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Approximativement
27 mars 2006

The Princess Bride - Six, Les Festivités - 3

Le prince Humperdinck prit un moment pour répondre. C'était une situation délicate, vu qu'il était le chef, le Comte seulement un subalterne, pourtant, personne dans tout Florin n'avait les talents de Rugen. Comme inventeur, il avait, visiblement, au moins, débarrassé la Machine de tous ses défauts. Comme architecte, il avait été décisif dans les facteurs sécuritaires impliqués dans le Zoo de la Mort, et cela avait indéniablement été Rugen qui avait mis en place la seule entrée vers le cinquième niveau souterrain à laquelle on pouvait survivre. Il soutenait aussi le Prince dans tous les efforts de chasse ou de bataille, et on ne disait pas à un partisan comme ça un rapide « Va-t-en, gamin, tu me déranges ». Alors le Prince en effet prit un moment.

« Écoutez, Ty, dit-il finalement, je suis ravi que vous ayez fait disparaître tous les ennuis de la Machine ; je n'ai jamais douté une minute que vous y arriveriez finalement. Et je suis vraiment aussi anxieux que possible de voir qu'elle marche. Mais comment puis-je dire ça ? Je ne peux pas garder la tête au-dessus de l'eau une minute : ce n'est pas seulement les fêtes et les mièvreries avec je-ne-sais-plus-son-nom, je dois décider quelle longueur fera la Parade du Cinq-Centième Anniversaire et où elle commencera et quand elle commencera et quel noble marchera devant quel autre noble afin que tout le monde me parle encore à la fin, de plus j'ai une épouse à assassiner et un pays à préparer pour ce meurtre, de plus j'ai une guerre à mener une fois que tout ça est arrivé, et tout ça je dois le faire moi-même. Voici à quoi je veux en venir : je suis submergé, Ty. Alors que pensez-vous de travailler sur Westley et de me dire comment ça avance, et quand j'en trouverai le temps, je viendrai regarder et je suis sûr que ce sera merveilleux, mais maintenant, ce que j'aimerais c'est un peu de place pour respirer, sans rancune ? »

Le comte Rugen sourit. « Aucune. » Et il n'y en avait pas. Il se sentait toujours bien quand il pouvait dispenser la douleur seul. On pouvait se concentrer bien plus profondément quand on était seul avec l'agonie.

« Je savais que vous comprendriez, Ty. »

Il y eut un coup à la porte et Bouton d'Or passa la tête. « Des nouvelles ? » dit-elle.

Le Prince lui sourit et secoua tristement la tête. « Chérie, j'ai promis de vous le dire à la seconde où j'entendrai quelque chose.

C'est dans douze jours, pourtant.

C'est beaucoup de temps, ma douce amie, ne vous inquiétez pas.

Je vous laisse, dit Bouton d'Or.

Je partais aussi, dit le Comte. Puis-je vous accompagner à vos appartements ? »

Bouton d'Or hocha la tête, et le long des corridors ils errèrent jusqu'à ce qu'ils atteignent sa suite. « Bonne nuit, » dit Bouton d'Or rapidement ; depuis le jour où il était venu la première fois à la ferme de son père, elle avait toujours été effrayée quand le Comte s'approchait.

« Je suis sûr qu'il viendra, » dit le Comte ; il avait connaissance de tous les plans du Prince, et Bouton d'Or en était bien consciente. « Je ne connais pas bien votre homme, mais il m'a grandement impressionné. L'homme qui peut trouver son chemin dans les Marais de Feu peut trouver son chemin vers le château de Florin avant le jour de votre mariage. »

Bouton d'Or hocha la tête.

« Il semblait si fort, si remarquablement puissant, » continua le Comte, sa voix chaude et berçante. « Je me demandais seulement s'il possédait une vraie sensibilité, étant donné que certains hommes de grand pouvoir, comme vous le savez, n'en ont pas. Par exemple, je me demande : est-il capable de pleurer ?

Westley ne pleurerait jamais, » répondit Bouton d'Or en ouvrant la porte de sa chambre. « Excepté pour la mort d'un être aimé. » Et sur ce elle ferma la porte sur le Comte et, seule, alla à son lit et s’agenouilla. Westley, pensa-t-elle alors. Viens s’il te plaît ; je t’ai supplié dans mes pensées toutes ces semaines et toujours aucun mot. Quand nous étions à la ferme, je pensais que je t’aimais, mais ce n’était pas de l’amour. Quand j’ai vu ton visage derrière le masque au fond du ravin, je pensais que je t’aimais, mais ce n’était encore rien d’autre qu’un profond engouement. Bien-aimé : je pense que je t’aime maintenant, et je prie que tu me donnes seulement la chance de passer ma vie à te le prouver constamment. Je pourrais passer ma vie dans les Marais de Feu et chanter du matin au soir si tu étais avec moi. Je pourrais passer l'éternité à couler dans les Sables neigeux si ma main tenait ta main. Ma préférence serait de passer l’éternité avec toi près de moi sur un nuage, mais l’enfer serait aussi le printemps si Westley était avec moi...

Elle continuait de cette façon, silencieuse heure après silencieuse heure ; elle n’avait rien fait d’autre depuis trente-huit jours maintenant, et chaque fois, son ardeur s’approfondissait, ses pensées devenaient plus pures. Westley. Westley. Volant à travers les sept mers pour la réclamer.

De son côté, et plutôt sans le savoir, Westley passait ses soirées à peu près de la même façon. Après que la torture ait été faite, quand l'albinos avait fini de s'occuper des coupures et des brûlures et des fractures, quand il était seul dans la cage géante, il envoyait son esprit vers Bouton d'Or, et là il restait.

Il la comprenait si bien. Dans son esprit, il réalisait qu'au moment où il l'avait vue dans la ferme quand elle lui avait fait serment d'amour, elle le pensait certainement, mais elle avait à peine dix-huit ans. Que savait-elle des profondeurs du coeur ? Puis, à nouveau, quand il avait retiré son masque noir et qu'elle était tombée vers lui, la surprise avait fait son effet, la stupéfaction ahurie autant que l'émotion. Mais, de même qu'il savait que le soleil était obligé de se lever chaque matin à l'est, peu importe à quel point un levé occidental aurait pu lui plaire, il savait aussi que Bouton d'Or était obligée de passer son amour avec lui. L'or était attrayant, ainsi que la royauté, mais ils ne pouvaient pas égaler la fièvre dans son coeur, et tôt ou tard elle devrait y arriver. Elle avait moins de choix que le soleil.

Alors quand le Comte apparut avec la Machine, Westley n'était pas particulièrement perturbé. En fait, il n'avait aucune idée de ce que le Comte pouvait apporter dans la cage géante. En fait, le Comte n'apportait rien ; c'était l'albinos qui faisait réellement le travail, faisant voyage après voyage avec une chose après une chose.

C'est ce dont cela avait vraiment l'air pour Westley : des choses. De petites coupes aux bords mous de tailles variées et une roue, assez probablement, et un autre objet qui pouvait être soit un levier soit un bâton ; c'était difficile à dire.

« Je vous souhaite une bonne bonne soirée, » commença le Comte.

Il n'avait jamais, au souvenir de Westley, montré une telle excitation. Westley hocha très faiblement la tête en retour. En fait, il se sentait à peu près aussi bien que toujours, mais il ne faisait rien pour laisser cette information filtrer.

« Vous ne vous sentez pas très bien ? » demanda le Comte.

Westley fit un autre faible hochement de tête.

L'albinos faisait des allers-retours précipités, apportant plus de choses : des extensions ressemblant à des fils, fibreuses et interminables.

« Ce sera tout, » dit le Comte finalement.

Hochement de tête.

Parti.

« Voici la Machine, » dit le Comte quand ils furent seuls. « J'ai passé onze ans à la construire. Comme vous pouvez le voir, je suis assez excité et fier. »

Westley réussit à cligner affirmativement des yeux.

« Je vais l'assembler pendant un moment » Et cela dit, il se mit au travail.

Westley regarda la construction avec pas mal d'intérêt et, assez logiquement, de curiosité.

« Vous avez entendu ce hurlement un peu plus tôt cette après-midi ? »

Un autre clignement affirmatif des yeux.

« C'était un chien sauvage. Cette machine a causé ce son. » C'était un travail très compliqué que faisait le Comte, mais les six doigts de sa main droite ne semblèrent pas un instant douter de ce qu'il fallait faire. « Je suis très intéressé par la douleur, dit le Comte, comme je suis sûr que vous l'avez remarqué ces derniers mois. D'une façon intellectuelle, en fait. J'ai écrit, bien sûr, pour les journaux les plus érudits sur le sujet. Des articles surtout. En ce moment je suis en train d'écrire un livre. Mon livre. Le livre, j'espère. Le travail définitif sur la douleur, au moins comme nous la connaissons maintenant. »

Westley trouvait tout cela fascinant. Il fit un petit grognement.

« Je pense que la douleur est l'émotion à notre portée la plus sous-estimée, dit le Comte. Le Serpent, selon mon interprétation, était la douleur. La douleur a toujours été avec nous, et cela m'irrite toujours quand les gens disent : "aussi important que la vie et la mort" parce que la bonne phrase, selon moi, devrait être : "aussi important que la douleur et la mort". » Le Comte resta silencieux un moment, alors qu'il commençait et finissait une série d'ajustements complexes. « Une de mes théories, dit-il un peu plus tard, est que la douleur implique l'anticipation. Rien d'original, je l'admets, mais je vais vous démontrer ce que je veux dire : je ne vais pas, je souligne, je ne vais pas utiliser la Machine sur vous ce soir. Je pourrais. Elle est prête et testée. Mais au lieu de ça je vais simplement la monter et la laisser près de vous, pour que vous la regardiez les vingt-quatre prochaines heures, pour que vous vous demandiez ce que c'est exactement et comment ça marche et cela peut-il être aussi épouvantable que ça. » Il serra quelques choses ici, relâcha d'autres choses là, tira et tapota et modela.

La Machine semblait si ridicule que Westley était tenté de glousser. Au lieu de ça, il grogna à nouveau.

« Je vais vous laisser à votre imagination, alors, » dit le Comte, et il regarda Westley. « Mais je veux que vous sachiez une chose avant que demain soir arrive, et je le pense vraiment : vous êtes la plus forte, la plus brillante et courageuse, la plus valeureuse créature que j'ai eu le privilège de rencontrer, et je me sens presque triste de devoir, pour les besoins de mon livre et les futurs universitaires de la douleur, vous détruire.

Mer... ci... » souffla doucement Westley.

Le Comte se dirigea vers la porte de la cage et dit par-dessus son épaule : « Et vous pouvez arrêter tout votre jeu comme quoi vous êtes faible et battu ; vous ne m'avez pas roulé depuis un mois. Vous êtes pratiquement aussi fort maintenant que le jour où vous êtes entré dans les Marais de Feu. Je connais votre secret, si c'est de quelque consolation pour vous.

... secret ? » Étouffé, tendu.

« Vous avez laissé échapper votre esprit, cria le Comte. Vous n'avez pas senti le moindre inconfort depuis tous ces mois. Vous leviez les yeux et fermiez vos paupières et puis vous êtes parti, probablement avec — je ne sais pas — elle, très certainement. Bonne nuit. Essayez de dormir. Je doute que vous y arriviez. L'anticipation, vous vous souvenez ? » Avec un geste de la main, il monta les escaliers souterrains.

Westley pouvait sentir la soudaine pression de son coeur.

Bientôt l'albinos arriva, s'agenouilla près de l'oreille de Westley. Murmuré : « Je vous ai regardé pendant tous ces jours. Vous méritez mieux que ce qui vous attend. Ils ont besoin de moi. Personne ne nourrit les bêtes comme moi. Je suis en sécurité. Ils ne vont pas me faire de mal. J'ai un bon poison. Je vous en prie. J'ai vu la Machine. J'étais là quand le chien sauvage a hurlé. S'il vous plaît laissez-moi vous tuer. Vous me remercierez, je le jure.

Je dois vivre. »

Murmuré : « Mais... »

Interruption : « Ils ne vont pas m'atteindre. Je suis tranquille. Je vais bien. Je suis vivant, et je vais le rester. » Il dit les mots à haute voix, et il les dit avec passion. Mais pour la première fois depuis longtemps, il y avait de la terreur...


* * *


« Eh bien, avez-vous pu dormir ? » demanda le Comte la nuit suivante à son arrivée dans la cage.

« Assez honnêtement, non, répondit Westley d'une voix normale.

Je suis content que vous soyez honnête avec moi ; je serais honnête avec vous ; plus de charades entre nous, » dit le Comte, posant un certain nombre de carnets de notes et de plumes d'oie et de bouteilles d'encre. « Je dois soigneusement noter vos réactions, expliqua-t-il.

Au nom de la science ? »

Le Comte hocha la tête. « Si mes expériences sont bonnes, mon nom durera plus longtemps que mon corps. C'est l'immortalité que je recherche, pour être honnête. » Il ajusta quelques boutons sur la Machine. « Je suppose que vous êtes naturellement curieux de savoir comment cela marche.

J'ai passé la nuit à réfléchir et je n'en sais pas plus que quand j'ai commencé. Cela semble être une grande agglomération de coupes aux bords mous de tailles considérablement variées, le tout avec une roue et un cadran et un levier, et ce qu'elle fait me dépasse.

Aussi de la colle, » ajouta le Comte, pointant un petit tube de quelque chose d'épais. « Pour garder les coupes attachées. » et cela dit, il se mit au travail, prenant coupe après coupe, touchant les bords mous avec la colle, et les installant contre la peau de Westley. « Je vais aussi devoir en mettre une sur votre langue, dit le Comte, mais je vais laisser ça pour la fin au cas où vous auriez des questions.

Ce n'est pas la chose la plus simple à installer, n'est-ce pas ?

Je pourrais arranger ça sur les prochains modèles, dit le Comte ; au moins ce sont mes plans pour le moment, » et il continua à poser coupe après coupe sur la peau de Westley jusqu'à ce que chaque pouce de surface exposée soit couvert. « Voilà pour l'extérieur, dit le Comte alors. Celui-ci est un peu plus délicat, essayez de ne pas bouger.

J'ai les mains, la tête et les pieds liés, dit Westley. À quel point pensez-vous que je puisse bouger ?

Êtes-vous vraiment aussi courageux que vous le montrez, où êtes-vous un peu effrayé ? La vérité, s'il vous plaît. C'est pour la postérité, rappelez-vous.

Je suis un peu effrayé, » répliqua Westley.

Le Comte nota ça, à côté de l'heure. Puis il se mit au travail fin, et bientôt il y eut de minuscules minuscules coupes aux bords mous à l'intérieur des narines de Westley, contre ses tympans, sous ses paupières, sur et sous sa langue, et avant que le Comte ne se lève, Westley était couvert dedans et dehors avec ces choses. « Maintenant, tout ce que je fais, » dit le Comte très fort, espérant que Westley puisse entendre, « c'est faire tourner la roue le plus vite possible pour avoir plus de pouvoir que nécessaire pour fonctionner. Et le cadran peut être réglé d’un à vingt et, vu que c'est la première fois, je vais le régler au plus bas, ce qui est un. Et puis tout ce que j'ai besoin de faire c'est pousser le levier ver le haut, et nous devrions, si je n'ai pas tout enrayé, être en pleine opération. »

Mais Westley, comme le levier bougeait, laissa s'échapper son esprit, et quand la Machine commença, Westley caressait ses cheveux de la couleur de l'automne et touchait sa peau de crème glacée et... et... et puis le monde explosa... parce que les coupes, les coupes étaient partout, et avant, ils avaient puni son corps mais laissé son esprit, seulement pas la Machine ; la Machine allait partout – il ne contrôlait plus ses yeux et ses oreilles ne pouvaient plus entendre son gentil murmure amoureux et son esprit glissa, glissa loin de l'amour dans le profond désespoir, chuta durement, tomba encore, loin dans la maison de l'agonie dans le comté de la douleur. Dedans et dehors, le monde de Westley se déchirait et il ne pouvait rien faire d'autre que de craquer avec.

Le Comte arrêta la machine alors, et comme il prenait son carnet de notes il dit : « Comme vous le savez sans doute, le concept de la pompe à aspiration est vieux de plusieurs siècles – eh bien, en fait, c'est tout ce dont il est question, à part qu'au lieu de l'eau, j'aspire la vie ; je viens juste d'aspirer une année de votre vie. Plus tard je positionnerai le cadran plus haut, sûrement à deux ou trois, peut-être même à cinq. Théoriquement, cinq devrait être cinq fois plus fort que ce que vous venez de subir, alors s'il vous plaît soyez précis dans vos réponses. Dites-moi maintenant, honnêtement : comment vous sentez-vous ? »

D'humiliation, et de souffrance, et de frustration, et de colère, et d'angoisse si grande qu'elle était étourdissante, Westley pleura comme un bébé.

« Intéressant, » dit le Comte, et il le nota soigneusement.

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Commentaires
M
C'est vraiment trooooop cruel :(
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