système numérique. Le copyright s’arrête en 1987, pas 1978.
Pire, il mourut. M. Shog, je veux dire. (Ne me demandez comment vous auriez pu le savoir. C’était facile. Un matin il a juste arrêté de transpirer, et c’était fini.) Ce qui fait que c’est pire, c’est que toute l’affaire est maintenant dans les mains de son gamin, nommé – attendez, vous allez voir – Mandrake Shog. Mandrake se déplace avec tout le brio et la vitesse d’un lézard aplati sur la berge d’une rivière.
La seule bonne chose qui soit arrivée dans tout ce bordel, c’est que j’ai finalement réussi à jeter un coup d’œil au Bébé de Bouton d’Or. Là-haut à Columbia, ils pensent qu’il est définitivement supérieur à The Princess Bride dans le contenu satirique. Personnellement, je n’ai pas d’attachement émotionnel pour celui-ci, mais c’est une vachement bonne histoire, pas de doute.
C’est marrant, en regardant en arrière, à ce moment-là, je n’avais vraiment aucun intérêt pour Le Bébé de Bouton d’Or.
Beaucoup de raisons, mais parmi elles celle-ci : j’écrivais mes propres romans alors. Pour vous faire comprendre, je suppose que je dois vous dire ce que j’ai fait avec The Princess Bride. Je sais que la couverture dit : « abrégé par » et, oui, je saute de « meilleur passage » en « meilleur passage ». Mais c’était vraiment bien plus que ça.
The Princess Bride de Morgestern est un manuscrit de mille pages. Je l’ai réduit à trois cents. Mais je n’ai pas juste coupé ses interludes satiriques. J’ai fait des élisions constamment. Et il y avait des tas de choses, quelque fois merveilleuses, dont je me suis débarrassé. Exemple : la terrible enfance de Westley et comment il est devenue le garçon de ferme. Exemple : comment le Roi et le Reine allèrent voir Max le Miraculeux parce qu’ils savaient qu’ils avaient plus ou moins donné naissance à un monstre (Humperdinck), et qu’est-ce que Max pouvait y faire ? L’échec de Max mena à son licenciement, qui, en retour, mena à sa crise de confiance. (Sa femme, Valérie, dit à Inigo : « Il a peur d'être fini, que les miracles aient disparus de ses doigts qui avaient été grandioses... » (p. 152 dans cette version.)
J’ai pensé que tout ceci, si excitant et émouvant comment le reste, était loin du centre de l’histoire. Je suis resté sur le grand amour et la grande aventure et je pense que j’ai eu raison de le faire. Et je pense que les résultats l’ont prouvé. Morgenstern n’a jamais eu de lectorat pour son livre – excepté en Florin, bien sûr. Je l’ai amené aux gens partout et, avec le film, à une encore plus grande audience. Alors, oui, je l’ai abrégé.
Mais, je suis désolé, je lui ai donné forme. Je l’ai aussi amené à la vie. Je ne sais pas comment vous voulez appeler ça, mais quoi que j’aie fait, c’est sûrement quelque chose.
* * *
Donc Le Bébé de Bouton d’Or n’était pas pour moi à ce moment-là. La somme de travail était déjà une raison. Cela aurait voulu dire des milliers d’heures de travail. Mais ce n’était rien comparé aux attaques constantes de Shog. Procès après horrible procès, et chaque fois je devais me défendre, faire une déposition, ce que j’ai vraiment trouvé détestable parce que c’était toujours des attaques contre mon honnêteté.
J’avais eu, à ce moment-là, assez de Morgenstern pour un moment.
Je n’avais pas non plus lu Le Bébé de Bouton d’Or. Je me suis retrouvé à l’université de Columbia une après-midi – je donne mes articles à Columbia – et un jeune Florin s’arrêta, me tendit une rapide traduction pour que j’y jette un coup d’œil. Le titre complet du livre est celui-ci : Le Bébé de Bouton d’Or : le glorieux examen du courage confronté à la mort du cœur par S. Morgenstern. Il y avait une très bonne page d’ouverture, mais c’est à peu près tout ce dont je me rappelle. Ça n’était rien qu’un autre livre pour moi alors. Il n’avait pas pris de place dans mon cœur.
Pas encore.
* * *
Alors qu’est-ce qui a changé les choses ?
Pour dire la vérité, et je ferais bien, ma vie cette dernière douzaine d’années a été, comment puis-je le dire, quel est le contraire d’étourdissant ? Oh, j’ai écrit plein de scénarios et quelques essais, mais je n’ai pas écrit de roman, et s’il vous plait rappelez-vous que c’est douloureux pour moi parce que dans mon cœur c’est ce que je suis, un romancier, un romancier qui se trouve être un auteur de scénarios. (Je déteste quand je rencontre des gens quelque fois et ils disent : « Eh bien, quand sort le prochain livre ? » et je fais toujours un sourire et je mens en disant que je suis dans la dernière ligne droite maintenant.) Et les films dans lesquels j’ai été impliqué – en dehors de Misery – ont tous amené leur part de déception.
Je vis seul ici à New York, dans un bon hôtel, service de chambre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tout ça est génial, mais je sens, quelque fois, que quoi que j’aie écrit un jour qui était peut-être de quelque qualité, eh bien, peut-être ces jours sont finis.
Mais pour équilibrer le mauvais, il y a toujours mon fils, Jason.
Vous vous rappelez tous que quand il avait dix ans il était ce ballon sans humour se dandinant ? Eh bien ça c’était sa période maigre. Helen et moi nous battions tout le temps à ce sujet.
Il venait de dépasser les 130 kg quand il eut quinze ans. J’étais rentré du boulot plus tôt, j’avais crié pour signaler ma présence, je me dirigeais vers le cellier quand j’ai entendu ce son à fendre le cœur…
… sanglots…
… venant de la chambre du gamin. J’ai pris une respiration, je suis allé à sa porte, j’ai frappé. Jason et moi n’étions pas très proches à ce moment-là. La vérité c’est qu’il ne faisait pas vraiment attention à moi. Il se rendait à peine compte de mon existence, pissait sur les films que j’écrivais, ne rêvait pas d’ouvrir aucun de mes livres. Cela me tuait, bien sûr, je ne le montrais pas.
« Jason ? » dis-je devant la porte.
Les horribles sanglots continuèrent.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu ne peux rien y faire… personne ne peut rien y faire… rien ne peut rien y faire… » Et puis ce pitoyable wahhhhhh…
Je savais que la dernière personne qu’il voulait voir c’était moi. Mais je devais entrer. « Je promets de ne le dire à personne. »
Il vint rouler dans mes bras, son visage enflammé et tordu. « Oh, Papa, je suis laid et je n’ai pas d’ami et toutes les filles se moquent de moi parce que je suis si gros. »
Je dus retenir des larmes moi-même – parce que c’était si vrai, vous voyez. J’étais coincé à ce moment. Je ne savais pas s’il voulait entendre la vérité venant de moi ou pas. Finalement, je dus le dire : « Qui s’en occupe ? lui dis-je. Moi, je t’aime. »
Il me serra si fort. « P’a, réussit-il à dire, P’a, » la première fois qu’il m’appelait comme ça, ses larmes chaudes sur ma peau.
Ce fut notre tournant.
Dans les vingt dernières années, personne n’aurait pu demander un meilleur fils. Plus, Jason est le meilleur ami que j’ai au monde. Mais le moment décisif arriva le lendemain.
Je l’emmenai à la librairie Strand, sur Broadway et la 12e rue, où je vais souvent, pour des recherches surtout, et nous étions sur le point d’entrer quand il s’arrêta et montra une photo dans la vitrine, la couverture d’un livre de photos.
« Je me demande qui c’est ? dit Jason en la fixant.
- C’est un culturiste autrichien, qui essaye de devenir acteur. Je l’ai rencontré quand j’étais à L.A. la dernière fois. Il veut être Fezzik si The Princess Bride est jamais tourné. » (Nous étions à la fin des années 1970, il y a vingt ans. Schwarzenegger n’était rien alors, mais quand The Princess Bride fut finalement tourné, il était une si grande star que nous ne pouvions nous le payer.) « Je l’aime bien. C’est un jeune homme très intelligent. »
Jason ne pouvait quitter la photo des yeux.
Puis j’ai dis ce que je pense avoir été les mots magiques : « Il était grassouillet avant lui aussi. »
Jason me regarda. « Je ne pense pas, » dit-il.
Je ne le pensais pas non plus, mais ça ne faisait pas de mal de le dire.
« C’est venu dans la conversation, dis-je. Il a dit qu’il était allé aussi loin que possible dans le monde du culturisme. Ce qui l’avait poussé c’était qu’il n’aimait pas comment il était quand il était jeune. » Un aparté sur Arnold, que je parie que vous ne savez pas : il était ami avec André le Géant. (Je suppose que tous les types forts se connaissent.) C’est une histoire qu’il m’a racontée. Je l’ai utilisée dans la nécro que j’ai écrite quand André, hélas, mourut.
André invita un jour Schwarzenegger dans une salle au Mexique où il se produisait devant 25 000 fans en délire, et après avoir épinglé son adversaire, il fit signe à Schwarzenegger ne monter sur le ring.
Alors à travers le vacarme, Schwarzenegger monta. André dit : « Enlève ta chemise, ils sont tous fous d’envie que tu retires ta chemise, je parle espagnol. » Alors Schwarzenegger, embarrassé, fit ce qu’André lui disait. Il enleva sa veste, sa chemise, son t-shirt, et il commença à prendre des poses. Et puis André alla à son vestiaire pendant que Schwarzenegger retourne près de ses amis.
Et tout ça n’était qu’une bonne blague. Dieu sait ce que la foule criait, mais ce n’était pas pour que Schwarzenegger se déshabille à moitié et prenne la pose : « Personne n’en avait rien à f… que j’enlève ma chemise ou pas, mais je me suis fait avoir. André pouvait toujours vous avoir. »
« Je me demande combien coûte ce livre de photos ? » dit alors Jason. (Nous sommes toujours devant Strand, souvenez-vous, et nous ne le savions pas, mais la terre avait bougé.)
Êtes-vous surpris d’apprendre que je le lui ai acheté ?
Voici ce qui arriva à Jason dans les deux années suivantes : il passa de 139 kg à 104 kg. Il passa de un mètre soixante-sept à un mètre quatre-vingt-onze. Il avait toujours été dans les premiers dans sa classe à Dalton, mais maintenant, robuste et magnifique, il était populaire aussi.
Voici ce qui arriva à Jason dans les années après ça. Université, école de médecine, la décision d’être un psy comme sa maman. (Excepté que la spécialité de Jason c’est thérapie sexuelle.) Le magazine New York le rangea dans les premiers et il rencontra aussi sa charmante ami de Wall Street, Peggy Henderson, et ils se sont joyeusement marriés.
Et et et eurent un fils.
J’allai à l’hôpital aussitôt qu’il fut né. « Nous allons l’appeler Arnold, » me dit Peggy, le tenant dans ses bras.
« Parfait, » dis-je. La vérité c’est que, visiblement, j’espérais qu’ils se rappelleraient de moi aussi, d’une certaine façon. Mais quand c’est fait c’est fait.
« C’est ça, dit Jason. William Arnold. » Et il prit Willy et le mit dans mes bras.
Grand moment de ma vie.
* * *
Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas déjà jeté le livre à travers la pièce de frustration, laissez-moi vous expliquer ce que tout ceci à vraiment à faire avec la raison pour laquelle il n’y a que le premier chapitre du Bébé de Bouton d’Or. Et je promets d’y arriver si vite que vous n’y croirez pas.
Ok. Willy le petit garçon. Jason et Peggy vivent seulement à deux pâtés de maisons et je fais attention à ne pas les rendre fous, mais je n’ai jamais eu de petit-fils avant. Pas un jouet de chez Zitomer[4] ne m’échappait. Pas une des ses toux ne me garda éveillé toute la nuit à lire dans mes encyclopédies de médecine.
Je ne pouvais, visiblement, rien lui refuser.
C’est pourquoi mon comportement dans le parc fut si étrange. Magnifique journée de printemps, Peggy et Jason se tiennent la main devant, moi et le Willy de sept ans jouons avec une balle Wiffle[5] derrière. Nous sommes déjà allés voir des matchs des Knicks[6] ensemble. (J’avais des tickets pour toutes les saisons depuis que Hubie Brown[7] était venu sur terre pour me détruire.)
« Nous avons quelque chose à te demander, commença Jason.
- Devinez ce que nous venons de finir la nuit dernière ? continua Peggy. The Princess Bride. Nous l’avons lu à haute voix à tour de rôle. »
Essayant d’être décontracté, j’ai demandé au petit ce qu’il pensait de la chose.
« C’était bien, répondit Willy. Sauf la fin.
- Je n’aime pas la fin plus que ça non plus, dis-je. Plains-toi à M. Morgenstern.
- Non, non, expliqua Peggy. Il n’a pas été déçu par la fin. Il a été déçu que cela finisse. »
Pause. Nous marchâmes en silence.
« Je lui ai parlé de la suite, P’a, » dit alors Jason.
Peggy hocha la tête. « Il était vraiment excité. »
Et puis mon Willy a dit : « Tu me la lis ? »
Je savais qu’à ce moment-là j’avais perdu. Je me souviens exactement de ma peur – et si je ne peux le ramener à la vie cette fois-ci ? Et si je le trahis ? Nous trahis tous les deux ?
« C’est ce que nous voulons te demander, Papa. Willy veut que tu lui lises Le Bébé de Bouton d’Or. Nous voulons tous que tu le fasses.
- Eh bien, c’est dommage pour "nous", n’est-ce pas ? commençai-je un peu trop fort. C’est certainement dommage que "nous" ne puissions pas tout avoir, n’est-ce pas ? Vous devriez tous vous habituer à être déçus, » et avant de faire quoi que ce soit de pire, j’ai regardé ma montre, je fis signe que je devais y aller, je partis, je rentrai à la maison, je suis resté là, je n’ai pas répondu au téléphone, je me suis fait livré chinois de chez Pig Heaven de bonne heure, j’ai commencé à boire, j’étais fait à minuit.
Et je me suis réveillé avant l’aube en plein rêve, si vivace ; je sortis sur ma terrasse, j’ai marché, j’essayais de comprendre le rêve, et encore plus, j’imagine, ma vie et comment je l’avais foutue en l’air.
C’était un souvenir de cette seconde pneumonie, et Helen me lisait le scénario du film – seulement cette fois-ci elle était jeune et merveilleuse, et aussi elle pleurait.
Sur la terrasse je sus pourquoi – nous sommes tous les écrivains de nos propres rêves – elle était moi, elle était moi qui pleurais pour moi, pour ce que j’étais devenu. Et puis je me suis rappelé qu’elle ne lisait pas The Princess Bride, elle lisait quelque chose sur Fezzik et le fou sur la montagne, le commencement du Bébé de Bouton d’Or, et j’ai réalisé que par deux fois j’avais déjà failli mourir et Morgenstern était venu me sauver et maintenant il était de nouveau là, me sauvant encore, parce que je savais ceci, me tenant debout devant la ville pendant que le soleil se levait : je serai un vrai écrivain une fois de plus, pas seulement un chnoque avec une Underwood[8], comme les scénaristes sont toujours vus Là-Bas.
Je ne pensais pas être prêt à aller de 0 à 100km/h, à commencer un roman à partir du début. Je ne me sentais pas capable de tout faire, comme je l’avais fait pendant mes trente ans d’écriture.
Laissez-moi vous expliquer ce que je n’étais pas prêt à faire.
Prenez Szell, le dentiste nazi dans Marathon Man (Olivier dans le film, n’était-il pas géant ? Vous rappelez-vous de la scène « c’est sans danger » avec les outils de dentiste ?). Il y a cette rue à Manhattan, la 47e entre la 5e et la 6e avenue, et je marchais le long de cette rue un jour, il y a des décennies, sur mon chemin vers quelque part, je ne rappelle plus, ça n’a pas d’importance, mais ce pâté de maisons s’appelle le « quartier des diamantaires ». Il est rempli d’un nombre incroyable de boutiques de diamants=, la plupart tenues par des Juifs, et sur la plupart d’entre eux, on peut voir qu’ils ont toujours leur numéro de camp de concentration. Je pensais ce jour-là quelle grande scène ça serait si je pouvais avoir un nazi marchant dans cette rue.
Quel nazi, je ne savais pas, mais j’ai commence à faire quelques recherches, j’ai lu et j’ai questionné quelques personnes, et je suis finalement tombé sur le plus brillant d’entre eux, Mengele – le double docteur, il a un doctorat et il est docteur – on pensait alors qu’il vivait en Argentine, le type qui a fait les expériences sans cœur sur les jumeaux.
Ok, génial, j’ai mon homme… mais pourquoi risque-t-il tout pour venir dans 47e rue ? Je savais ceci : ça ne pouvait pas être pour aller au bal. Le type le plus recherché de la terre devait avoir une raison irréfutable.
Les années passent, avec Mengele accroché dans un coin de ma tête et petit à petit Babe commence à apparaître, le marathonien du titre. Puis il y a eu une rupture : j’ai lu qu’un chirurgien avait inventé une opération du cœur, quelque part, peut-être Cleveland, mais je pouvais le mettre à New York.
Oui ! Mengele vient au États-Unis, à New York, parce qu’il devait venir, pour sauver sa vie.
Brilliant.
Je vole le moment d’après parce que j’ai résolu mon plus gros problème et puis cela me frappe – idiot ! – quel genre de vilain est-ce que c’est s’il est si fragile au point d’avoir besoin d’une chirurgie cardiaque ? Mon Dieu, si quelqu’un le poursuit il pourrait chavirer sous l’effort.
Visiblement, deux années plus tard j’ai compris quelques petites choses et j’ai écrit le livre et j’ai écrit le film et la scène qui marche toujours le mieux, avec la scène de dentiste, c’est celle où Szell erre au milieu des Juifs.
Sur la terrasse ce matin je savais que je n’étais pas prêt à faire ce genre de voyage. Mais ce travail sur Le Bébé de Bouton d’Or était une parfaite étape pour moi. L’amener à la vie comme je l’avais fait avec The Princess Bride me donnerait confiance pour au moins redevenir ce que j’avais été.
Alors j’allais faire l’abrègement de la suite et puis faire mon propre roman et ça suffit le lever de soleil glacial, merci beaucoup. Une fois que les bureaux furent ouverts j’ai appelé Charley (toujours mon avocat) et je lui ai dit que je voulais abréger la suite plus que tout autre chose au monde et y avait-il un moyen à son avis que les héritiers Morgenstern arrêtent les hostilités ?
Il a dit la chose la plus surprenante : « Ils m’ont contacté aujourd’hui. Les Shogs. La fille de Kermit. C’est une jeune avocate, elle semble gentille et intelligente, et laisse-moi la citer : "Nous voulons faire la paix avec votre M. Goldman". »
Tennessee l’a très bien dit : « Quelques fois Dieu est là si vite[9]. »
[1] Buttercup’s Baby.
[2] Peter Lorre est un acteur, scénariste et réalisateur américain né en Autriche-Hongrie. Il est décédé en 1964. Il est particulièrement connu pour son rôle de Hans Beckert dans M le Maudit (M) de Fritz Lang en 1931. Il a également joué dans Le Faucon maltais (The Maltese Falcon) de John Huston en 1941.
[3] En français dans le texte.
[4] Zitomer est un magasin type Les Galeries Lafayette à New York.
[5] Une balle Wiffle est une balle en plastique perforée utilisée comme une balle de baseball pour jouer sur de petits terrains. C’est une marque déposée.
[6] L’équipe de basket-ball NBA de New York.
[7] Hubie Brown fut l’entraîneur de Knicks dans les années 1980 et sauva l’équipe de la faillite.
[8] Underwood est une marque de machine à écrire.
[9] Un tramway nommé désir (A Streetcar Nammed Desire) par Tennessee Williams, 1947.
The Princess Bride - Introduction à l'édition du 25e anniversaire
C’est toujours mon livre préféré de tous les livres du monde.
Et plus que jamais, je souhaiterais l’avoir écrit. Quelques fois j’aime rêver que je l’ai fait, que moi j’ai imaginé Fezzik (mon personnage préféré), que mon imagination a invoqué la scène de l’iocane, la bataille d’intelligences à mort qui suit.
Hélas, Morgenstern a tout inventé, et je dois me contenter du fait que mon abrègement (bien que descendu par tous les experts florins alors en 1973 – les critiques dans les journaux érudits m’ont blessé ; dans ma carrière d’écrivain, seul Boys and Girls Together eut une pire curée) a au moins apporté Morgenstern à un plus large public américain.
Qu’est-ce qui est plus fort que la mémoire de notre enfance ? Rien, au moins pour moi. J’ai toujours le rêve récurrent de mon pauvre et triste père lisant le livre à voix haute – seulement dans le rêve il n’est pas pauvre ni triste ; il a une vie merveilleuse, une vie à la hauteur de sa dignité, et alors qu’il lit, son anglais, si douloureux en vérité, est splendide. Et il est heureux. Et ma mère est si fière…
Mais le film est la raison pour laquelle nous sommes de nouveau ensemble. Je doute que mes éditeurs aient bondi sur cette édition s’il n’y avait pas eu le film. Si vous lisez ceci, je vous parie une fortune contre des cacahuètes que vous avez vu le film. Ce fut un modeste succès quand il est arrivé la première fois dans les cinémas, mais le bouche-à-oreille l’a rattrapé quand la cassette vidéo est sortie. Ce fut un gros tube dans les magasins de vidéo alors, ça l’est toujours. Si vous avez des enfants, vous l’avez probablement vu avec eux. Robin Wright dans le rôle titre commença sa carrière comme Bouton d’Or, et je suis sûr que nous sommes tous de nouveau tombés amoureux d’elle dans Forrest Gump. (Personnellement, je pense qu’elle était la principale raison de ce phénomène. Elle était si mignonne et chaleureuse, on mourait tous d’envie que le pauvre débile de Tom Hanks vive heureux avec quelqu’un comme ça.)
La plupart d’entre nous aime les histoires de cinéma. Peut-être quand Broadway dominait le terrain, les gens aimaient les histoires de théâtre, je ne pense pas que ça soit encore le cas. Je parie que personne ne supplie Julia Louis-Dreyfus de raconter comment c’était de tourner l’épisode 89 de Seinfeld. Et des histoires de romanciers ? Pouvez-vous vous imaginer coinçant Dostoïevski et le supplier de vous raconter des trucs marrants sur L’Idiot ?
De toutes façons, il y a quelques souvenirs de tournage concernant The Princess Bride que je pense que vous ne connaissez pas.
J’avais pris un peu de temps sur l’écriture du scénario de The Stepford Wives pour abréger le Morgenstern. Et puis quelqu’un à la Fox en entendit parler, mit la main sur une copie manuscrite du livre, l’apprécia, eut l’intention d’en sortir un film. C’est du début de 1973 dont nous parlons. Le « quelqu’un » à la Fox était leur Greenlight Guy[1]. (Indiqué GG dans la suite.)
Vous pouvez lire dans des magazines comme Première et Entertainment Weekly ou Vanity Fair des listes sans fin des « 100 personnalités les plus puissantes » du cinéma. Ces divers idiots ont tous des titres : Vice-Président en charge de ceci, Directeur en charge de cela, etc.
La vérité : ce sont tous des épouvantails.
Une seule personne par studio a quoi que ce soit qui ressemble à du pouvoir, et c’est le GG. Le GG, voyez-vous, peut faire qu’un film existe. Il (ou elle) est celle qui lâche les cinquante millions – si votre film a pour but d’aller au Festival de Sundance. Triple s’il y a des effets spéciaux.
Enfin, le GG à la Fox apprécia The Princess Bride.
Problème : il n’était pas sûr que ça soit un film. Alors nous avons trouvé un arrangement particulier – ils achetaient le livre, mais ils n’achèteraient pas le scénario à moins qu’ils ne décident de se lancer. En d’autres mots, nous avons tous les deux gagnés la moitié du gâteau. Alors même si j’étais fatigué d’avoir finit l’abrègement, j’ai continué sur les nerfs et j’ai fait le scénario immédiatement après.
Mon très grand agent, Evarts Ziegler, vint en ville. Ziegler est celui qui a orchestré le contrat de Butch Cassidy, qui, avec The Temple of Gold, mon premier roman, a plus changé ma vie que n’importe quoi d’autre. Nous sommes aller déjeuner à Lutèce, nous avons bavardé, apprécié notre compagnie, nous sommes séparés, moi vers mon bureau dans le Upper Est Side dans un immeuble qui a une piscine. J’avais l’habitude de nager tous les jours parce que j’avais un très mauvais dos alors, et nager aidait les choses. Je m’avançais vers la piscine quand j’ai réalisé ceci : je ne voulais pas nager.
Je ne voulais rien faire d’autre que rentrer à la maison vite. Parce que je tremblais terriblement. Je suis rentré à la maison, je me suis mis au lit, les tremblements remplacés par le feu. Helen, ma femme super-psy, rentra du travail, me jeta un regard, m’amena à l’hôpital de New York.
Toutes sortes de médecins entrèrent – tout le monde savait qu’il y avait quelque chose de terriblement grave, personne ne devinait ce que cela pouvait être.
Je me suis réveillé à quatre heures du matin. Et je savais ce qui n’allait pas. D’une façon ou d’un autre, la terrible pneumonie qui m’avait presque tué quand j’avais dix ans – la raison pour laquelle mon père me lut The Princess Bride en premier lieu était de me faire passer ces affreux premiers jours après l’hôpital – eh bien, cette pneumonie était revenue pour finir le travail.
Et à ce moment-là, dans cet hôpital (et, oui, je m’attends à ce que cela vous semble dingue) alors que je me réveillais en pleine douleur et en plein délire, d’une certaine façon je savais que si je vivais, je devais retourner à cet endroit quand j’étais enfant. J’ai commencé à crier pour que vienne l’infirmière de nuit…
… parce que d’une certaine façon ma vie et The Princess Bride étaient liés pour toujours.
L’infirmière de nuit entra et je lui ai dit de me lire le Morgenstern.
« Le quoi, M. Goldman ? dit-elle.
- Commencez par le Zoo de la Mort, » lui dis-je. Puis j’ai dit : « Non, non, oubliez ça, commencez par les Falaises de la Démence. »
Elle me regarda de près, hocha la tête, dit : « Oh, bien, c’est exactement par là que je commencerai, mais j’ai laissé mon Morgenstern sur le bureau, je vais le chercher. »
La première chose que je me rappelle ensuite, Helen entra. Et plusieurs autres médecins. « Je suis allée à ton bureau, je pense que j’ai pris les bonnes pages. Alors qu’est-ce que tu veux que je te lise ?
- Je ne veux pas que toi tu me lises quoi que ce soit. Helen, tu n’as jamais aimé le livre, tu ne veux pas me le lire, tu te moques juste de moi, et de plus il n’y a pas de rôle pour toi…
- Je pourrais être Bouton d’Or…
- Oh, allez, elle a vingt-et-un an…
- Est-ce que c’est un scénario ? dit alors ce beau docteur. J’ai toujours voulu être une star du cinéma.
- Vous, faites l’homme en noir, » lui dis-je. Puis j’ai pointé le gros docteur à la porte. « Essayez Fezzik. »
C’est ainsi que j’ai entendu pour la première fois le scénario. Ces toubibs et ma femme de génie se débattant avec au milieu de la nuit pendant que je me gelais et suais et que la fièvre faisait rage en moi.
Je m’évanouis après un petit moment. Et je me souviens d’avoir pensé à la fin que le gros docteur n’était pas mal et que Helen, pas à sa place et tout, était une Bouton d’Or ok, et alors peu importe que le beau docteur soit emprunté, j’allais vivre.
Eh bien, c’était le début de la vie du scénario.
Le GG à la Fox l’envoya à Richard Lester à Londres – Lester dirigea, entre autres, A Hard Day’s Night, le fantastique premier film des Beatles – et nous nous sommes rencontrés, nous avons travaillé, résolu les problèmes. Le GG était excité, nous étions en plein…
… puis il fut viré, et un nouveau GG arriva pour le remplacer.
Voici ce qui arrive Là-Bas quand cela arrive : on enlève ses galons à l’ancien GG et sa capacité à entrer cher Morton les lundis soirs et il part, très riche – il avait un contrat pour cette éventualité – mais disgracié.
Et le nouveau GG prend le trône avec une seule règle fermement écrite dans la pierre : rien de ce que son prédécesseur avait commencé ne doit se faire. Pourquoi ? Disons que ça se réalise. Disons que c’est un succès. Qui en retire la gloire ? L’ancien GG. Et quand le nouveau GG, qui peut maintenant aller chez Morton les lundis soirs, doit s’exposer à la critique là-bas, il sait que tous ses pairs ricanent : « Ce trou du cul, ce n’était pas son film. »
La mort.
Alors The Princess Bride fut enterré, possiblement pour toujours.
Et j’ai réalisé que j’avais laissé le contrôle m’échapper. La Fox avait le livre. Alors peu importe que j’ai le scénario ; ils pouvaient en commander un autre. Ils pouvaient changer tout ce qu’ils voulaient. Alors j’ai fait quelque chose dont je suis vraiment fier. J’ai racheté le livre au studio, avec mon propre argent. Je pense qu’ils suspectaient que j’avais un contrat ou un plan, mais non. Je ne voulait simplement pas qu’un idiot détruise ce qu,e j’étais arrivé à réaliser, était la chose la plus important dans laquelle j’allais être impliqué.
Après un bon bout de négociation, il était à moi de nouveau. J’étais le seul idiot qui pouvait le détruire maintenant.
* * *
J’ai lu récemment que le très bon roman de Jack Finney Le Voyage de Simon Morley[2] a pris près de vingt ans et n’est toujours pas arrivé sur les écrans. The Princess Bride n’a pas été si long, mais pas tellement moins non plus. Je ne garde pas de notes, alors tout ceci est de mémoire. Comprenez bien, pour faire un film, il faut deux choses : de la passion et de l’argent. Beaucoup de gens, comme cela s’est trouvé, adoraient The Princess Bride. Je connais au moins deux GG différents qui en étaient fous. Qui me serrèrent la main pour le contrat. Qui voulaient le faire plus que tout autre film.
Qui furent tous les deux virés le week-end avant qu’ils ne mettent les choses en route. Un studio (un petit) ferma même le week-end avant qu’ils ne mettent les choses en route. Le scénario commença avoir une certaine réputation – un article le lista parmi les meilleurs qui n’ont jamais été tournés.
La vérité c’est que, après une décennie ou plus, je pensais que cela n’arriverait jamais. Chaque fois qu’il y avait un intérêt, je continuais à attendre qu’un pied vienne taper dedans – et cela arrivait toujours. Mais, sans que je le sache, des évènements avaient démarrés une décennie plus tôt qui seraient finalement mon salut.
Quand Butch Cassidy et le Kid fut fait, je sortis du business du film pendant un moment. (Nous sommes de retour à la fin des années 1960 maintenant.) Je voulais essayer quelque chose que je n’avais jamais fait, du non fictionnel.
J’ai écrit un livre sur Broadway intitulé The Season. Dans le courant de l’année je suis allé au théâtre des centaines de fois, à la fois à New York et ailleurs, j’ai tout vu au moins une fois. Mais le spectacle que j’ai le plus vu fut la terrible comédie intitulée Something Different, écrite par Carl Reiner[3].
Reiner me fut terriblement d’une grande aide, et je l’aimais beaucoup. Quand The Season fut fini je lui envoyai une copie. Quelques années plus tard, quand The Princess Bride fut fini, je lui envoyai le roman. Et un jour il le donna à son plus grand fils. « Voici quelque chose, dit-il à son garçon Robert[4]. Je pense que tu vas aimer. »
Rob était alors à une décennie de commencer sa carrière de réalisateur, mais en 1985 nous nous sommes rencontrés, et Norman Lear[5] (qu’il soit béni) nous donna l’argent pour continuer le film.
Gardons l’espoir.
* * *
Nous eûmes notre première lecture de script dans un hôtel à Londres au printemps 1986. Rob était là, comme son producteur Andy Scheinman. Cary Elwes et Robin Wright, Bouton d’Or et Westley, étaient là. Et il y avait aussi Chris Sarandon et Chris Guest, les vilains prince Humperdinck et comte Rugen, et Wally Shawn, le génie du mal Vizzini. Mandy Patinkin, qui jouait Inigo, était bien là. Et assis de son côté, silencieusement – il essayait toujours de s’asseoir silencieusement – il y avait André le Géant qui était Fezzik.
Pas n’importe qu’elle réunion.
Assis avec délice dans un coin, il y avait moi[6]. Deux personnalités majeures du business du cinéma de mon temps – Elia Kazan[7] et George Roy Hill[8] – m’ont dit la même chose en entretien : au moment de la première lecture par l’équipe, le plus important du travail est fait. Si vous avez fait un script qui marche et avez trouvé les bons acteurs, alors vous avez une chance d’avoir quelque chose de qualité. Mais sinon, peu importe la qualité du reste du processus ; vous êtes mort noyé.
Cela semble probablement de la folie pour non initiés, et c’est normal, mais c’est tout à fait vrai. La raison pour laquelle cela semble de la folie est celle-ci : le magazine Première n’est pas dans le coin quand le script est préparé. Entertainment Tonight n’est pas dans le coin pour le casting. Ils sont seulement dans le coin pendant le tournage, ce qui la partie la moins importante de la réalisation d’un film. Souvenez-vous de ceci : le tournage c’est juste l’usine qui assemble la voiture.
* * *
A. R. Roussimoff fut notre plus gros pari ce matin de répétition. Sous le nom d’André le Géant, il était le lutteur le plus connu du monde. J’étais convaincu que s’il devait jamais y avoir un film, il devait être Fezzik, l’homme le plus fort.
Rob pensait aussi qu’André pourrait être bon pour le rôle. Le problème était que personne ne pouvait le trouver. Il luttait 330 jours par an, toujours en voyage.
Alors nous avons continué en essayant de trouver quelqu’un d’autre. Le plus étrange casting que j’ai jamais vu. Ces gros gars entraient – nous parlons immense ici – mais ce n’était pas de géants. Occasionnellement nous trouvions un géant – mais soit il ne pouvait pas jouer, soit il était maigre, et un géant maigre n’était pas du tout ce dont nous avions besoin.
Toujours pas d’André.
Un jour Rob et Andy était en Florin pour faire une dernière reconnaissance des lieux quand un appel est arrivé – André serait à Paris l’après-midi suivante. Ils volèrent à sa rencontre. Pas facile puisque Florineville n’a aucune ligne directe vers aucune des capitales d’Europe. Sans parler que leurs horaires dépendent du nombre de passagers – tous les vols de Florin Air sont complets parce qu’ils attendent qu’ils le soient avant de décoller. Ils autorisent même les gens à s’asseoir dans les ailes. (Je n’ai vu ça moi-même qu’une seule fois, en Russie, une excursion cauchemardesque de Tbilissi à Saint-Pétersbourg.) Finalement, Rob et Andy durent affréter un minuscule avion à hélice pour être au rendez-vous. Ils allèrent au Ritz, où le portier leur dit, d’une voix étrange : « Il y a un homme qui vous attend au bar. »
André, pour moi, était comme le Pentagone – peu importe à quel point on vous dit qu’il est grand, quand vous vous approchez, c’est encore plus grand.
André était encore plus grand.
Ses mensurations enregistrées étaient de 250 kg, 2,28 m. Mais il n’était pas sûr et il ne passait pas beaucoup de temps à s’agiter sur la balance tous les matins. Il a été malade un jour, m’a-t-il raconté, et il a perdu 45 kg en trois semaines. Mais en dehors de ça il ne parlait jamais de ses mensurations.
Ils papotèrent au bar, ils montèrent dans la chambre de Rob où ils étudièrent le script. Deux choses étaient claires : André avait un très embêtant accent français et, pire, sa voix venait du sous-sol.
Rob paria et lui donna le rôle. Il enregistra aussi le rôle d’André sur cassette pour lui – ligne par ligne, heureusement avec le ton – pour qu’André puisse le prendre avec lui sur la route et l’étudier dans les mois précédents les répétitions.
La répétition ce matin londonien fut intentionnellement légère : deux lectures du script, quelques commentaires. C’était une belle après-midi quand nous nous arrêtèrent pour déjeuner, et nous trouvèrent un bistro à côté avec une terrasse. C’était parfait en dehors du fait que la chaise était bien trop petite pour André – la largeur était pour les gens normaux, les accoudoirs étaient trop rapprochés. Il y avait une table à l’intérieur avec un banc, et quelqu’un suggéra que de manger là. Mais André ne voulait pas en entendre parler. Alors nous nous sommes assis dehors. Je peux encore le voir tordre les accoudoirs en métal vers l’extérieur, se glisser dedans, puis regarder les accoudoirs se remettre en place pour lui entrer dans les côtes le reste du repas. Il mangeât très peu. Et les couverts étaient comme des jouets de bébé, rapetissés par ses mains.
Après le déjeuner nous répétâmes encore, en jouant les scènes cette fois-ci, et André travaillait avec notre Inigo, Mandy Patinkin. André avait clairement étudié les cassettes de Rob – mais c’était indéniable que sa lecture était lente, avec plus qu’un petit air de par cœur.
Ils étaient en train de faire la scène après leurs retrouvailles. Mandy essayait d’avoir des informations d’André et André lui donnait une de ses lentes lectures apprises par cœur. Mandy en Inigo essaya de faire aller Fezzik plus vite. André lui donna une autre de ses lentes réponses. Ils revinrent en arrière et essayèrent encore et encore. Mandy en Inigo demanda à André en Fezzik d’aller plus vite – et André revint avec la même vitesse qu’avant…
… et c’est à ce moment que Mandy dit : « Plus vite, Fezzik ! » Et sans prévenir il frappa le Géant au visage.
Je peux encore voir les yeux d’André s’écarquiller. Je ne pense pas qu’il ait été giflé en dehors du ring depuis qu’il était un petit garçon. Il regarda Mandy… et il y eut une courte pause. Un silence de mort emplit la pièce.
Et puis André commença à parler plus vite. Il sauta sur l’occasion, donnant plus de rythme et d’énergie. On pouvait presque le voir penser : « Oh, voilà comment ça se passe en dehors du ring, essayons un peu. » En vérité, cette gifle fut le début de la période la plus heureuse de sa vie.
Ce fut un moment merveilleux pour moi aussi. Après la décennie et plus à attendre, le livre le plus important de ma jeunesse venait à la vie devant mes yeux. Quand il fut finit et que je le vis pour la première fois, j’ai réalisé que, dans toute ma carrière, je n’ai vraiment aimé que deux des films dans lesquels j’ai été impliqué : Butch Cassidy et le Kid et The Princess Bride.
Mais le film a fait tellement plus que me plaire. Il a ramené le livre à la vie. J’ai commencé à nouveau à recevoir ces merveilleuses lettres. J’en ai reçue une aujourd’hui – parole de scout – d’un type de L.A. qui a été plaqué par sa Bouton d’Or et, après une décennie de séparation, a entendu dire qu’elle avait des problèmes. Alors il lui a envoyé une copie du roman et, eh bien, visiblement ils sont de nouveau ensemble. Vous ne pensez pas que c’est merveilleux – spécialement pour quelqu’un comme moi qui ai passé ma vie dans ma grotte à écrire – de toucher un autre humain ? Ça ne peut pas être mieux.
Bien sûr, avec les bonnes choses, j’ai des regrets. Je suis désolé des problèmes légaux avec la propriété Morgenstern, dont je parlerai plus tard. Je suis désolé qu’Helen et moi ayons fait pffft. (Ce n’ai pas que nous ne savions pas tous les deux que ça allait arriver – mais devait-elle partir le jour même de la sortie du film à New York ?) Et je suis vraiment désolé que les Falaises de la Démence soient maintenant devenues la plus grosse attraction touristique de Florin, faisant un enfer de la vie de ses gardes forestiers.
Mais c’est la vie sur terre, on ne peut pas tout avoir.
[1] Le Greenlight Guy, ou l’homme feu vert, est la personne qui donne son accord pour financer un film, compte tenu du budget proposé. Je n’ai pas trouvé d’équivalent français. NDTL.
[2] Time and Again. NDLT.
[3] Carl Reiner est un acteur, scénariste et réalisateur à succès. Il a, entre autres, écrit et réalisé Les cadavres ne portent pas de costard (Dead Men Don't Wear Plaid) et il a joué dans Ocean’s eleven, Ocean’s twelve et Ocean’s thirteen. NDLT.
[4] Rob Reiner, acteur, scénarite, réalisateur et producteur, est connu pour avoir produit et réalisé Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally) et il a joué, parmi de très nombreux films, dans En direct sur EdTV (EdTV). NDLT.
[5] Acteur, scénariste et producteur, il a été le producteur exécutif de Beignets de tomates vertes (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe). NDLT.
[6] En français dans le texte. NDLT.
[7] Réalisateur et metteur en scène : Un Tramway nommé désir (A Streetcar Named Desire).
[8] Scénariste, réalisateur et producteur : Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid) !
The Princess Bride - Huit, Lune de miel
Étant donné que la panique était bien en route, Yellin réalisa qu’il n’avait presque aucune chance d’avoir les choses immédiatement sous contrôle. De plus, le géant était terriblement proche maintenant, et le rugissement « pas de survivants » rendait très difficile toute pensée raisonnable, mais heureusement il eut le bon sens d’attraper la seule et unique clef du château et de la cacher sur sa personne.
Heureusement aussi, Westley avait le bon sens de chercher de tels comportements. « Donnez-moi la clef, » dit Westley à Yellin, une fois qu’Inigo eut son épée sur la pomme d’Adam de Yellin.
« Je n’ai pas de clef, répliqua Yellin. Je jure sur la tombe de mes parents ; que l’âme de ma mère grésille pour toujours dans le tourment si je mens.
- Arrache-lui les bras, » dit Westley à Fezzik, qui grésillait lui-même un peu maintenant, parce qu’il y avait une limite au temps pendant lequel un manteau d’holocauste était utile, et il voulait se déshabiller un peu, mais avant de le faire, il avança vers les bras de Yellin.
« Cette clef, vous voulez dire ? » dit Yellin, et il la lâcha, et après qu’Inigo eut rangé son épée, ils le laissèrent fuir.
« Ouvre la porte, dit Westley à Fezzik.
- J’ai si chaud, dit Fezzik, puis-je enlever cette chose, s’il te plaît ? » et après le hochement de tête de Westley, il arracha le manteau en flammes et le laissa sur le sol, puis il déverrouilla la porte et l’ouvrit assez pour qu’ils puissent passer.
« Ferme-la et garde la clef, Fezzik, dit Westley. Il doit être 5 h 30 passées maintenant ; encore une demi-heure pour arrêter le mariage.
- Que faisons-nous après avoir gagné ? » dit Fezzik, tournant la clef, forçant la grande porte à se fermer. « Où nous retrouverons-nous ? Je suis le genre de gars qui a besoin d’instructions. »
Avant que Westley puisse répondre, Inigo hurla et sortit son épée. Le comte Rugen et quatre gardes du palais tournaient à un coin et couraient vers eux. Il était alors 5 h 34.
* * *
Le mariage lui-même ne dura pas plus tard que 5 h 31, et Humperdinck dut utiliser toutes ses capacités de persuasions pour pouvoir en arriver seulement là. Comme les hurlements de l’extérieur dépassaient toutes les frontières de la bienséance, le Prince interrompit l’Archidoyen avec les manières les plus douces et dit : « Sainteté, mon amour étouffe mes capacités à attendre… s’il vous plaît sautez jusqu’à la fin du service. »
Il était alors 5 h 27.
« Humperdinck et Bouton d’Or, dit l’Archidoyen, je suis très vieux et j’ai peu de choses à dire sur le mariage, mais je pense devoir vous les dire en ce jour heureux. » (L’Archidoyen ne pouvait absolument rien entendre, et il était ainsi affaibli depuis ses quatre-vingt-cinq ans ou presque. Le seul véritable changement qui lui était advenu depuis ses années passées était que, pour une quelconque raison, son défaut d’élocution avait empiré. « Bariadge, dit-il. Très bieux. » À moins que vous ne payiez une grande attention à son titre et à ses exploits passés, il était très dur de le prendre au sérieux.)
« Le bariadge… commença l’Archidoyen.
- À nouveau, Sainteté, je vous interromps au nom de l’amour. Je vous en prie, dépêchez-vous aussi vite que vous le pouvez.
- Le bariadge est un rêbe dans un rêbe. »
Bouton d’Or ne faisait que peu attention à ce qui se passait autour d’elle. Westley doit courir le long des couloirs maintenant. Il court toujours si merveilleusement. Même quand ils étaient à la ferme, bien avant qu’elle ne connaisse le fond de son cœur, c’était bon de le voir courir.
Le comte Rugen était la seule autre personne dans la salle, et le tumulte à la porte l’énervait au plus haut point. De l’autre côté de la porte il avait ses quatre meilleurs escrimeurs, pour que personne ne puisse entrer dans la minuscule chapelle, mais, quand même, il y avait beaucoup de gens qui hurlaient là où aurait dû être la brigade de brutes. Les quatre gardes étaient les seuls dans le château, car le Prince n’avait besoin d’aucun spectateur pour les évènements qui allaient bientôt arriver. Si seulement cet idiot d’ecclésiastique voulait hâter un peu les choses. Il était déjà 5 h 29.
« Le rêbe de l’abou enbellové dans le rêbe encore vlus grand du revos étermel. L’étermité est motre abie, soubemez-bous en, et l’abou bous suibra vour toudjours. »
Il était 5 h 30 quand le Prince se leva et s’approcha de l’Archidoyen avec fermeté. « Mari et femme, cria-t-il. Mari et femme. Dites-le !
- Je n’y suis pas encore, répondit l’Archidoyen.
- Vous y êtes juste, répliqua le Prince. Maintenant ! »
Bouton d’Or pouvait voir Westley tournant dans le dernier couloir. Il y avait quatre gardes qui attendaient dehors. À dix secondes par garde, commença-t-elle à compter, mais alors elle s’arrêta, parce que les chiffres avaient toujours été ses ennemis. Elle baissa les yeux vers ses mains. Oh, j’espère qu’il pense toujours que je suis jolie, pensa-t-elle ; ces cauchemars m’ont beaucoup pris.
« Mari et femme, vous êtes marie et femme, dit l’Archidoyen.
- Merci, votre Sainteté, dit le Prince en se tournant vers Rugen. Arrêtez cette agitation ! » commanda-t-il, et avant que ses mots soient finis, le Comte courait vers la porte de la chapelle.
Il était 5 h 31.
* * *
Cela prit trois minutes entières au Comte et aux gardes pour atteindre la porte, et quand ils furent, le Comte ne pouvait pas le croire… il avait vu Westley être tué, et maintenant il y avait Westley. Et avec un géant et un type basané aux étranges cicatrices. Quelque chose dans les cicatrices jumelles réveilla sa mémoire, mais ce n’était pas le moment des réminiscences. « Tuez-les, dit-il aux escrimeurs, mais épargnez celui de taille moyenne jusqu’à ce que je vous le dise » et les quatre gardes tirèrent leur épée…
…mais trop tard ; trop tard et trop lentement, parce que Fezzik passa devant Westley, Inigo attaqua, la grande épée éblouissante, et les quatre gardes furent morts avant que le premier ait eu assez de temps pour tomber à terre.
Inigo se tint immobile un instant, essoufflé. Puis il fit demi-tour en direction du comte Rugen et exécuta un rapide et magnifique salut. « Bonjour, dit-il. Mon nom est Inigo Montoya. Vous avez tué mon père. Préparez-vous à mourir. »
Et en réponse, le Comte fit une chose véritablement remarquable et inattendue : il se tourna et fuit. Il était alors 5 h 37.
* * *
Le roi Lotharon et la reine Bella arrivèrent à la chapelle à temps pour voir le comte Rugen menant ses quatre gardes dans une charge le long du corridor.
- Sommes-nous en avance ? dit la reine Bella, alors qu’ils entraient dans la chapelle et trouvaient Bouton d’Or et Humperdinck et l’Archidoyen.
- Il se passe beaucoup de choses, dit le Prince. Tout, à son heure, deviendra parfaitement clair. Mais j’ai peur qu’il y ait une forte possibilité que, en cet instant précis, les Guildériens n’attaquent. J’ai besoin de temps seul dans le jardin pour former mes plans de bataille, alors puis-je prévaloir de vous pour escorter personnellement Bouton d’Or à ma chambre à coucher ? »
Sa requête fut, naturellement, accordée. Le Prince les poussa dehors, et, après un arrêt pour ouvrir un placard et sortir plusieurs paires de bottes qui avaient appartenues à des soldats guildériens, il courut dehors.
Bouton d’Or, pour sa part, marcha très lentement et paisiblement entre le vieux Roi et la Reine. Ça n’était pas la peine de s’inquiéter, pas avec Westley là pour arrêter son mariage et l’emmener pour toujours. La vérité de la situation n’eut pas de véritable effet avant qu’elle ne soit à mi-chemin de la chambre d’Humperdinck.
Il n’y avait pas de Westley.
Pas de doux Westley. Il n’avait pas trouvé bon de venir pour elle.
Elle lâcha un terrible soupir. Pas tant de tristesse que d’adieu. Une fois dans la chambre d’Humperdinck, c’en serait fini. Il avait une splendide collection d’épée et de couteaux.
Elle n’avait jamais sérieusement considéré l’idée du suicide avant. Oh, bien sûr elle y avait pensé ; chaque jeune fille le fait de temps en temps. Mais jamais sérieusement. À sa tranquille surprise, elle trouva que cela allait être la chose la plus facile au monde. Elle atteignit la chambre du Prince, dit bonne nuit à la famille royale, et alla directement vers le mur couvert d’armes. Il était alors 5 h 46.
* * *
Inigo, à 5 h 37, fut si étonné par la lâcheté du Comte que pendant un moment il ne bougea pas. Puis il le poursuivit et, bien sûr, il fut plus rapide, mais le Comte passa une porte, la claqua et la ferma à clef, et Inigo fut incapable de faire broncher la chose. « Fezzik, appela-t-il désespérément, Fezzik, casse-la. »
Mais Fezzik était avec Westley. C’était son boulot, rester avec Westley et le protéger, et bien qu’ils fussent toujours visibles par Inigo, Fezzik ne pouvait rien faire ; Westley avait déjà commencé à marcher. Lentement. Faiblement. Mais, de sa propre volonté, il marchait.
« Enfonce-là, répliqua Fezzik. Frappe fort avec l’épaule. Elle cédera pour toi. »
Inigo enfonça la porte. Il frappa et frappa de son épaule, mais il était fin, la porte non. « Il m’échappe, dit Inigo.
- Mais Westley est sans défense, lui rappela Fezzik.
- Fezzik, j’ai besoin de toi, hurla Inigo.
- Je reviens dans une minute, » dit Fezzik, parce qu’il y a des choses qu’on fait, peu importe la situation, et quand un ami a besoin d’aide, on l’aide.
Westley hocha la tête, continua de marcher, toujours lentement, toujours faiblement, mais toujours capable de bouger.
« Dépêche-toi, » le pressa Inigo.
Fezzik se dépêcha. Il s’abattit sur la porte fermée ; jeta fort sa masse dessus.
La porte tint.
« S’il te plaît, le pressa Inigo.
- Je vais l’avoir, je vais l’avoir, » promit Fezzik, et il recula de quelques pas cette fois-ci, puis envoya son épaule contre le bois.
La porte céda un peu. Un peu. Mais pas assez.
Fezzik s’en éloigna alors. Avec un rugissement il chargea à travers le couloir et quand il fut proche il quitta le sol du château avec ses deux pieds et la porte se fendit.
« Merci, merci, » dit Inigo, déjà à moitié dans la porte cassée.
« Oui, mais qu’est-ce que je fais maintenant ? appela Fezzik.
- Retourne avec Westley, » répondit Inigo, en plein vol maintenant, et il commença à chercher à travers une série de pièces.
« Stupide, » se punit lui-même Fezzik, et il se tourna et rejoignit Westley. Seulement Westley n’était plus là. Fezzik pouvait sentir la panique apparaître en lui. Il y avait une demi-douzaine de couloirs possibles. « Lequel lequel lequel ? » dit Fezzik, essayant de deviner, essayant pour une fois dans sa vie de faire bien quelque chose. « Tu vas choisir le mauvais, comme je te connais, » dit-il à haute voix, et puis il prit un couloir et commença à courir aussi vite qu’il le pouvait.
Il prit bien le mauvais.
Westley était tout seul maintenant.
* * *
Inigo gagnait du terrain. Il pouvait voir, instant après instant, des flashes du noble en fuite dans la pièce suivante, et quand il arrivait à cet endroit, le Comte était dans la pièce suivante. Mais chaque fois, Inigo gagnait du terrain. À 5 h 40, il pensait qu’il allait, après une chasse de vingt-cinq ans, être seul dans une pièce avec sa vengeance.
* * *
À 5 h 48, Bouton d’Or sentait assez sûrement qu’elle allait mourir. Elle en était à une minute, debout devant les couteaux du Prince. La plus mortelle semblait être la plus usée, le poignard florin. Pointu d’un côté, il entrait facilement, finissant en triangle près de la garde. Pour un saignement plus rapide, disait-on. Ils étaient faits de diverses tailles, et celui du Prince semblait être une des plus grandes, aussi large qu’un poing au niveau de la poignée. Elle le retira du mur, le mit sur son cœur.
« Il y a toujours trop peu de poitrines parfaites dans ce monde, laisse la tienne, » entendit-elle. Et il y avait Westley sur le lit. Il était 5 h 48, et elle savait qu’elle n’allait jamais mourir.
Westley, pour sa part, pensait qu’il avait toujours jusqu’à 6 h 15 pour en finir. C’était, bien sûr, quand l’heure serait passée, seulement il n’avait pas une heure ; juste quarante minutes. Jusqu’à 5 h 55, en fait. Encore sept minutes. Mais, comme on l’a dit, il n’avait aucune chance de le savoir.
* * *
Et Inigo n’avait aucune chance de savoir que le comte Rugen avait un poignard florin. Ni qu’il était un expert de la chose. Cela prit à Inigo jusqu’à 5 h 41 avant qu’il ne puisse vraiment coincer le Comte. Dans une salle de billard. « Bonjour, allait-il dire. Mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père ; préparez-vous à mourir. » Ce qu’il réussit réellement à dire fut quelque chose comme : « Bonjour, mon nom est Ini… »
Et puis le poignard réarrangea ses entrailles. La force du coup l’envoya chanceler dans un mur. Le flot de sang l’affaiblit si vite qu’il ne put rester sur pied. « Domingo, Domingo, » murmura-t-il, et puis il fut, à quarante-deux minutes passées de cinq, perdu sur ses genoux…
* * *
Bouton d’Or fut désarçonnée par le comportement de Westley. Elle courut vers lui, s’attendant à le rencontrer à mi-chemin dans une folle embrassade. Au lieu de cela, il ne fit que lui sourire et resta où il était, couché sur l’oreiller du Prince, une épée près de son corps.
Bouton d’Or continua son chemin seule et tomba sur son très cher et unique Westley.
« Doucement, dit-il.
- À un moment comme celui-là c’est tout ce que tu penses à dire ? "Doucement" ?
- Doucement, » répéta Westley, pas si doucement cette fois-ci.
Elle s’éloigna. « Es-tu en colère contre moi parce que je me suis mariée ? se demanda-t-elle.
- Tu n’es pas mariée, » dit-il, gentiment. Étrange comment était sa voix. « Pas dans mon Église ni dans aucune autre
- Mais ce vieil homme a bien prononcé…
- On peut devenir veuve. Tous les jours… n’est-ce pas, Votre Majesté ? » Et maintenant sa voix était plus forte alors qu’il s’adressait au Prince, qui entra, des bottes boueuses à la main.
Le prince Humperdinck plongea sur son arme, et une épée étincela dans ses mains épaisses. « À mort, » dit-il en avançant.
Westley secoua doucement la tête. « Non, corrigea-t-il. À la souffrance. »
C’était une phrase étrange, et pendant un instant cela coupa un peu le Prince. De plus, pourquoi ce type était couché là ? Où était le piège ? « Je pense ne pas bien comprendre cela. »
Westley ne bougeait pas mais il souriait encore plus maintenant. « Je serais trop heureux de vous expliquer. » Il était 5 h 50 maintenant. Encore vingt-cinq minutes en sûreté. (Il y en avait cinq. Il ne le savait pas. Comment aurait-il pu le savoir ?) Lentement, prudemment, il commença à parler…
* * *
Inigo parlait aussi. Il était toujours 5 h 42 quand il murmura : « Je suis… désolé… Père… »
Le comte Rugen entendit les mots mais rien ne fit réellement connexion jusqu’à ce qu’il voie l’épée toujours dans la main d’Inigo. « Tu es ce petit morveux d’Espagnol à qui j’ai donné une leçon, » dit-il, s’approchant, examinant les cicatrices. « C’est simplement incroyable. M’as-tu recherché toutes ces années seulement pour échouer maintenant ? Je pense que c’est la pire chose que j’ai jamais entendue ; comme c’est merveilleux. »
Inigo ne pouvait rien dire. Le sang jaillissait de son ventre.
Le comte Rugen tira son épée.
« … désolé, Père… Je suis désolé… »
« Je ne veux pas de tes "désolé" ! Mon nom est Domingo Montoya et je suis mort pour cette épée et tu peux garder tes "désolé". Si tu devais échouer, pourquoi n’es-tu pas mort il y a des années et ne m’as-tu pas laissé reposer en paix ? » Et puis MacPherson était après lui aussi… « Les Espagnols ! Je n’aurais jamais dû essayer d’enseigner un Espagnol ; ils sont stupides, ils oublient, que fait-on avec une blessure ? Combien de fois t’ai-je enseigné – que fait-on avec une blessure ? »
« Couvre-la… » dit Inigo, et il retira le couteau de son corps et fourra son poing gauche dans l’hémorragie.
Les yeux d’Inigo se fixèrent de nouveau, pas bien, pas parfaitement, mais assez pour voir la lame du Comte comme elle approchait de son cœur, et Inigo ne pouvait pas faire grand chose de cette attaque, il la para vaguement, poussa la pointe de la lame dans son épaule gauche où elle ne pouvait pas faire de mal insurmontable.
Le comte Rugen fut un peu surpris que sa pointe soit détournée, mais il n’y avait pas de mal à percer l’épaule d’un homme sans défense. On n’était pas pressé quand on le tenait.
MacPherson hurlait de nouveau… « Les Espagnols ! Donnez-moi un Polaque quand vous voulez ; au moins les Polaques se souviennent d’utiliser un mur quand ils en ont un ; seuls les Espagnols oublieraient de se servir d’un mur… »
Lentement, centimètre par centimètre, Inigo força son corps à remonter contre le mur, utilisant ses jambes seulement pour pousser, laissant le mur supporter tout ce qui était nécessaire.
Le comte Rugen frappa encore, mais pour un certain nombre de raisons, très probablement parce qu’il ne s’était pas attendu au geste de l’autre homme, il rata le cœur et dut être content de mener sa lame dans le bras gauche de l’Espagnol.
Inigo ne s’en fit pas. Il ne le sentit même pas. Son bras droit était là où se portait son intérêt, et il sera le pommeau et il y avait de la force dans sa main, assez pour donner un petit coup à l’ennemi, et le comte Rugen ne s’était pas attendu à ça non plus, alors il laissa échapper un petit cri involontaire et recula pour réévaluer la situation.
La force coulait du cœur d’Inigo dans son épaule droite et de son épaule à ses doigts et puis dans la grande épée à six doigts et il poussa le mur, avec un murmure : « … bonjour… mon nom est… Inigo Montoya ; vous avez tué… mon père ; préparez-vous à mourir. »
Et ils croisèrent leurs épées.
Le Comte se lança pour une mort rapide, la Bonetti inversée.
Impossible.
« Bonjour… mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père… préparez-vous à mourir… »
À nouveau ils croisèrent le fer, et le Comte fit une défense Morozzo, parce que le sang coulait toujours.
Inigo enfonça son poing plus profondément en lui. « Bonjour, mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père, préparez-vous à mourir. »
Le Comte fit retraite autour de la table de billard.
Inigo glissa dans son propre sang.
Le Comte continua de faire retraite, attendant, attendant.
« Bonjour, mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père ; préparez-vous à mourir. » Il enterra son poing et il ne voulait pas penser à ce qu’il touchait et poussait et tenait en place mais pour la première fois il se sentit capable d’essayer un geste, alors l’épée à six doigts étincela…
… et il y avait une coupure le long de la joue du comte Rugen…
… un autre éclair…
… une autre coupure, parallèle, saignante…
« Bonjour, mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père ; préparez-vous à mourir. »
« Arrêtez de dire ça ! » Le Comte commençait à faire l’expérience d’une perte de nerfs.
Inigo avança vers l’épaule gauche du Comte, comme le Comte avait blessé la sienne. Puis il alla vers le bras gauche du Comte, au même endroit où le Comte l’avait percé. « Bonjour. » Plus fort maintenant. « Bonjour ! Bonjour, mon nom est Inigo Montoya ; vous avez tué mon père ; préparez-vous à mourir.
- Non…
- Offrez-moi de l’argent…
- Tout, dit le Comte.
- Du pouvoir aussi. Promettez-moi ça.
- Tout ce que j’ai et plus. Je vous en prie.
- Offrez-moi tout ce que je demande.
- Oui. Oui. Demandez.
- Je veux Domingo Montoya, fils de pute, » et l’épée à six doigts frappa encore.
Le Comte hurla.
« C’était juste à gauche de votre cœur. » Inigo frappa encore.
Un autre hurlement.
« C’était sous votre cœur. Pouvez-vous deviner ce que je fais ?
- Découpez mon cœur.
- Vous avez pris le mien quand j’avais dix ans ; je veux le vôtre maintenant. Nous aimons la justice, vous et moi – qu’est-ce qui pourrait être plus juste que ça ? »
Le Comte hurla une dernière fois et puis s’écroula, mort de peur.
Inigo le regarda. Le visage glacé du Comte était pétrifié et cendreux et du sang coulait toujours des coupures parallèles. Ses yeux saillaient, pleins d’horreur et de souffrance. C’était splendide. Si vous aimez ce genre de choses.
Inigo adorait.
Il était 5 h 50 quand il tituba hors de la pièce, allant il ne savait où ni pour combien de temps, mais espérant seulement que celui qui l’avait guidé jusque là ne l’abandonnerait pas maintenant…
* * *
« Je vais vous dire quelque chose une fois et puis cela dépendra de vous si vous mourez ou pas, » dit Westley, agréablement étendu sur le lit. De l’autre côté de la pièce, le Prince tenait haut son épée. « Ce que je vais vous dire c’est ceci : lâchez votre épée, et si vous le faîtes, alors je partirai avec ce bagage là – il regarda Bouton d’Or – et vous serez attaché mais pas fermement, et vous serez bientôt libre de faire vos affaires. Et si vous choisissez de vous battre, eh bien, nous ne partirons pas tous les deux vivants.
- Je pense pouvoir respirer encore longtemps, dit le Prince. Je pense que vous bluffez… vous avez été prisonnier pendant des mois et je vous ai moi-même tué il y a moins de vingt-quatre heures, alors je doute qu’il vous reste beaucoup de force dans le bras.
- Possible, accorda Westley, et quand le moment viendra, souvenez-vous de ceci : je pourrais bluffer en effet. Je pourrais, en fait, être étendu ici parce que je n’ai pas la force d’être debout. Tout ceci, pesez-le avec attention.
- Vous êtes en vie maintenant seulement parce que vous avez dit "à la souffrance". Je veux que vous m’expliquiez cette phrase.
- Ce sera un plaisir. » Il était alors 5 h 52. Encore trois minutes. Il pensait en avoir dix-huit. Il prit une longue pause, puis commença à parler. « Certainement, vous avez dû deviner que je ne suis pas n’importe quel marin. Je suis, en fait, Robert lui-même.
- Je suis, en fait, absolument pas surpris ni intimidé.
- À la souffrance signifie ceci : si nous combattons en duel et que vous gagnez, la mort pour moi. Si nous combattons en duel et que je gagne, la vie pour vous. Mais la vie selon mes conditions.
- Ce qui signifie ? » Tout ceci pouvait toujours être un piège. Son corps était prêt.
« Il y a ceux qui vous accordent le mérite d’un talent de chasseur, bien que je trouve cela douteux. »
Le Prince sourit. Ce type le cherchait. Pourquoi ?
« Et si vous chassez bien, alors certainement, quand vous avez poursuivi votre dame, vous devez avoir commencé aux Falaises de la Démence. Un duel a eu lieu là-bas et si vous avez remarqué les mouvements et les coups, vous devez savoir que c’étaient des maîtres qui se sont battus. Et c’était le cas. Souvenez-vous de ceci : j’ai gagné le duel. Et je suis un pirate. Nous avons nos trucs à nous à l’épée. »
Il était 5 h 53. « Je ne suis pas un débutant à l’épée.
- La première chose que vous perdrez sera vos pieds, dit Westley. Le gauche, puis le droit. Sous la cheville. Vous aurez des moignons utilisables dans six mois. Puis vos mains, au poignet. Elles cicatrisent un peu plus vites. Cinq mois est une bonne moyenne. » Et maintenant Westley commençait à être conscient de changements étranges dans son corps et il commença à parler plus vite, plus vite et plus fort. « Ensuite votre nez. Plus de parfum du matin pour vous. Suivi par votre langue. Profondément coupée. Même pas un moignon de reste. Et puis votre œil gauche…
- Et puis mon œil droit et puis mes oreilles, et pouvons-nous passer à la suite ? » dit le Prince. Il était 5 h 54.
« Faux ! » La voix de Westley retentit dans la pièce. « Vos oreilles vous les garderez, pour que vous chérissiez chaque hurlement de chaque enfant voyant votre hideur – chaque bébé qui pleurera de peur à votre approche, chaque femme qui criera "Mon Dieu, qu’elle est cette chose ?" résonnera pour toujours dans vos oreilles parfaites. C’est ce que "à la souffrance" signifie. Cela signifie que je vous laisse vivre dans l’angoisse, dans l’humiliation, dans une misère monstrueuse jusqu’à ce que vous ne puissiez plus le supporter ; voilà vous comprenez, porc, là vous savez, espèce de misérable vomit, et je le dis maintenant, et vivez ou mourrez, c’est vous qui voyez : lâchez votre épée ! »
L’épée s’écrasa au sol.
Il était 5 h 55.
Les yeux de Westley se révulsèrent et son corps se plia et tomba à moitié du lit et le Prince le vit et se baissa, attrapa son épée, se leva, commença à la lever, quand Westley cria : « Maintenant, vous allez souffrir : à la souffrance ! » Ses yeux étaient ouverts à nouveau.
Ouverts et étincelants.
« Je suis désolé ; je ne le voulais pas, non ; écoutez, » et le Prince lâcha son épée une seconde fois.
« Attache-le, dit Westley à Bouton d’Or. Dépêche-toi… utilise les cordons des rideaux ; ça semble suffisant pour le tenir…
- Tu le ferais tellement mieux que moi, répliqua Bouton d’Or. Je vais prendre les cordons, mais je pense vraiment que tu devrais le faire toi-même.
- Femme, rugit Westley, tu es la propriété de Robert le Redoutable Pirate et fais… ce… qu’on… te… dit ! »
Bouton d’Or attrapa les cordons et fit ce qu’elle put pour attacher son mari.
Humperdinck resta couché pendant ce temps. Il semblait étrangement heureux. « Je n’avais pas peur de vous, dit-il à Westley. J’ai lâché mon épée parce que ça sera un plaisir plus grand encore de vous pourchasser.
- Vous pensez ça, hein ? Je doute que vous nous trouviez.
- Je conquerrai Guilder et puis je vous chercherai. Le coin où vous y attendrai le moins, quand vous le tournerez, vous m’y trouverez vous attendant.
- Je suis le Roi de la mer… Je vous attends avec plaisir. » Il appela Bouton d’Or. « Il est attaché maintenant ?
- Plus ou moins. »
Il eut un mouvement à porte et puis Inigo fut là. Bouton d’Or cria à la vue du sang. Inigo l’ignora, regarda autour de lui. « Où est Fezzik ?
- Il n’est pas avec toi ? » dit Westley.
Inigo se tint un instant contre le mur le plus proche, retrouvant de la force. Puis il dit : « Aidez-le à se lever » à Bouton d’Or.
« Westley ? répliqua Bouton d’Or. Pourquoi a-t-il besoin de moi pour l’aider à se lever ?
- Parce qu’il n’a pas de force, maintenant, faites ce qu’on vous dit, » dit Inigo, et alors soudainement sur le sol, le Prince commença à se battre avec les cordons et il était attaché, et bien attaché, mais la force et la colère était toutes les deux de son côté.
« Vous bluffiez ; j’avais raison dès le début, » dit Humperdinck, et Inigo dit : « Ce n’était pas très intelligent de ma part de laisser échapper ça, je suis désolé, » et Westley dit : « As-tu enfin gagné ton combat ? » et Inigo dit : « Oui, » et Westley dit : « Essayons de trouver un endroit pour nous défendre ; au moins, peut-être pouvons-nous rester ensemble, » et Bouton d’Or dit : « Je vais t’aider, mon pauvre chéri, » et Fezzik dit : « Oh, Inigo, j’ai besoin de toi, s’il te plaît, Inigo ; je suis perdu et pitoyable et effrayé et j’ai juste besoin de voir un visage amical. »
Ils avancèrent lentement vers la fenêtre.
Fezzik errait perdu et dépité dans le jardin du Prince, menant les quatre gigantesques blancs.
« Ici, chuchota Inigo
- Trois visages amicaux, » dit Fezzik, sautant à pieds joints, ce qu’il faisait toujours quand les choses allaient mieux. « Oh, Inigo, j’ai tout raté et je me suis perdu et quand je suis tombé sur les étables et que j’ai trouvé ses jolis chevaux j’ai pensé que quatre il y en avait et que quatre nous étions aussi, si nous trouvions la dame – bonjour, madame – et j’ai pensé : pourquoi ne pas les emmener avec moi au cas où nous tomberions tous les uns sur les autres. » Il s’arrêta un moment, réfléchissant. « Et je pense que c’est le cas. »
Inigo était terriblement excité. « Fezzik, tu as pensé par toi-même, » dit-il.
Fezzik réfléchit à ça un moment aussi. « Tu veux dire que tu n’es pas fâché contre moi de m’être perdu ?
- Si seulement nous avions une échelle… commença Bouton d’Or.
- Oh, vous n’avez pas besoin d’échelle pour descendre ici, dit Fezzik ; ça ne fait que six mètres, je vous attraperai, seulement faites-le un à la fois, s’il vous plaît ; il n’y a pas assez de lumière, alors si vous venez tous en même temps je pourrai en manquer un. »
Alors pendant qu’Humperdinck se débattait, ils sautèrent, un à la fois, et Fezzik les attrapa gentiment et les mit sur les blancs, et il avait toujours la clef alors ils purent sortir par la porte principale, et en dehors du fait que Yellin avait regroupé la brigade de brutes, ils seraient sortis sans aucun problème. Ainsi, quand Fezzik ouvrit la porte, ils ne virent que des brutes armées en formation, Yellin à leur tête. Et aucun ne souriait.
Westley secoua la tête. « Je suis à court d’idées.
- C’est un jeu d’enfant, » dit, de toutes les personnes, Bouton d’Or, et elle mena le groupe vers Yellin. « Le Comte est mort ; le Prince est en grand danger. Dépêchez-vous et vous pourrez peut-être le sauver. Tous. Allez. »
Aucune brute ne bougea.
« Ils m’obéissent, dit Yellin. Et je suis en charge des exécutions, et…
- Et moi, dit Bouton d’or. Moi, » répéta-t-elle, se levant sur sa selle, une créature d’une beauté infinie et des yeux qui commençaient à devenir effrayants, « moi, dit-elle pour la troisième fois, je suis
la
Reeeeeeeeeeeeine. »
On ne pouvait pas douter de sa sincérité. Ni de son pouvoir. Ni de sa capacité à se venger. Elle regarda impérieusement la brigade de brutes.
« Sauvons Humperdinck, » dit une brute, et cela dit ils se ruèrent tous dans le château.
« Sauvons Humperdinck, » dit Yellin, resté seul, mais clairement le cœur n’y était pas.
« En fait, c’était un peu un bobard, dit Bouton d’Or comme ils commençaient à courir vers la liberté, vu que Lotharon n’est pas officiellement retiré, mais j’ai pensé que "Je suis la Reine" sonnait mieux que "Je suis la Princesse".
- Tout ce que je peux dire c’est que je suis impressionné, » lui dit Westley.
Bouton d’Or haussa les épaules. « J’ai été à l’école de la royauté depuis trois ans maintenant ; il fallait bien que quelque chose en ressorte. » Elle regarda Westley. « Tu vas bien ? J’étais inquiète pour toi tout à l’heure sur le lit. Tes yeux se sont révulsés et tout.
- Je suppose que je mourais à nouveau, alors j’ai demandé au Maître des Affections permanentes la force pour vivre la journée. Clairement, la réponse fut affirmative.
- Je ne savais pas qu’il y avait un tel Type, dit Bouton d’Or.
- Mon non plus, en vérité, mais s’Il n’existait pas, je ne l’aurait pas voulu non plus. »
Les quatre grands chevaux semblaient presque voler vers le détroit de Florin.
« Il me semble que nous sommes condamnés, alors, » dit Bouton d’Or.
Westley la regarda. « Condamnés, madame ?
- À être ensemble. Jusqu’à ce que l’un de nous meure.
- J’ai déjà fait, et je n’ai pas la moindre intention de le faire de nouveau, » dit Westley.
Bouton d’Or le regarda. « Est-ce que nous ne sommes pas un peu obligé un jour ?
- Pas si nous promettons de nous survivre l’un à l’autre, et je fais cette promesse maintenant. »
Bouton d’Or le regarda. « Oh mon Westley, moi aussi. »
* * *
« Et ils vécurent heureux pour toujours, dit mon père.
- Euh, » dis-je.
Il me regarda. « Ça ne te plaît pas ?
- Non, non, c’est juste que c’est arrivé si vite, la fin, ça m’a surpris. Je pensais qu’il y en aurait un peu plus, c’est tout. Je veux dire, est-ce que le bateau pirate attendait ou était-ce juste une rumeur comme il le disait ?
- Plains-toi à M. Morgenstern. "Et ils vécurent heureux pour toujours," c’est comme ça que ça finit. »
La vérité c’est que mon père mentait. J’ai passé toute ma vie à penser que ça finissait ainsi, jusqu’à ce que je fasse cet abrègement. Puis j’ai jeté un coup d’œil à la dernière page. Voici comment Morgenstern a fini.
* * *
Bouton d’Or le regarda. « Oh mon Westley, moi aussi. »
Soudainement de derrière eux, plus proche qu’ils ne l’imaginaient, ils purent entendre le rugissement d’Humperdinck : « Arrêtez-les ! Coupez-leur la route ! » Il est vrai qu’ils furent étonnés, mais il n’y avait pas de raison de s’inquiéter : ils étaient sur les chevaux les plus rapides du royaumes, et ils avaient toujours de l’avance.
Cependant, c’était avant que la plaie d’Inigo ne se rouvre ; et que Westley ne fasse une rechute ; et que Fezzik ne prenne le mauvais chemin ; et que le cheval de Bouton d’Or ne perde un fer. Et la nuit derrière eux était remplie du bruit croissant de la poursuite…
* * *
C’est la fin de Morgenstern, un effet genre The Lady, or the Tiger ?[1] (c’était avant The Lady, or the Tiger ?, rappelez-vous). Maintenant, c’était un satiriste, alors il l’a laissé ainsi, et mon père était, je suppose que je l’ai réalisé trop tard, un romantique, alors il l’a fini autrement.
Eh bien, je suis un abrégeur, alors j’ai le droit d’avoir quelques idées à moi. Y sont-ils arrivés ? Le bateau pirate était-il là ? Vous pouvez y répondre vous-même, mais, pour ma part, je dis oui, il y était. Et oui, ils ont réussi à fuir. Et ils ont retrouvé leur force et eurent beaucoup d’aventures et plus que leur part de rire.
Mais ça ne veut pas dire non plus que je pense qu’ils ont une fin heureuse. Parce que, à mon avis en tout cas, ils se disputèrent beaucoup, et Bouton d’Or perdit finalement sa beauté, et un jour Fezzik perdit un combat et quelque jeune as toucha Inigo avec une épée et Westley ne fut jamais capable de dormir profondément parce qu’Humperdinck était peut-être sur leurs traces.
Je n’essaie pas de rendre ça plus agréable, comprenez-moi bien. Je veux dire, je pense vraiment que l’amour est la meilleure chose du monde, en dehors des bonbons contre la toux. Mais je dois aussi dire, pour la ixième fois, que la vie n’est pas juste. Elle est seulement plus juste que la mort, c’est tout.
New York
Février 1973
[1] The Lady, or the Tiger ? est une nouvelle de Frank R. Stockton qui fut très célèbre de son temps. L’histoire raconte comment un jeune homme fut condamné pour être amoureux de la fille d’un roi et pour en être aimé en retour. Le châtiment consistait à choisir entre deux portes, l’une cachant un tigre qui le dévorera et l’autre une demoiselle d’honneur qu’il devra épouser. Le jeune homme regarde la princesse qui sait, elle, ce qu’il y a derrière les portes. La jeune fille est face à un dilemme. Soit elle laisse son bien-aimé se faire dévorer, soit elle le laisse vivre avec une autre. La princesse finit par désigner une porte au jeune homme qui suit son conseil et l’ouvre… L’histoire s’arrête là et le lecteur ne sait pas qu’elle porte a été ouverte finalement. La phrase The Lady, or the Tiger ? est passée dans le langage anglais courant comme l’expression d’un problème irrésoluble. Cela ressemble un peu à notre dilemme cornélien, où le sentiment et le devoir s’opposent dans le choix à prendre.
The Princess Bride - Sept, Le Mariage
Inigo laissa Fezzik ouvrir la porte, par parce qu'il voulait se cacher derrière le géant, mais, plutôt, parce que la force du géant était nécessaire pour entrer : quelqu'un devait sortir l'épaisse porte de ses gonds, et c'était pile dans les attributions de Fezzik.
« C'est ouvert, » dit Fezzik, tournant simplement la poignée, passant la tête.
« Ouvert ? hésita Inigo. Ferme-la alors. Il doit y avoir quelque chose de pas clair. Pourquoi quelque chose d'aussi précieux que le zoo privé du Prince serait laissé ouvert ?
- Ça sent horriblement l'animal là dedans, dit Fezzik. J'ai pris une de ses bouffées.
- Laisse-moi réfléchir, dit Inigo ; je vais tenter de comprendre, » et il essaya de son mieux, mais cela n'avait aucun sens. On ne laissait pas des diamants traîner sur la table du petit déjeuner et on gardait le Zoo de la Mort fermé et verrouillé. Alors il devait y avoir une raison ; il était juste question de faire travailler sa puissance mentale et la réponse serait là. (La raison pour laquelle cette porte se trouvait ouverte était en réalité celle-ci : elle était toujours ouverte. Et la raison pour cela était en réalité celle-ci : la sécurité. Personne qui est entré par la porte principale n'en ai jamais sorti vivant. L'idée venait au départ du comte Rugen, qui avait aidé le Prince à dessiner l'endroit. Le Prince avait choisi le lieu - le coin le plus éloigné du château, loin de tout, pour que les rugissements ne dérangent pas les domestiques -, mais le Comte avait dessiné l'entrée. La véritable entrée était derrière un arbre géant, où une racine s'escamotait et révélait un escalier et on descendait jusqu'au cinquième niveau. La fausse entrée, appelée la véritable entrée, vous emmenait à travers les niveaux d'une façon normale, du premier au deuxième, du deuxième au troisième, ou, plutôt, du deuxième à la mort.)
« Oui, dit finalement Inigo.
- Tu as compris ?
- La raison pour laquelle la porte n'était pas fermée est simplement celle-ci : l'albinos l'aurait fermée, il n'aurait jamais été assez stupide pour ne pas le faire, mais, Fezzik, mon ami, nous sommes arrivés à lui avant qu'il n'arrive à elle. Clairement, une fois qu'il en aurait eu fini avec sa brouette, il aurait commencé à la fermer et à la verrouiller. Tout va bien ; tu peux arrêter de t'inquiéter ; allons-y.
- Je me sens tellement en sécurité avec toi, » dit Fezzik, et il tira la porte une seconde fois. Comme il faisait cela, il remarqua que non seulement la porte n'était pas fermée, il n'y avait même pas la place pour un verrou, et il se demanda s'il devait le signaler à Inigo, mais il décida que non, parce qu'Inigo devrait attendre et comprendre encore et ils avaient fait assez de tout ça déjà, parce que, même s'il disait se sentir en sécurité avec Inigo, en vérité il était très effrayé. Il avait entendu de drôles de choses sur cet endroit, et les lions ne l'embêtaient pas, et qui s'en faisait pour des gorilles ; cela n'était rien. C'étaient les lianes qui lui donnaient les chocottes. Et les choses glissantes. Et les dards. Et les... et les tout, décida Fezzik, pour être sincère et honnête. Les araignées et les serpents et les bêtes et les chauves-souris et ce que vous voulez – il n'aimait vraiment aucun d'eux. « Ça sent toujours les animaux, » dit-il, et il tint la porte ouverte pour Inigo, et ensemble, pas à pas, ils entrèrent dans le Zoo de la Mort, la grande porte se fermant silencieusement derrière eux.
« C'est un endroit assez bizarre, » dit Inigo, passant devant plusieurs grandes cages dans lesquelles il y avait des guépards et des colibris et d'autres choses rapides. Au bout du hall, il y avait une autre porte avec un panneau au-dessus disant : « Vers le Niveau Deux ». Ils ouvrirent cette porte et virent une volée de marches menant à pic vers le bas. « Attention, dit Inigo ; reste près de moi et garde bien ton équilibre. »
Ils commencèrent à descendre vers le deuxième niveau.
« Si je te dis quelque chose, promettras-tu de ne pas rire ou te moquer de moi ou d'être méchant ? demanda Fezzik.
- Parole, dit Inigo en hochant la tête.
- Je suis mort de peur, dit Inigo.
- Sors de ta torpeur, dit tout de suite Inigo.
- Oh, c'est une rime de choix...
- Une autre fois, » dit Inigo, faisant une autre rime, se sentant assez brillant dans tout cela, ressentant le plaisir de voir Fezzik se détendre visiblement pendant qu'ils descendaient, alors il sourit et tapa Fezzik sur sa grande épaule pour le bon gars qu'il était. Mais tout, tout au fond, l'estomac d'Inigo faisait des nœuds. Il était absolument consterné et étonné que l'homme à la force et au pouvoir illimités était mort de peur ; jusqu'à ce que Fezzik parle, Inigo était catégoriquement convaincu qu'il était le seul à être véritablement mort de peur, et le fait qu'ils l'étaient tous les deux n'augurait rien de bon si la panique arrivait. Quelqu'un devait rester intelligent, et il avait présumé qu'étant donné que Fezzik l'était si peu, il ne trouverait pas difficile du tout de le rester. Pas bon, réalisa Inigo. Bon, il devrait simplement faire de son mieux pour éviter les situations de panique et c'était tout.
L'escalier était raide, et très long, mais finalement ils en atteignirent la fin. Une autre porte. Fezzik la poussa. Elle s'ouvrit. Un autre corridor avec des cages alignées, de grosses cages solides, et dedans, de grands hippopotames aux abois et un alligator de six mètres frappant l'eau peu profonde avec colère.
« Dépêchons-nous, » dit Inigo, accélérant le pas ; «même si nous avons envie de musarder, » et il courut à moitié vers le panneau qui disait : « Vers le Troisième Niveau ». Inigo ouvrit la porte et baissa les yeux et Fezzik regarda par dessus son épaule. « Hmmm, » dit Inigo.
L'escalier était différent. Il n'était pas tout à fait aussi à pic, et il s'incurvait à mi-chemin, donc tout ce qui était en bas était hors de leur vue en haut pendant qu'ils se préparaient à descendre. Il y avait d'étranges bougies qui brûlaient hors de portée sur les murs. Les ombres qu'elles créaient étaient très longues et très fines.
« Eh bien, je suis bien content de ne pas avoir grandit dans le secteur, » dit Inigo, essayant une plaisanterie.
« Peur, » dit Fezzik, la rime sortant avant qu'il n'ait le temps de l'arrêter.
Inigo explosa. « Vraiment ! Si tu ne peux pas te contrôler, je vais te renvoyer là-haut et tu attendras là-bas tout seul.
- Ne me laisse pas ; je veux dire, ne me dis pas de te laisser. S'il te plaît, je voulais dire "beurre" ; je ne sais pas comment le p est arrivé là.
- Je perds vraiment patience avec toi ; viens, » dit Inigo, et il commença à descendre l'escalier incurvé, Fezzik le suivant, et alors que la porte se fermait derrière eux, deux chose se passèrent :
(1) La porte, de toute évidence, se verrouilla.
(2) Les bougies sur les grands murs s'éteignirent.
« N'ai pas peur ! hurla Inigo.
- Ça va, ça va ! hurla Fezzik en retour. Et alors, il réussit à dire par dessus les battements de son coeur : « Qu'allons-nous faire ?
- S-s-s-simple, dit Inigo après un instant.
- As-tu peur aussi ?demanda Fezzik dans les ténèbres.
- J'en suis... bien loin, dit Inigo avec précaution. Et juste avant, je voulait dire "facile" ; je ne sais pas comment le "s-s-s-s" est arrivé là. Écoute : on ne peut pas revenir en arrière et nous ne voulons certainement pas rester ici, alors nous devons simplement continuer à avancer comme avant que ses petites choses se passent. En bas. En bas c'est notre direction, Fezzik, mais je sens que tu est un peu nerveux à propos de tout ça, alors, parce que mon coeur est empli de bonté, je vais te laisser descendre non pas derrière moi, et pas devant moi, mais juste à côté de moi, sur la même marche, pas à pas, et passe un bras autour de mon épaule, parce que ça te fera certainement te sentir mieux, et ainsi, en sécurité, protégés, ensemble, nous allons descendre.
- Est-ce que tu vas tirer ton épée avec ta main libre ?
- Je l'ai déjà fait. Est-ce que tu vas serrer le poing avec la tienne ?
- Il est serré.
- Alors regardons le bon côté des choses : nous vivons une aventure, Fezzik, et la plupart du temps les gens vivent et meurent sans être aussi chanceux que nous. »
Ils descendirent une marche. Puis une autre. Puis deux, puis trois, comme ils avaient pris le coup.
« Pourquoi penses-tu qu'ils ont fermé la porte derrière nous ? demanda Fezzik pendant qu'ils descendaient.
- Pour ajouter du piment à notre voyage, je suppose, » répliqua Inigo. C'était certainement une des ses plus faibles réponses, mais ce qu'il avait trouvé de mieux.
« C'est là que commence le virage, » dit Fezzik, et ils ralentirent, prenant le virage serré sans trébucher, continuant à descendre. « Et ils ont éteint les bougies pour la même raison... pour épicer ?
- Certainement. Ne m'écrase pas si fort...
- Toi, ne m'écrase pas si fort... »
À ce moment là ils surent qu'ils y étaient.
Il y a, depuis de nombreuses années, une longue bataille parmi les zoologistes spécialistes de la jungle pour savoir quel serpent géant est le plus gros. Les hommes de l'anaconda trompettent toujours que le spécimen de l'Orénoque pesait bien plus de 220 kg, alors que les gens du python ne manquent jamais de répliquer en pointant le fait que le Rocher Africain trouvé au bord du Zambèze mesurait 10,50 m. La discussion, bien sûr, est idiote, puisque « gros » est un mot vague, qui n'a aucune valeur dans les discussions, si elles sont sérieuses.
Mais n'importe quel amateur de serpents admettrait, quelle que soit son école, que le Garstini arabe, bien que plus court que le python et plus léger que l'anaconda, est plus rapide et plus féroce que les deux, et le spécimen du prince Humperdinck était non seulement remarquable pour sa vitesse et son agilité, il était aussi gardé en permanence juste au bord de la périphérie de la famine, alors le premier anneau arriva comme un éclair en tombant d'au-dessus d'eux et emprisonna leurs mains ce qui fit que le poing et l'épée étaient inutiles et le second anneau emprisonna leurs bras et « Fais quelque chose... cria Inigo.
- Je ne peux pas... je suis pris... toi, fais quelque chose...
- Combats-le, Fezzik...
- Il est trop fort pour moi...
- Rien n'est trop fort pour toi... »
Le troisième anneau était là maintenant, autour des épaules, et le troisième anneau, le dernier anneau, tournait autour de la gorge, et Inigo murmura de terreur, parce qu'il pouvait entendre le souffle de la bête maintenant, il pouvait en faite sentir sa respiration : « Combats-le... je... je... »
Fezzik trembla de peur et murmura : « Pardonne-moi, Inigo.
- Oh, Fezzik... Fezzik...
- Quoi... ?
- J'avais de ces rimes pour toi...
- Quelles rimes ?... »
Silence.
Le dernier anneau s'était refermé.
« Inigo, quelles rimes ? »
Silence.
Respiration de serpent.
« Inigo, je veux connaître les rimes avant de mourir... Inigo, je veux vraiment savoir... Inigo, dis-moi les rimes, » dit Fezzik, et à ce moment-là il était vraiment frustré et, plus que ça, il était spectaculairement en colère et un bras se libéra d'un anneau et c'était un peu moins une corvée de se libérer du second anneau et cela voulait dire qu'il pouvait prendre ce bras et l'amener à l'aide du deuxième bras et maintenant il hurlait : « Tu ne vas nulle part avant que je connaisse ces rimes » et le son de sa propre voix était vraiment très impressionnant, profond et résonant, et qui était ce serpent de toute façon, qui se mettait sur le chemin de Fezzik alors qu'il y avait des rimes à apprendre, et à ce moment-là non seulement les deux bras étaient libres des trois anneaux, mais il était furieux de cette interruption et ses mains avancèrent vers la respiration du serpent, et il ne savait pas si les serpents avaient un cou ou pas, mais quoi que fut le nom qu'on donnait à cette partie qui était sous sa bouche, c'était la partie qu'il avait entre ses grandes mains et il lui donna un coup contre le mur et le serpent siffla et cracha, mais le quatrième anneau était plus lâche, alors Fezzik le frappa encore et une troisième fois et puis il ramena ses mains un peu et il commença à fouetter la bête contre les murs comme une lavandière battant une chemise contre les rochers, et quand le serpent fut mort, Inigo dit : « En fait, je n'ai pas de rime particulière à l'esprit ; je devait juste faire quelque chose pour te faire agir. »
Fezzik haletait terriblement après son travail. « Tu m'as menti, c'est ce que tu es en train de me dire. Mon seul ami de toute ma vie se trouve être un menteur. » Il commença à descendre l'escalier, Inigo trébuchant après lui.
Fezzik atteint la porte en bas et l'ouvrit et la claqua, avec Inigo qui réussit juste à se glisser à l'intérieur avant que la porte ne se fracasse.
Elle se verrouilla immédiatement.
Au bout du corridor, le panneau « Vers le Niveau Quatre » était clairement visible, et Fezzik se précipita vers lui. Inigo le suivit, se précipitant devant les empoisonneurs, les cobras cracheurs et les vipères du Gabon et, peut-être le plus rapidement mortel de tous, le charmant poisson-pierre tropical venant de l'océan près de l'Inde.
« Je m'excuse, dit Inigo. Un mensonge en trois ans, ce n'est pas une moyenne si terrible quand on considère qu'il a sauvé nos vies.
- Il y a des choses qu'on appelle des principes, » fut tout ce que Fezzik répondit, et il ouvrit la porte qui menait au quatrième niveau. « Mon père m'a fait promettre de ne jamais mentir, et pas une fois dans ma vie je n'ai été tenté, » et il commença à descendre.
« Stop ! dit Inigo. Au moins regarde où nous allons. »
C'était un escalier droit, mais complètement noir. L'ouverture à l'extrémité était invisible. « Ça ne peut pas être pire que ce par quoi nous venons de passer, » aboya Fezzik, et il descendit.
D'une certaine manière, il avait raison. Pour Inigo, les chauves-souris n'étaient pas le cauchemar ultime. Oh, il avait peur d'elles, comme tout le monde, et il courait et hurlait si elles s'approchaient ; dans sa tête, pourtant, l'enfer n'était pas infesté de chauves-souris. Mais Fezzik était un Turc, et les gens clament que la chauve-souris frugivore d'Indonésie est la plus grande du monde ; essayer de dire ça à un Turc un jour. Essayer de le dire à quiconque a entendu sa mère crier : « La chauve-souris royale arrive ! » suivie par les battement venimeux d'ailes.
« La chauve-souris royale arrive ! » cria Fezzik, et il était, assez littéralement, comme il se tenait au milieu de l'escalier, paralysé par la peur, et derrière lui maintenant, faisant son mieux pour combattre l'obscurité, venait Inigo, et il n'avait jamais entendu ce ton avant, pas venant de Fezzik, et Inigo ne voulait pas de chauves-souris dans ses cheveux non plus, mais ça ne valait pas ce genre de frayeur, alors il commença à dire : « Qui y a-t-il de si terrible avec les chauves-souris royales » mais « Qui » fut tout ce qu'il eut le temps de dire avant que Fezzik ne crie : « Enragées ! Enragées ! » et c'est tout ce qu'Inigo avait besoin de savoir, et il hurla : « Baisse-toi, Fezzik, » et Fezzik ne pouvait toujours pas bouger, alors Inigo le chercha dans l'obscurité alors que les battements devenaient plus forts et avec toute sa force il frappa le géant sur l'épaule braillant : « Baisse-toi » et cette fois Fezzik s'agenouilla avec obéissance, mais cela ne suffisait pas, pas vraiment, alors Inigo le frappa encore en criant : « Couché, couché, de tout ton long, » jusqu'à ce que Fezzik soit étendu tremblant sur les marches noires et Inigo s'agenouilla au-dessus de lui, la grande épée à six doigts volant dans ses mains, et ça y était, c'était un test pour voir à quel point les quatre-vingt-dix jours de cognac l'avaient emmené bas, ce qu'il restait du grand Inigo Montoya, car, oui, il avait étudié l'escrime, vrai, il avait passé sa vie et plus à apprendre l'attaque Agrippa et la défense Bonetti et bien sûr il avait étudié sa Thibault, mais il avait aussi, à un moment désespéré, passé un été avec le seul Écossais qui avait jamais compris l'épée, l'infirme MacPherson, et c'était MacPherson qui avait raillé tout ce qu'Inigo savait, c'était MacPherson qui avait dit : « Thibault, Thibault c'est bien si tu te bats dans un bal, mais que feras-tu si tu veux rencontrer ton ennemi sur un terrain incliné et que tu es en dessous de lui, » et pendant une semaine, Inigo avait étudié tous les mouvements par en dessous, et puis MacPherson le mit sur une colline dans la position supérieure, et quand les mouvements furent maîtrisés, MacPherson continua, car il était infirme, ses jambes ne bougeaient pas en dessous des genoux, alors il avait toujours une pensée pour l'adversité. « Et que feras-tu si ton ennemi t'aveugle ? dit une fois MacPherson. Il jette de l'acide dans tes yeux et maintenant il s'avance pour te tuer ; que fais-tu ? Dis-moi, Espagnol, survis à ça, Espagnol. » Et maintenant, en attendant la charge des chauves-souris royales, Inigo renvoya son esprit vers les mouvements MacPherson, et vous deviez dépendre de vos oreilles, vous trouviez son cœur par ses bruits, et maintenant, comme il attendait, au-dessus de lui Inigo pouvait sentir les chauves-souris royales se masser, pendant qu'au-dessous de lui Fezzik tremblait comme un chaton dans l'eau froide.
« Ne bouge pas ! » commanda Inigo, et ce fut le dernier son qu'il fit, parce qu'il avait besoin de ses oreilles maintenant, et il inclina sa tête vers les battements, la grande épée ferme dans sa main droite, la pointe mortelle faisant doucement des cercles dans l'air. Inigo n'avait jamais vu une chauve-souris royale, il ne savait rien d'elles : à quel point elles étaient grosses, comment elles venaient vers vous, à quel angle, et combien y en avait-il dans chaque charge ? Les battements étaient morts au-dessus de lui maintenant, trois mètres peut-être, peut-être plus, et les chauves-souris peuvent-elles voir dans la nuit ? Avaient-elles cette arme aussi ? « Allez ! » allait dire Inigo, mais ça n'était pas la peine, parce que dans la ruée d'ailes à laquelle il s'attendait et un long hurlement aigu auquel il ne s'attendait pas, la première chauve-souris royale fondit sur lui.
Inigo attendit, attendit, le battement partait vers la gauche, et ça n'allait pas, parce qu'il savait où il était et les bêtes aussi, alors cela voulait dire qu'elles devaient préparer quelque chose pour lui, un coup, un virage soudain, et avec tout le contrôle qui lui restait à l'esprit il garda son épée juste comme elle était, tournant doucement, sans suivre le son jusqu'à ce que le battement cesse et la chauve-souris vira en silence vers le visage d'Inigo.
L'épée à six doigts la fendit comme du beurre.
Le râle de mort de la chauve-souris royale était proche de l'humain, seulement un peu plus haut perché et plus court, et Inigo fut seulement intéressé brièvement parce que maintenant il y avait un double battement ; elles venaient vers lui de deux côtés et une à droite, une à gauche, et MacPherson lui avait dit de toujours bouger de la force vers la faiblesse, alors Inigo perça d'abord à droite, puis fendit à gauche, et deux autres râles quasi humains passèrent. L'épée était lourde maintenant, trois bêtes mortes changeaient l'équilibre, et Inigo voulait les débarrasser de l'arme, mais il y eut un autre battement, un seul, et sans virement cette fois, tout droit et mortellement vers son visage et il baissa la tête et fut chanceux ; l'épée s'éleva et plongea dans le coeur de la bête mortelle et maintenant il y avait quatre brochettes sur l'épée légendaire, et Inigo savait qu'il n'allait pas perdre son combat et de sa gorge sortirent ces mots : « Je suis Inigo Montoya et je suis toujours le Magicien ; je vous attends, » et quand il entendit trois d'entre elles battre des ailes, il souhaita avoir été juste un peu plus modeste, mais il était trop tard pour ça, alors il lui fallait une surprise, et il en fit une, changea de position par rapport aux bêtes, se leva, interceptant leur plongeon bien avant qu'elles ne s'y attendent, et maintenant il y avait sept chauves-souris royales et son épée était complètement déséquilibrée et c'était une mauvaise chose, une chose dangereuse, en dehors d'un détail important : il y avait le silence maintenant dans l'obscurité. Les battements d'ailes étaient finis.
« Quel géant tu fais, » dit alors Inigo, et s'écarta de Fezzik et se précipita en bas de l'escalier noir.
Fezzik se leva et, avançant à pas lourds derrière lui, dit : « Inigo, écoute, j'ai fait une erreur, tu ne m'as pas menti, tu m'as joué un tour, et père disait toujours que jouer des tours c'était bien, alors je ne t'en veux plus, et ça te va ? Ça me va. »
Ils tournèrent la poignée de la porte au pied de l'escalier noir et entrèrent dans le quatrième niveau.
Inigo le regarda. « Tu veux dire que tu me pardonnes complètement d’avoir sauvé ta vie si je te pardonne complètement d’avoir sauvé la mienne ?
- Tu es mon ami, mon seul ami.
- Pathétique, c'est ce que tu es, dit Inigo.
- Athlétique.
- C'est très bien, » dit Inigo, et Fezzik sut qu'ils étaient amis de nouveau. Ils avancèrent vers le signe qui disait : « Vers le Niveau Cinq », en passant devant d'étranges cages. « C'est le pire jusqu'ici, » dit Inigo, et il sauta en arrière, parce que derrière un cage en verre pâle, un aigle sanglant était en train de manger se qui ressemblait à un bras. Et de l'autre côté, il y avait un grand bassin sombre, et ce qu'il y avait dedans était sombre et avec beaucoup de bras et l'eau semblait être sucée vers le centre du bassin où était la bouche de la chose. « Dépêchons-nous, » dit Inigo, et il se trouva tout tremblant à la pensée de tomber dans le bassin sombre.
Ils ouvrirent la porte et regardèrent vers le cinquième niveau.
Épatant.
En premier lieu, la porte qu'ils avaient ouverte n'avait pas de verrou, alors elle ne pouvait pas les piéger. Et en second lieu l'escalier était tout brillamment éclairé. Et en troisième lieu l'escalier était absolument droit. Et en quatrième lieu, ça n'était pas un grand escalier du tout.
Et surtout, il n'y avait rien dedans. Il était brillant et propre et totalement, sans le moindre doute, vide.
« Je n'y crois pas une minute, » dit Inigo, et, tenant son épée prête, il descendit la première marche. « Reste près de la porte... les bougies vont s'éteindre dans une seconde. »
Il descendit une deuxième marche.
Les bougies restèrent allumées.
Une troisième marche. La quatrième. Il y avait seulement une douzaine de marches en tout, et il en descendit deux autres, s'arrêtant au milieu. Chaque marche était peut-être large de 30 cm, il était donc à 1,80 m de Fezzik, à 1,80 m de la grande porte ornée d'une poignée verte qui s'ouvrait sur le cinquième niveau. « Fezzik ? »
En provenance de la porte supérieure : « Quoi ?
- Je suis effrayé.
- Tout a l'air bien pourtant.
- Non. C'est fait exprès ; c'est pour nous tromper. Quoi que nous ayons passé jusqu'ici, ça doit être pire.
- Mais il n'y a rien à voir, Inigo. »
Inigo hocha la tête. « C'est pourquoi je suis effrayé. » Il descendit une autre marche vers la dernière porte ornée d'une poignée verte. Une autre. Quatre marches encore. Quatre pas encore.
1,20 m de la mort.
Inigo descendit une autre marche. Il tremblait maintenant ; presque hors de contrôle.
« Pourquoi trembles-tu ? » dis Fezzik d'en haut.
« La mort est ici. La mort est ici. » Il descendit une autre marche.
60 cm de la mort.
« Puis-je te rejoindre maintenant ? »
Inigo secoua la tête. « Il n'y a pas de raison que tu meures aussi.
- Mais c'est vide.
- Non. La mort est ici. » Maintenant il avait perdu contrôle. « Si je pouvait le voir, je pourrais le combattre. »
Fezzik ne savait pas quoi faire.
« Je suis Inigo Montoya le Magicien ; je vous attends ! » Il se tourna encore et encore, l'épée prête, examinant l'escalier brillamment éclairé.
« Tu me fais peur aussi maintenant, » dit Fezzik, et il laissa la porte se fermer derrière lui et commença à descendre l'escalier.
Inigo monta vers lui : « Non. » Ils se rejoignirent sur la sixième marche.
1,20 m de la mort maintenant.
La recluse verte tachetée ne tue pas aussi vite que le poisson-pierre. Et beaucoup pensent que le mamba apporte plus de douleur, avec les ulcérations et tout ça. Mais gramme pour gramme, rien dans l'univers ne s'approche de la recluse verte tachetée ; parmi les autres araignées, comparée à la recluse verte tachetée, la veuve noire est une poupée de chiffon. La recluse du prince Humperdinck vivait derrière la poignée verte qui ornait la porte inférieure. Elle bougeait rarement, à moins que la poignée ne bouge. Puis elle frappait comme l'éclair.
Sur la sixième marche, Fezzik mit son bras autour de l'épaule d'Inigo. « Nous allons descendre ensemble, marche après marche. Il n'y a rien ici, Inigo. »
Septième marche. « Il doit y avoir quelque chose.
- Pourquoi ?
- Parce que le Prince est un monstre. Et Rugen est son jumeau dans la souffrance. Et ceci est leur chef-d'œuvre. » Ils descendirent sur la huitième marche.
« C'est très bien pensé, Inigo, » dit Fezzik, fort et calmement ; mais, dedans, il commençait à partir en pièce. Parce qu'il était là, dans ce chouette endroit brillant, et son seul ami dans le monde craquait sous la pression. Et si vous étiez Fezzik, et que vous n'aviez pas beaucoup de puissance intellectuelle, et que vous vous trouviez quatre étages sous terre dans un Zoo de la Mort à chercher un homme en noir que vous pensez vraiment ne pas être là dessous, et le seul ami que vous avez au monde était en train de devenir fou, que feriez-vous ?
Trois marches maintenant.
Si vous étiez Fezzik, vous paniqueriez, parce que si Inigo devenait fou, cela voulait dire que le chef de toute cette expédition c'était vous, et si vous étiez Fezzik, vous sauriez que la dernière chose au monde que vous voudriez être c'est un chef. Alors Fezzik fit ce qu'il faisait toujours dans une situation de panique.
Il s'emballa.
Il cria et sauta vers la porte et l'ouvrit d'un coup d'épaule, sans jamais s'embêter avec les subtilités de l'utilisation de cette jolie poignée verte, et comme la porte craquait sous sa force il continua de courir jusqu'à ce qu'il arrive à la cage géante et là, dedans, inanimé, l'homme en noir était étendu. Fezzik s'arrêta alors, grandement soulagé, parce que voir ce corps silencieux voulait dire une chose : Inigo avait raison, et si Inigo avait raison, il ne pouvait être dingue, et s'il n'était pas dingue, alors Fezzik n'allait devoir mener personne nulle part. Et quand cette pensée atteignit son cerveau, Fezzik sourit.
Inigo, de son côté, était étonné de l'étrange comportement de Fezzik. Il n'y voyait aucune raison, et il était sur le point d'appeler Fezzik quand il vit une minuscule araignée verte tachetée fuyant de la poignée verte, alors il marcha dessus avec sa botte en courant vers la cage.
Fezzik était déjà dans la place, s'agenouillant à côté du corps.
« Ne me le dis pas, » dit Inigo en entrant.
Fezzik essayé de ne pas le dire, mais c'était marqué sur son visage. « Mort. »
Inigo examina le corps. Il avait vu beaucoup de corps en son temps. « Mort. » Puis il s'assit misérablement sur le sol et, un bras autour de ses genoux, se balança d'avant en arrière comme un bébé, d'avant en arrière, d'avant en arrière en avant.
C'était trop injuste. On s'attend à l'injustice quand on respire, mais on dépassait ça. Lui, Inigo, pas un penseur, avait pensé - n'avait-il pas trouvé l'homme en noir ? Lui, Inigo, effrayé par les bêtes et les rampant et tout ce qui piquait, les avait menés dans le Zoo de la Mort sans arme. Il avait dit au revoir à la précaution et était allé bien plus loin qu'aucune limite qu'il eut jamais rêvé avoir. Et maintenant, après tant d'efforts, après avoir été réunis avec Fezzik en ce jour des jours pour ce but, trouver un homme pour l'aider à trouver un plan pour l'aider à venger feu Domingo - envolé. Tout s'était envolé. L'espoir ? Envolé. Le futur ? Envolé. Toutes les forces de sa vie. Envolé. Étouffé. Vaincu. Mort.
« Je suis Inigo Montoya, le fils de Domingo Montoya, et je ne l'accepte pas. » Il sauta sur ses pieds, commença à remonter l'escalier souterrain, s'arrêtant juste assez longtemps pour aboyer des ordres. « Viens, viens, suis-moi. Emmène le corps. » Il chercha dans ses poches pendant un instant, mais elles étaient vides, à cause du cognac. « As-tu un peu d'argent, Fezzik ?
- Un peu. Ils paient bien dans la brigade des brutes.
- Bien, j'espère juste que ça suffira pour acheter un miracle, c'est tout. »
* * *
Quand il entendit frapper à la porte de son cabanon, Max faillit ne pas répondre. « Allez-vous en, » faillit-il dire, parce que dernièrement il n'y avait que les gamins qui venaient se moquer de lui. Excepté qu'il était un peu tard pour que les gamins soient encore debout - il était passé minuit - et de plus, les coups étaient à la fois forts et, en même temps, tambourinants, comme si l'esprit disait au poing : « Dépêche-toi ; je veux un peu d'action. »
Alors Max ouvrit la porte pour passer un coup d'œil. « Je ne vous connais pas.
- N'êtes-vous pas Max le Miraculeux qui a travaillé toutes ces années pour le Roi ? dit le type mince.
- J'ai été viré, vous ne le saviez pas ? C'est un sujet douloureux, vous n'auriez pas dû le mentionner, bonne nuit, la prochaine fois apprenez un peu les bonnes manières, » et il ferma la porte du cabanon.
Toc toc... toc toc.
« Allez-vous en, je vous dis, ou j'appelle la brigade des brutes.
- Je suis dans la brigade des brutes, » dit l'autre voix de l'autre côté de la porte, une grosse voix profonde avec laquelle on voulait rester ami.
« Nous avons besoin d'un miracle ; c'est très important, dit le type mince de l'extérieur.
- J'ai pris ma retraite, dit Max, de toute façon, vous voudriez pas de quelqu'un dont le Roi s'est débarrassé, n'est-ce pas ? Je pourrais tuer le miraculé.
- Il est déjà mort, dit le type mince.
- Déjà, hein ? » dit Max, il y avait un peu d'intérêt dans sa voix maintenant. Il ouvrit de nouveau la porte pour passer un coup d'œil. « Je suis bon avec les morts.
- S'il vous plaît, dit le type mince.
- Amenez-le à l'intérieur. Je ne fais aucune promesse, » répondit Max le Miraculeux après réflexion.
Ce type immense et ce type mince amenèrent ce grand type et le posèrent sur le sol du cabanon. Max le poussa du bout du doigt. « Pas plus raide que d'autres, » dit-il.
Le type mince dit : « Nous avons de l'argent.
- Alors allez trouver un grand génie spécialiste, pourquoi pas ? Pourquoi gâcher votre temps avec moi, un type que le Roi a viré ? » Cela l'avait presque tué à l'époque. Pendant les deux premières années, il l'aurait souhaité. Ses dents tombèrent tellement elles grinçaient ; il s'était arraché les dernières loyales touffes de cheveux de son crâne dans une colère folle.
« Vous êtes le dernier faiseur de miracles qui reste en Florin, dit le type mince.
- Oh, voilà pourquoi vous venez me voir ? L'un d'entre vous a dit : "Que ferons-nous du corps ?" Et l'autre a dit : "Prenons le risque de demander à ce faiseur de miracle que le Roi a viré," et le premier a probablement dit : "Qu'avons-nous à perdre ; il ne peut pas tuer un cadavre" et l'autre a probablement dit...
- Vous étiez un merveilleux faiseur de miracles, dit le type mince. C'est pour la politique que vous avez été viré.
- Ne m'insultez pas, pas merveilleux... j'étais génial... je suis génial... il n'y a jamais eu... jamais, tu m'entends, fiston, un faiseur de miracles qui pouvait me dépasser... la moitié des techniques de miracle, je les ai inventées... et puis ils m'ont viré... » Soudainement sa voix faiblit. C'était un très vieil homme et faible et l'effort de ce discours passionné l'avait vidé.
« Monsieur, s'il vous plaît, asseyez-vous... dit le type mince.
- Ne me sers pas du "monsieur", fiston, » Il était coriace quand il était jeune et il était toujours coriace. « J'ai du travail à faire. Je nourrissais ma sorcière quand vous êtes entrés ; je dois finir maintenant, » et il souleva la trappe du cabanon et descendit l'échelle dans le cellier, verrouillant la porte derrière lui. Quand cela fut fait, il mit son doit sur ses lèvres et courut vers la vieille femme qui cuisinait du chocolat chaud sur les braises. Max avait épousé Valérie il y avait un million d'années, à ce qu'il semblait, à l'école de Miracle, où elle travaillait comme préparatrice de potions. Elle n'était pas, bien sûr, une sorcière, mais quand Max commença à pratiquer, tous les faiseurs de miracles devait en avoir une, alors, puisque ça ne gênait pas Valérie, il l'appelait sorcière en publique et elle apprit assez du métier de sorcière pour se faire passer pour une sous la pression. « Écoute ! Écoute ! » murmura Max, faisant des mouvements vers le cabanon au-dessus. « Tu ne devineras jamais ce que j'ai en haut... un géant et un latino.
- Un géant au casino ? » dit Valérie, les mains sur le cœur ; son cœur n'était pas ce qu'il avait été.
« Latino ! Latino ! Un type d'Espagne. Cicatrices et tout, un sacré dur à cuire.
- Laisse-les voler ce qu'ils veulent ; qu'avons-nous qui mérite qu'on se batte ?
- Ils ne veulent pas voler, ils veulent acheter. Moi. Ils ont cadavre là haut et ils veulent un miracle.
- Tu as toujours été bon avec les morts, » dit Valérie. Elle ne l'avait jamais vu essayer si fort de ne pas avoir l'air excité depuis que sa mise à la porte l'avait brisé. Elle tint très précautionneusement sa propre excitation sous contrôle. Si seulement il pouvait travailler à nouveau. Son Max était un tel géni, ils reviendraient tous, chaque patient. Max serait honoré de nouveau et ils pourraient déménager du cabanon. Dans le temps, le cabanon servait pour les expériences. Maintenant c'était la maison. « Tu n'avais rien d'autre d'urgent ce soir, pourquoi ne pas prendre la cas ?
- Je pourrais, je l'admets, sans aucun doute, mais imagine si je le faisais ? Tu connais la nature humaine ; ils essaieraient probablement de s'en sortir sans payer. Comment puis-je forcer un géant à payer s'il ne veut pas ? Qui a besoin de ce genre de souci ? Je vais les renvoyer et tu m'apporteras une bonne tasse de chocolat chaud. De plus, j'étais en plein dans un article sur les serres d'aigles qui est très bien écrit.
- Prends l'argent à l'avance. Allez. Demande. S'ils disent non, jette-les. S'ils disent oui, descends-moi l'argent, je le donnerai à la grenouille, ils ne le trouveront pas même s'ils changent d'avis et essaient de le voler. »
Max commença à remonter l'échelle. « Combien devrais-je demander ? Je n'ai pas fait de miracle... en quoi, trois ans maintenant ? Les prix ont dû monter en flèche. Cinquante, tu penses ? S'ils ont cinquante, je vais y penser. Sinon, je les jette.
- D'accord, » répondit Valérie, et à la minute où Max ferma la trappe, elle escalada silencieusement l'échelle et colla son oreille au plafond.
« Monsieur, nous sommes terriblement pressés, alors... dit une voix.
- Ne me presse pas, fiston, vous pressez un faiseur de miracles, vous avez des miracles pourris, c'est c'que vous voulez ?
- Vous allez le faire, alors ?
« Je n'ai pas dit que j'le ferai, fiston, n'essaie pas mettre la pression à un faiseur de miracles, pas celui-ci ; tu me mets la pression, je te jette, combien d'argent tu as ?
- Donne-moi ton argent, Fezzik ? dit encore la même voix.
- Voici tout ce que nous avons, gronda la grosse voix. Compte, Inigo. »
Il y eut une pause. « Soixante-cinq, c'est ce que nous avons, » dit celui qui s'appelait Inigo.
Valérie était sur le point d'applaudir de joie quand Max dit : « Je n'ai jamais travaillé pour si peu de ma vie ; vous devez plaisanter, excusez-moi encore ; je dois faire roter ma sorcière ; elle a fini de manger maintenant. »
Valérie courut vers la cheminée et attendit jusqu'à ce que Max la rejoigne. « Ça ne va pas, dit-il. Ils n'ont que vingt. »
Valérie remua les braises dans le fourneau. Elle savait la vérité, mais craignait d'avoir à le dire, alors elle changea de tactique. « Nous n'avons pratiquement plus de chocolat en poudre ; vingt pourraient certainement nous aider demain au troc.
- Pas de chocolat en poudre ? dit Max, visiblement énervé. Le chocolat était un de ses favoris, juste après les bonbons contre la toux.
« Peut-être, si c'était pour une bonne cause, tu pourrais baisser tes prix pour travailler pour vingt, dit Valérie. Trouve pourquoi ils ont besoin de ce miracle.
- Ils vont probablement mentir.
- Utilise le soufflet si tu as un doute. Écoute : je détesterais garder sur la conscience le fait de ne pas avoir fait un miracle quand des gens bien sont impliqués.
- Tu sais ce que tu veux, » dit Max, mais il retourna en haut. « OK, dit-il au type mince. Qu'y a-t-il de si spécial que je doive ramener, parmi les centaines de personnes qui me harcèlent tous les jours pour avoir des miracles, ce type en particulier ? Et, croyez-moi, ça a intérêt à en valoir la peine. »
Inigo allait dire : « Pour qu'il me dise comment tuer le comte Rugen, » mais ça ne semblait pas vraiment être le genre de choses qu'un faiseur de miracles grincheux considérerait comme améliorant l'humanité en général, alors il dit : « Il a une femme, il a quinze enfants, ils n'ont pas une miette à manger ; s'il reste mort, ils mourront de faim, alors...
- Oh, fiston, quel menteur, » dit Max, et il se dirigea vers un coin et pris un énorme soufflet. « Je vais lui demander, » grogna Max, soulevant les soufflets vers Westley.
« C'est un cadavre ; il ne peut pas parler, dit Inigo.
- J'en ai les moyens, » fut tout ce que Max répondit, et il mit l'énorme soufflet tout au fond de la gorge de Westley et commença à pomper. « Vous voyez, expliqua Max pendant qu'il pompait, il y a différentes sortes de morts : ils sont un peu morts, presque morts, et complètement morts. Ce type-là, il n'est qu'un peu mort, ce qui veut dire qu'il y a encore des souvenirs dedans, il y a toujours des bouts d'esprit. Vous appuyez un peu ici, un peu plus là, quelque fois on a des résultats. »
Westley commençait à gonfler légèrement maintenant avec tout ce pompage.
« Que faites-vous ? dit Fezzik qui commençait à être énervé.
- Peu importe, je remplis juste ses poumons ; je vous garantis que ça ne lui fait pas mal. » Il arrêta de pomper sur le soufflet après quelques instants, et puis il commença à crier dans l'oreille de Westley : « Qu'y a-t-il de si important ? Qu'est-ce qui mérite de revenir ? Qu'est-ce qui t'attend ? » Max rapporta alors le soufflet dans le coin et pris un papier et un crayon. « Cela prends un peu de temps pour sortir, alors vous pouvez tout aussi bien répondre à quelques questions. À quel point connaissez-vous ce type ? »
Inigo ne voulait pas vraiment répondre à cela, vu que ça aurait paru étrange d'admettre qu'ils ne l'avaient rencontré qu’une fois, et pour se battre à mort. « Que voulez-vous dire exactement ? répliqua-t-il.
- Eh bien, par exemple, dit Max, était-il chatouilleux ou pas ?
- Chatouilleux , explosa Inigo avec colère. Chatouilleux ! Il est question de vie et de mort et vous parler de chatouilles !
- Ne me crie pas dessus, explosa Max en retour, et ne te moque pas de mes méthodes - les chatouilles peuvent être terribles dans certaines cas. J'ai eu un cadavre un jour, pire que ce type, presque mort, et je l'ai chatouillé et chatouillé ; j'ai chatouillé ses orteils et je l'ai chatouillé sous les bras et dans les côtes et j'ai pris une plume de paon et j'ai chatouillé son nombril ; j'ai travaillé toute la journée et j'ai travaillé toute la nuit et à l'aube suivante - à l'aube suivante, je vous le fais remarquer - ce corps dit : "Je déteste ça," et j'ai dit : "Déteste quoi ?" et il a dit : "Être chatouillé ; j'ai fait tout le chemin en sens inverse depuis la mort pour vous demander de vous arrêter," et j'ai dit : "Vous voulez dire que ce que je vous fais maintenant avec la plume de paon, cela vous gêne ?" et il a dit : "Vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela me gêne," et bien sûr j'ai continué à lui poser des questions sur les chatouilles, je le faisais parler, me répondre, parce que, je n'ai pas besoin de vous le dire, une fois qu'on a un cadavre vraiment pris dans la conversation, votre bataille est à moitié gagnée.
- P... uuuuur... amu... »
Fezzik s'accrocha à Inigo en panique et ils se tournèrent tous les deux, fixant l'homme en noir, qui était silencieux de nouveau. « "Pur amour", c'est ce qu'il a dit, cria Inigo. Vous l'avez entendu... l'amour pur, c'est pourquoi il veut revenir. Ça en vaut certainement la peine.
- Fiston, ne me dit pas ce qui vaut la peine - l'amour pur est la meilleure chose au monde, excepté les bonbons contre la toux. Tout le monde le sait.
- Alors vous allez le sauver ? dit Fezzik.
- Oui, absolument, je l'aurais sauvé, s'il avait dit : "Pur amour", mais vous avez mal entendu, alors que moi, étant un spécialiste du soufflet, je vous dirai ce que n'importe quel linguiste serait heureux de vérifier - à savoir, que je son b est le plus difficile à maîtriser pour un cadavre, et qu'il est donc sorti comme un meuh, et ce que votre ami a dit c'est "pour la mousse", ce qui voulait dire, manifestement, "pour la bourse" - clairement il est soit impliqué dans une affaire louche soit dans un vol et il veut sa part, et ce n'est certainement pas une assez bonne raison pour un miracle. Je suis désolé, je ne change pas d'avis une fois que j'en ai un, au revoir, prenez votre cadavre avec vous.
- Menteur ! Menteur ! » sortit soudainement de la trappe ouverte.
Max le Miraculeux fit volte-face. « En arrière, Sorcière... commanda-t-il.
- Je ne suis pas une sorcière, je suis ta femme - elle avançait vers lui maintenant, une vieille furie minuscule - et après ce que tu viens juste de faire je ne pense pas vouloir encore l'être. » Max le Miraculeux essaya de la calmer, mais elle ne voulait rien savoir. « Il a dit : "Pur amour," Max - même moi j'ai pu l'entendre - "pur amour", "pur amour".
- Arrête, » dit Max, et maintenant il y avait des supplications.
Valérie se tourna vers Inigo. « Il vous rejette parce qu'il a peur... il a peur d'être fini, que les miracles aient disparus de ses doigts qui avaient été grandioses...
- C'est pas vrai... dit Max.
- Tu as raison, accorda Valérie, ce n'est pas vrai... ils n’ont jamais été grandioses... tu n'as jamais été bon.
- La cure de chatouilles... tu étais là... tu as vu...
- Un coup de pot...
- Tous les noyés que j'ai ramenés...
- De la chance...
- Valérie, nous sommes marié depuis quatre-vingts ans ; comment peux-tu me faire ça ?
- Parce que le pur amour est en train de mourir et tu n'as pas ma décence de dire pourquoi tu ne les aide pas... eh bien je le fais, et je dis ceci : le prince Humperdinck a eu raison de te virer...
- Ne prononce pas ce nom dans mon cabanon, Valérie... tu as fait la promesse de ne jamais souffler ce nom...
- Prince Humperdinck, prince Humperdinck, prince Humperdinck... au moins il reconnaît un imposteur quand il en voit un... »
Max couru vers la trappe, les mains sur les oreilles.
« Mais c'est le vrai amour de sa fiancée, dit alors Inigo. Si vous le ramenez à la vie, il arrêtera le mariage du prince Humperdinck... »
Les mains de Max quittèrent ses oreilles. « Ce cadavre, là... il revient à la vie, le prince Humperdinck souffre ?
- Humiliation à gogo, dit Inigo.
- Voilà ce que j'appelle une raison qui en vaut la peine, dit Max le Miraculeux. Donnez-moi les soixante-cinq ; je prends le cas. » Il s'agenouilla près de Westley. « Hmmm, dit-il.
- Quoi ? » dit Valérie. Elle connaissait ce ton.
« Pendant que tu papotais, il est passé d'un peu mort à presque mort. »
Valérie tapota Westley à plusieurs endroits. « Il raidit, dit-elle. Il va falloir que tu travailles ça. »
Max tapota lui-même. « Penses-tu que l'oracle est toujours debout ? »
Valérie regarda l'horloge. « Je ne pense pas, il est presque une heure. De plus, je ne lui fais plus trop confiance. »
Max hocha la tête. « Je sais, mais ça aurait été bien d'avoir un petit indice pour savoir si ça va marcher ou non. » Il se frotta les yeux. « Je suis fatigué de tout ça ; j'aimerais avoir su à l'avance pour ce travail ; j'aurais fait un somme cette après-midi. » Il haussa les épaules. « On y peut rien, ce qui est fait est fait. Donne-moi l'Encyclopédie des Sorts et l'Appendice des Formules.
- Je pensais que vous saviez tout sur ce genre de choses, » dit Inigo, qui commençait à être énervé aussi maintenant.
« Je manque de pratique, je suis retraité ; cela fait trois ans, il ne faut pas faire n'importe quoi avec ces recettes de résurrection ; un seul petit ingrédient faux, tout te saute à la figure.
- Voici le livre des formules et tes lunettes, » poussa Valérie en montant l'échelle. Pendant que Max commençait à le feuilleter, elle se tourna vers Inigo et Fezzik qui tournaient en rond. « Vous pouvez nous aider ; dit-elle.
- Tout ce que vous voulez, dit Fezzik.
- Dites-nous ce qui peut être utile. Combien de temps avons-nous pour le miracle ? Si nous le faisons...
- Quand nous le ferons, » dit Max de son livre de formules. Sa voix devenait plus forte.
« Quand nous le ferons, continua Valérie, combien de temps doit-il garder sa pleine puissance ? Que doit-il se passer exactement ?
- Eh bien, c'est dur à dire, dit Inigo, étant donné que la première chose que nous devons faire c'est prendre le château d'assaut, et on ne peut jamais vraiment être sûr si ce genre de choses va marcher.
- Une pilule d'une heure devrait être bien, dit Valérie. Soit c'est bien assez soit vous êtes tous les deux morts, alors pourquoi ne pas dire une heure ?
- Nous nous battrons tous les trois, corrigea Inigo. Et puis une fois que nous aurons pris d'assaut le château nous devons arrêter le mariage, voler la Princesse et nous échapper, laissant de la place là-dedans pour que je combatte en duel le comte Rugen. »
L'énergie de Valérie disparut visiblement. Elle s'assit péniblement. « Max, dit-elle en tapant son épaule. Pas la peine. »
Il leva les yeux. « Hein ?
- Ils ont besoin d'un corps qui puisse se battre. »
Max ferma le livre de formules. « Pas la peine, dit-il.
- Mais j'ai acheté un miracle, insista Inigo. Je vous ai donné les soixante-cinq.
- Écoute - Valérie cogna la poitrine de Westley - rien. As-tu jamais entendu quelque chose sonner aussi creux ? La vie de cet homme a été aspirée. Cela prendra des mois avant qu'il ait à nouveau de la force.
- Nous n'avons pas des mois... il est une heure passée maintenant, et le mariage est à six heures ce soir. Quelles parties pouvons-nous espérer avoir en état de marche dans dix-sept heures ?
- Eh bien, dit Max en réfléchissant. Certainement la langue, absolument le cerveau, et, avec de la chance, peut-être une petite marche lente si vous le poussez gentiment dans la bonne direction. »
Inigo regarda Fezzik avec désespoir.
« Que puis-je vous dire ? dit Max. Vous demandez une fantasmagorie.
- Et vous n'auriez jamais pu en avoir une pour ces soixante-cinq, » ajouta Valérie en consolation.
* * *
Une petite coupe ici, vingt pages peut-être. Ce qui arrive est, fondamentalement, une alternance de scènes - ce qu'il se passe au château, puis quelle est la situation avec le faiseur de miracles, aller-retour, et à chaque changement il donne l'heure, genre : « Il était alors onze heures avant les six heures », ce genre de choses. Morgenstern utilise ce procédé principalement parce que tout ce par quoi il est intéressé, comme toujours, c'est par tout ce truc de satire antimonarchique et à quel point ils étaient stupides de passer par toutes ces vieilles traditions, embrasser l'anneau sacré d'arrière-grand-père Untel, etc.
Il y a quelques trucs d'action que je coupe, ce que je n'ai jamais fais nulle part ailleurs, et voici ma logique : Inigo et Fezzik doivent passer par un certain nombre de hauts faits pour pouvoir revenir avec les bons ingrédients pour la pilule de résurrection, des trucs comme Inigo qui doit trouver de la poussière de grenouille pendant que Fezzik est parti à la recherche de boue d'holocauste, ce qui, par exemple, exigera, premièrement, que Fezzik trouve un manteau d'holocauste pour qu'il ne se brûle pas à mort en ramassant la boue, etc. Eh bien, c'est ma conviction que c'est la même chose que le Magicien d'Oz envoyant les amis de Dorothée au château de la méchante sorcière pour les pantoufles de rubis ; ça a la même « sensation », si vous voyez ce que je veux dire, et je ne voulais pas risquer que, quand le livre atteint son paroxysme, le lecteur dise : « Oh, c'est comme le truc de Oz. » Voici un contre-jour, pourtant : la version florine de Morgenstern est venue avant que Baum n'écrive Le Magicien d'Oz, alors même s'il était initiateur, c’est en fait tout le contraire. Ça serait bien si quelqu’un, peut-être un candidat au doctorat en liberté, faisait un petit quelque chose pour la réputation de Morgenstern, parce que, croyez-moi, si être ignoré est une souffrance, ce type a souffert.
L’autre raison pour laquelle j’ai fait la coupure est celle-ci : on sait que la pilule de résurrection doit marcher. On ne passe pas tout ce temps avec un couple de fadas comme Max et Valérie pour que ça rate. Au moins, un magicien comme Morgenstern ne le fait pas.
Une dernière chose : Hiram, mon éditeur, pensait que la partie Max le Miraculeux était trop juive, trop contemporaine. Je l‘ai vraiment laissé avoir le dernier mot sur ce point ; c’est un point très douloureux pour moi, parce que, juste pour prendre un exemple, il y avait cette ligne dans Butch Cassidy et le Kid où Butch dit : « J’ai des visions et le reste du monde porte des lunettes, » et un de mes géniaux producteurs dit : « Cette ligne doit disparaître ; je ne mets pas mon nom sur ce film avec cette ligne dedans, » et j’ai dit pourquoi et il a dit : « Ils ne parlaient pas comme ça alors ; c’est anachronique. » Je me souviens lui avoir expliqué : « Ben Franklin portait des lunettes… Ty Cobb était batteur dans l’American League à l’époque de ces gars… ma mère était vivante quand ces gars étaient vivants et elle portait des lunettes. » Nous nous serrâmes la main et restèrent ennemis mais la ligne resta dans le film.
Et donc l’idée c’est, si Max et Valérie sonnent juifs, pourquoi pas ? Vous pensez qu’un gars qui s’appelait Simon Morgenstern était catholique irlandais ? C’est marrant… les vieux de Morgenstern s’appelaient Max et Valérie et son père était médecin. La vie qui imite l’art, l’art qui imite la vie ; je confonds vraiment les deux, genre je peux plus me rappeler si le clairet est un vin de Bordeaux ou de Bourgogne. Ils sont tous les deux bons, c’est la seule chose qui compte vraiment, je suppose, et Morgenstern aussi, et nous y revenons un peu plus tard, treize heures plus tard, pour être précis, quatre heures de l’après-midi, deux heures avant le mariage.
* * *
« Vous voulez dire que ça y est ? dit Inigo, consterné.
- Ça y est, » hocha fièrement Max de la tête. Il n’était pas resté levé d’affilée si longtemps depuis le vieux temps, et il se sentait fantastique.
Valérie était si fière. « Magnifique, » dit-elle. Elle se tourna alors vers Inigo. « Tu sembles si déçu… à quoi pensais-tu qu’une pilule de résurrection ressemblait ?
- Pas à une boule d’argile de la taille d’une balle de golf, » répondit Inigo.
* * *
(Moi encore, la dernière fois du chapitre : non, ce n’est pas anachronique non plus ; il y avait des balles de golf en Écosse il y a sept cents ans, et, de plus, souvenez-vous qu’Inigo a étudié avec MacPherson l’Écossais. En conséquence, tout ce que Morgenstern a écrit est historiquement correct ; lisez n’importe quel bon livre sur l’histoire florine.)
* * *
« D’habitude, je leur mets un enrobage de chocolat à la dernière minute ; ça les rend bien plus appétissantes, dit Valérie.
- Il doit être quatre heures, dit Max alors. Il vaudrait mieux préparer le chocolat pour qu’il ait le temps de durcir. »
Valérie emporta la boule et commença à descendre l’échelle vers la cuisine. « Tu as fais un très bon travail, souris un peu.
- Ça va marcher sans une anicroche ? » dit Inigo.
Max hocha très fermement la tête. Mais il ne sourit pas. Il y avait quelque chose au fond de son esprit qui l’embêtait ; il n’oubliait jamais rien, rien d’important, et il n’avait pas oublié ça non plus.
Il ne s’en ait juste pas souvenu à temps…
* * *
À 16 h 45 le prince Humperdinck convoqua Yellin dans sa chambre. Yellin vint immédiatement, bien qu’il craigne ce qui allait, il le savait, arriver. En fait, Yellin avait déjà écrit sa lettre de démission et elle était dans une enveloppe dans sa poche. « Votre Majesté, commença Yellin.
- Au rapport, » dit le prince Humperdinck. Il était brillamment habillé de blanc, dans son costume de noces. Il ressemblait toujours à un énorme tonneau, mais plus brillant.
« Tous vos désirs ont été exécutés, Majesté. J’ai personnellement veillé à chaque détail. » Il était très fatigué, Yellin était, ainsi que ses nerfs, bien plus qu’à vif.
« Précisez, » dit le Prince. Il était à soixante-quinze minutes de son premier meurtre féminin, et il se demandait s’il pourrait mettre ses doigts sur sa gorge avant même le début d’un cri. Il s’était exercé sur des saucisses géantes toute l’après-midi et il avait bien compris les gestes, mais bon, des saucisses géantes ne sont pas des cous et toute la bonne volonté du monde ne pouvait changer cela.
« Toutes les entrées du château ont été rescellées ce matin même, sauf la grande porte. C’est maintenant le seul moyen d’entrer, et le seul moyen de sortir. J’ai changé la serrure de la grande porte. Il n’y a qu’une clef pour la nouvelle serrure et je la garde où que je sois. Quand je suis dehors avec la centaine de soldat, la clef est sur la porte à l’extérieur et personne ne peut quitter l’enceinte du château. Quand je suis avec vous, comme maintenant, la clef est sur la porte à l’intérieur, et personne ne peut venir de l’extérieur.
- Suivez-moi, dit le Prince, et il se dirigea vers la grande fenêtre de sa chambre. Il pointa dehors. Derrière la fenêtre il y avait un charmant jardin. Au-delà il y avait les écuries privées du Prince. Au-delà, naturellement, le mur extérieur du château. « Voilà comment ils viendront, dit-il. Par dessus le mur, à travers mes écuries, par le jardin, la fenêtre, étranglant la Reine et ils repartiront par le chemin qu’ils ont pris avant que nous ne le sachions.
- Ils ? dit Yellin bien qu’il sache la réponse.
- Les Guildériens, bien sûr.
- Mais le mur dont vous parlez est le plus haut de tout le Château florin – il fait quinze mètres à cet endroit – ça semble être l’endroit le moins probable pour une attaque. » Il essayait désespérément de garder son self-control.
« Raison de plus pour choisir cet endroit ; de plus, les Guildériens sont connus dans le monde entier pour être des grimpeurs insurpassables. »
Yellin n’avait jamais entendu ça. Il avait toujours pensé que les Suisses étaient considérés comme des grimpeurs insurpassables. « Majesté, dit-il dans une dernière tentative, je n’ai pas entendu, de la part d’aucun espion, un seul mot sur un seul complot contre la Princesse.
- Je sais de source sûre qu’il y aura une tentative d’étranglement sur la Princesse cette nuit même.
- Dans ce cas, » dit Yellin, et il s’agenouilla et tendit l’enveloppe, « je dois démissionner. » C’était une décision difficile – les Yellin étaient chefs des gardes de Florin depuis des générations, et ils faisaient leur travail plus que sérieusement. « Je ne fais pas un travail convenable, sire ; s’il vous plaît pardonnez-moi et croyez bien que mes échecs furent ceux du corps et de l’intelligence et pas du cœur. »
Le prince Humperdinck se trouva, assez soudainement, dans un véritable pétrin, car dès que la guerre serait finie, il aurait besoin de quelqu’un qui reste en Guilder et qui gouverne, vu qu’il ne pouvait pas être à deux endroits à la fois, et les seuls hommes en qui il avait confiance étaient Yellin et le Comte, et le Comte ne voudrait jamais de ce travail, étant obsédé, surtout ces derniers jours, par la conclusion de ce stupide livre sur la douleur. « Je n’accepte pas votre démission, vous faites un travail convenable, il n’y a pas de complot, je vais moi-même assassiner la Reine ce soir, c’est vous qui gouvernerez Guilder après la guerre, maintenant relevez-vous. »
Yellin ne savait pas quoi dire. « Merci » semblait si peu adéquat, mais c’est tout ce qu’il trouva.
« Une fois le mariage fini je l’enverrai ici se préparer pendant que, avec des bottes soigneusement préparées à l’avance, je ferai des traces menant du mur à la chambre et de la chambre au mur. Étant donné que vous êtes en charge de faire respecter la loi, j’attends de vous que vous ne preniez pas longtemps pour vérifier mes craintes que les traces ont seulement pu être faites pas les bottes des soldats guildériens. Un fois que nous aurons cela, nous aurons besoin d’une ou deux proclamations royales, mon père peut abdiquer pour inaptitude à se battre, et vous, cher Yellin, vivrez bientôt dans le château de Guilder. »
Yellin reconnaissait un congédiement quand il en entendait un. « Je pars sans autre pensée dans mon cœur que celle de vous servir.
- Merci, » dit Humperdinck, enchanté, parce que après tout, la loyauté était une chose qu’on ne pouvait pas acheter. Et dans cet état d’esprit, il dit à Yellin qui passait la porte : « Et, oh, si vous voyez l’albinos, dites-lui qu’il peut se mettre derrière au fond pendant le mariage ; ça ne me dérange pas.
- Je le ferai, Majesté, dit Yellin avant d’ajouter : mais je ne sais pas où est mon cousin… Je l’ai cherché il y a moins d’une heure et il n’était nulle part. »
Le Prince reconnaissait des nouvelles importantes quand il en entendait parce qu’il n’était pas le plus grand chasseur du monde pour rien et, surtout, parce qu’il y avait une chose qui était sûre à propos de l’albinos, c’est qu’on le trouvait toujours quelque part. « Mon Dieu, vous ne pensez pas qu’il y a vraiment un complot, n’est-ce pas ? C’est le moment parfait ; le pays fait la fête ; si Guilder allait avoir cinq cents ans, je sais que je les attaquerais.
- Je courrai à la porte et je me battrai, à mort si nécessaire, dit Yellin.
- Merci, » lui lança le Prince. S’il y avait une attaque, ça serait au moment le plus chargé, pendant le mariage, alors il devrait l’avancer. Les affaires de l’état étaient lentes, mais, quand même, il avait de l’autorité. On oubliait six heures. Il serait marié à cinq heures et demie, ou il ne le serait pas.
* * *
À cinq heures, Max et Valérie sirotaient du café au sous-sol. « Tu devrais aller directement au lit, dit Valérie ; tu sembles préoccupé. Tu ne peux pas rester debout toute la nuit comme si tu étais un chiot.
- Je ne suis pas fatigué, dit Max. Mais tu as raison pour le reste.
- Raconte à Maman, répliqua Valérie en caressant la où ses cheveux avaient été.
- C’est juste que je pensais, cette pilule.
- C’était une très belle pilule, chéri. Tu peux être fier.
- Je crois que je me suis trompé dans les quantités, pourtant. Est-ce qu’ils ne voulaient pas une heure ? Quand j’ai doublé les quantités de la recette, je crois que je n’en ai pas fait assez. Je ne pense pas que ça va marcher plus de quarante minutes. »
Valérie s’assit sur ses genoux. « Soyons honnête l’un envers l’autre ; c’est certain, tu es un génie, mais même un génie rouille. Cela faisait trois ans que tu n’avais pas exercé. Quarante minutes suffiront.
- Je suppose que tu as raison. De toute façon, que pouvons-nous y faire ? Quand c’est fait, c’est fait.
- La pression sous laquelle tu as été, si seulement ça marche, ça sera un miracle. »
Max était obligé de lui donner raison. « Une fantasmagorie. » Il hocha la tête.
* * *
L’homme en noir était presque raide quand Fezzik atteint le mur. Il était pratiquement cinq heures et Fezzik avait porté le corps tout le long du chemin depuis chez Max le Miraculeux, petite rue après petite rue, ruelle après ruelle, et c’était une des choses les plus difficiles qu’il avait jamais faites. Sans être pénible. Il n’était même pas essoufflé. Mais si la pilule était juste ce à quoi elle ressemblait, une boule de chocolat, alors lui, Fezzik, allait avoir une vie de cauchemars où des corps deviendraient raides entre ses doigts.
Quand il fut enfin dans l’ombre du mur, il dit à Inigo : « Et maintenant ?
- Nous devons voir si c’est toujours sûr. Il pourrait y avoir un piège. » C’était le même endroit du mur qui menait, rapidement, au Zoo, dans le coin le plus éloigné du château. Mais si le corps de l’albinos avait été découvert, alors qui sait ce qui les attendait ?
« Dois-je monter alors ? demanda Fezzik.
- Nous monterons tous les deux, répliqua Inigo. Appuie-le contre le mur et aide-moi. » Fezzik pencha l’homme en noir pour qu’il n’y ait aucun danger qu’il ne tombe et attendit pendant qu’Inigo sautait sur ses épaules. Puis Fezzik grimpa. N’importe quelle fissure dans le mur suffisait à ses doigts ; la moindre imperfection était tout ce dont il avait besoin. Il grimpa rapidement, il avait l’habitude maintenant, et après un moment, Inigo fut capable d’attraper le sommet et il dit : « Très bien ; redescends maintenant, » alors Fezzik retourna vers l’homme en noir et attendit.
Inigo rampa le long du mur dans un silence de mort. Au loin il pouvait voir l’entrée du château et les soldats en armes qui l’encadraient. Et à portée de main il y avait le Zoo. Et dans le buisson le plus touffu dans le coin le plus éloigné du mur, il pouvait distinguer le corps inanimé de l’albinos. Rien n’avait changé. Ils étaient, du moins jusqu’ici, en sécurité. Il fit un geste à Fezzik, qui prit l’homme en noir en ciseau entre ses jambes et commença sans un bruit l’escalade avec les mains.
Quand ils furent tous au sommet du mur, Inigo étendit le mort et puis courut jusqu’à ce qu’il ait une meilleure vue de l’entrée principale. Le chemin du mur extérieur jusqu’à la porte principale du château était légèrement incliné, pas plus qu’un faux plat, mais une pente tout de même. Il devait y avoir – Inigo fit un rapide calcul – au moins une centaine d’hommes se tenant prêts. Et il devait être – estima-t-il précisément – cinq heures cinq maintenant, peut-être presque dix. Cinquante minutes avant le mariage. Inigo se tourna alors et courut vers Fezzik. « Je pense que nous devrions lui donner la pilule, dit-il. Il doit être environ quarante-cinq minutes avant la cérémonie.
- Ça veut dire qu’il n’a que quinze minutes pour s’échapper, dit Fezzik. Je pense que nous devrions attendre jusqu’à cinq heures trente. Moitié avant, moitié après.
- Non, dit Inigo. Nous allons arrêter le mariage avant l’heure – c’est la meilleure façon, en tout cas selon moi. Avant qu’ils ne soient tous en place. Dans l’animation juste avant, c’est à ce moment que nous devons frapper. »
Fezzik n’avait pas d’autres objections.
« De toute façon, dit Inigo, nous ne savons pas combien de temps ça prend d’avaler un truc comme ça.
- Je ne pourrais jamais l’avaler moi-même. Ça, je le sais.
- Nous devrons lui faire avaler de force, » dit Inigo en déballant la boule couleur chocolat. « Comme une oie gavée. Mettons nos mains autour de son coup et essayons de la pousser dans ce qui peut bien venir après.
- Je te suis, Inigo, dit Fezzik. Dis-moi simplement quoi faire.
- Mettons-le dans une position assise, je pense, non ? J’ai toujours trouvé plus facile d’avaler assis que couché.
- Nous allons devoir nous y mettre à deux, dit Fezzik. Il est complètement raide maintenant. Je ne pense pas du tout qu’il pliera facilement.
- Tu peux le faire, dit Inigo. J’ai toujours confiance en toi, Fezzik.
- Merci, dit Fezzik. Ne me laisse juste jamais seul. » Il tira le corps entre eux et essaya de le faire plier en deux, mais l’homme en noir était si raide que Fezzik devait vraiment transpirer pour arriver à le mettre en angle droit. « Combien de temps penses-tu que nous allons devoir attendre avant de savoir si le miracle marche ou pas ?
- Ton avis vaut le mien, dit Inigo. Ouvre sa bouche aussi grand que tu peux et penche un peu sa tête en arrière et on va lui jeter et on verra. »
Fezzik s’activa un moment sur la bouche du mort, réussi à la mettre comme l’avait demandé Inigo, pencha le cou parfaitement dès le premier coup, et Inigo s’agenouilla directement au dessus de la cavité, lâcha la pilule, et comme elle atteignait la gorge il entendit : « Pouviez pas me battre seuls, chalauds ; eh bien, je vous ai battu séparément, je vous battrai ensemble.
- Tu es vivant ! » cria Fezzik.
L’homme en noir était assis immobile, comme une marionnette de ventriloque, seule sa bouche bougeait. « C’est probablement la remarque la plus enfantine que j’ai jamais entendue, mais que peut-on attendre d’autre d’un étrangleur. Pourquoi mes bras ne bougent-ils pas ?
- Tu étais mort, expliqua Inigo.
- Et nous ne t’étranglons pas, expliqua Fezzik, nous te donnons la pilule.
- La pilule de résurrection, expliqua Inigo. Je l’ai acheté à Max le Miraculeux et elle marche pendant soixante minutes.
- Qu’arrive-t-il après soixante minutes ? Est-ce que je meurs encore ? » (Ça ne faisait pas soixante minutes, c’est juste qu’il le pensait. En fait ça faisait quarante minutes ; seulement ils avaient déjà utilisé une minute en conversation, alors il ne restait plus que trente-neuf.)
« Nous ne savons pas. Peut-être qu’on s’évanouit et qu’on a besoin d’une année de soins ou autant de temps que demandent tes forces pour revenir.
- J’aurais souhaité me souvenir comment c’était quand j’étais mort, dit l’homme en noir. J’écrirais tout. Je pourrais me faire une fortune avec un livre comme ça. Je ne peux pas bouger mes jambes non plus.
- Ça viendra. C’est prévu. Max a dit que la langue et le cerveau étaient immédiats après la pilule et tu pourras probablement bouger, mais doucement.
- La dernière chose dont je me souvienne c’est de mourir, alors pourquoi suis-je sur ce mur ? Sommes-nous ennemis ? Avez-vous un nom ? Je suis Robert le Redoutable Pirate, mais vous pouvez m’appeler "Westley".
- Fezzik.
- Inigo Montoya d’Espagne. Laisse-moi t’expliquer ce qu’il se passe… » Il s’arrêta et secoua la tête. « Non, dit-il. Il y a trop à dire, ça prendrait trop de temps, laisse-moi te le résumer : le mariage est à six heures, ce qui nous laisse maintenant probablement quelque chose comme une grosse demi heure pour entrer, voler la fille, et sortir ; mais pas avant que je tue le comte Rugen.
- Aspects négatifs ?
- Il n’y a qu’une porte du château qui soit en opération et elle est gardée par probablement une centaine d’hommes.
-Hmmm, » dit Westley, pas aussi mécontent qu’il l’aurait été ordinairement, parce qu’alors il venait juste de commencer à être capable de tortiller ses orteils.
« Et les points positifs ?
- Ton cerveau, la force de Fezzik, mon fer. »
Westley arrêta de tortiller ses orteils. « C’est tout ? Voilà ? Tout ? La grande totalité ? »
Inigo essaya d’expliquer. « Nous opérons sous une terrible pression au niveau du temps depuis le début. Encore hier matin, par exemple, j’étais un ivrogne sans espoir et Fezzik travaillait pour la brigade de brutes.
- C’est impossible, cria Westley.
- Je suis Inigo Montoya et je n’accepte pas la défaite… tu trouveras quelque chose ; j’ai une complète confiance en toi.
- Elle va épouser Humperdinck et je suis impuissant, dit Westley dans un désespoir infini. Rallongez-moi. Laissez-moi seul.
- Tu laisses tomber trop facilement, nous avons combattu des monstres pour te trouver, nous avons tout risqué parce que tu as le cerveau pour vaincre les problèmes. J’ai une confiance totale et absolue en toi…
- Je veux mourir, » murmura Westley et il ferma les yeux. « Si j’avais un mois pour planifier, je pourrais peut-être trouver quelque chose, mais là… » Sa tête roula d’un côté et de l’autre. « Je suis désolé. Laissez-moi.
- Tu viens juste de bouger la tête, » dit Fezzik, faisant de son mieux pour être joyeux. « Ça ne te remonte pas le moral ?
- Mon cerveau, ta force et son fer contre une troupe de cent ? Et tu penses qu’un petit mouvement de la tête est supposé me rendre heureux ? Pourquoi ne m’avez-vous pas laissé à la mort ? C’est pire. Étendu ici impuissant pendant que mon grand amour épouse un meurtrier.
- Je sais qu’une fois passé cette explosion émotionnelle, tu trouveras un…
- Je veux dire si au moins on avait une brouette, ça serait déjà quelque chose, dit Westley.
- Où on a mis cette brouette que l’albinos avait ? demanda Inigo.
- Sur l’albinos, je crois, répliqua Fezzik.
- On peut peut-être avoir une brouette, dit Inigo.
- Eh bien pourquoi tu n’as pas mis ça dans les points positifs dès le début ? » dit Westley en s’asseyant pour regarder les troupes massées au loin.
« Tu viens de t’asseoir, » dit Fezzik, essayant toujours d’être joyeux.
Westley continua de regarder les troupes et la pente qui menait vers eux. Il secoua la tête. « Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour un manteau d’holocauste, dit-il alors.
- Là nous ne pouvons pas t’aider, dit Inigo.
- Est-ce que ça fera l’affaire ? » se demanda Fezzik, sortant son manteau d’holocauste.
- Où… ? commença Inigo.
- Pendant que tu courrais après la poussière de grenouille… répondit Fezzik. Il me va si bien que je l’ai rangé sur moi et je l’ai gardé. »
Westley se mit alors debout. « Très bien. Pour finir, je vais avoir besoin d’une épée.
- Pourquoi ? demanda Inigo. Tu peux à peine en lever une.
- C’est vrai, accorda Westley. Mais peu de gens le savent. Écoutez-moi maintenant ; il pourrait y avoir des problèmes une fois que nous serons dedans…
- Je dirais qu’il pourrait y en avoir, coupa Inigo. Comment arrêtons-nous le mariage ? Une fois cela fait, comment je trouve le Comte ? Une fois cela fait, comment je te retrouve ? Une fois que nous sommes ensemble, comment nous échappons-nous ? Une fois que nous nous sommes échappés…
- Ne le harcèle pas avec toutes tes questions, dit Fezzik. Du calme, il était mort.
- Ok, ok, désolé, dit Inigo.
L’homme en noir bougeait maintenant trrrrrrès lentement le long du sommet du mur. Tout seul. Fezzik et Inigo le suivaient dans l’obscurité en direction de la brouette. On ne pouvait pas nier le fait qu’il y avait une certaine excitation dans l’air.
* * *
Bouton d’Or, de son côté, ne ressentait aucune excitation d’aucune sorte. Elle ne s’était, en fait, jamais rappelé un si merveilleux sentiment de calme. Son Westley venait ; c’était tout son monde. Depuis que le Prince l’avait ramenée à sa chambre, elle avait passé les heures suivantes à penser aux moyens de rendre Westley heureux. Il n’y avait aucune chance qu’il manque d’arrêter son mariage. C’était la seule pensée qui pouvait survivre à la traversée de son esprit conscient.
Alors quand elle entendit que le mariage devait être avancé, elle ne fut pas le moins du monde angoissée. Westley était toujours prêt pour toutes les éventualités, et s’il pouvait la secourir à six heures, il pouvait tout aussi heureusement la secourir à cinq heures et demi.
En fait, le prince Humperdinck fit aller les choses plus vite qu’il ne l’avait espéré. Il était 5 h 23 quand lui et sa future épouse s’agenouillèrent devant le vieil archidoyen de Florin. Il était 5 h 24 quand l’archidoyen commença à parler.
Et 5 h 25 quand les hurlements commencèrent à l’extérieur de la porte principale.
Bouton d’Or ne sourit que légèrement. Voici mon Westley maintenant, fut tout ce qu’elle pensait.
* * *
Ce n’était pas, pour être précis, son Westley qui causait l’émoi dehors. Westley faisait tout ce qu’il pouvait pour simplement marcher droit sans aide sur la pente qui descendait vers la porte principale. Devant lui, Inigo se battait avec la lourde brouette. La raison de son poids c’était que Fezzik se tenait debout dedans, les bras écartés, les yeux incendiés, la voix tonnant dans une rage terrible : « Je suis Robert le Redoutable Pirate et il n’y aura aucun survivant. » Il disait cela encore et encore, sa voix faisant écho et se propageant alors que sa rage montait. Il glissait, debout là, à travers les ténèbres, une figure assez imposante, semblant, globalement, grand de pratiquement trois mètres, avec la voix qui allait avec. Mais même ça ce n’était pas la cause des hurlements.
* * *
Yellin, de sa position à la porte, était raisonnablement effrayé par le géant rugissant qui glissait vers eux à travers les ténèbres. Ce n’est pas qu’il doutait que sa centaine d’hommes puisse expédier le géant ; la chose effrayante était, bien sûr, que le géant devait être conscient de ça aussi, et en toute logique il devait y avoir quelque part dans l’obscurité là-bas un certain nombre de géants en renfort. D’autres pirates, quelque chose. Qui pouvait le dire ? Pourtant, ses hommes restaient remarquablement fermement groupés.
Ce fut seulement quand le géant arriva à mi-chemin de la pente qu’il prit soudainement, gaiement, feu et continua sa course en disant : « Pas de survivants, pas de survivants ! » d’une manière qui ne pouvait qu’indiquer une sincérité mortelle.
Ce fut de le voir prendre gaiement feu et avancer vers elle qui fit hurler la brigade de brutes. Et une fois que cela arriva, eh bien, tout le monde paniqua et courut…
Les Journées du patrimoine
Le but pour nous de ces journées du patrimoine consistaient en deux objectifs :
1 Faire un truc infaisable le reste de l'année même en payant.
2 Éviter la foule.
Notre choix s'est donc porté vers la visite d’une église orthodoxe parce que :
1 Jamais on y serait rentrés sinon.
2 Bizarrement, on a senti que ça attirerait moins les foules que… disons… les locaux de France Télévision…
Nous sommes donc allés voir l’église Saint-Séraphin de Sarov et de la protection de la mère de Dieu (ouf !).
Étant de confession catholique, et ne mettant jamais intéressée qu’au judaïsme de loin, je ne savais rien de l’orthodoxie, sinon qu’il y avait des églises en bois et de jolies icônes. Nous sommes donc descendus métro Sèvres-Lecourbe, et nous avons raté l’entrée de l’église. Tout simplement parce que ce n’est qu’une porte d’immeuble toute bête, l’église étant dans une jolie cour. Et quelle ne fut pas notre surprise de trouver… je vous le donne en mille… une église en bois pleine de jolies icônes.
Nous fûmes accueillis par l’archiprêtre Nicolas Cernokrak qui nous a gentiment expliqué l’architecture de l’église. Comme certains doivent le savoir, les orthodoxes n’ont pas abandonné le culte des icônes, sujet du premier schisme de la chrétienté. Les images sont des représentations des personnages saints dans leur état de grâce et leur culte met le croyant en présence du saint lui-même. Une église est toujours agencée sur le même schéma. Au fond, l’autel, un saint des saints qui n’est ouvert qu’à l’officiant et à ses aides. Devant trois portes, chacune menant à une partie de l’autel. À gauche une Vierge à l’enfant, à droite, un Christ. Au-dessus, un autre Christ entouré des icônes de la Vierge, de saint Jean-Baptiste, d’apôtres, de prophètes et d’archanges. Finalement, sur les côtés on trouve le saint patron de l’église (dans ce cas saint Séraphin) et saint Nicolas. Tout ceci s’appelle l’iconostase. J’en oublie certainement, mais on trouvera de très bons sites à ce sujet.
Cette église est toute petite, ce qui a attiré notre attention, plutôt que la cathédrale qui se trouve dans le 8e. Nous y avons trouvé les informations et le dépaysement que nous cherchions. Et surtout l’envie d’en savoir plus. Alors, qui sait, bientôt, une célébration pour voir comment ça se passe ? On vous tient au courant.
La paroisse de Saint-Séraphin de Sarov et de la protection de la mère de Dieu
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Des énigmes type mots fléchés, quand le coeur m'en dit. Répondez en commentaire et je vous dirai si vous êtes bons !
"Fils de quelque chose"