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Approximativement
29 décembre 2005

The Princess Bride - Six, Les Festivités - 1

C’est encore un de ces chapitres où le professeur Bongiorno de Columbia, le gourou florin, clame que le génie satirique de Morgenstern est à son épanouissement maximal. (C’est la manière de parler de ce gars : « épanouissement maximal », « délicieuses drôleries » — sans arrêt.)

Le chapitre des festivités est surtout une description détaillée de devinez quoi ? Bingo ! Les festivités. C’est presque quatre-vingt-neuf jours jusqu'aux noces et chaque VIP de Florin devait donner une « party » pour le couple, et ce dont Morgenstern remplit ces pages c’est comment les différents riches de ce temps se distraient. Quel genre de fêtes, quel genre de nourriture, comment étaient les décorations, comment était mis en place l’arrangement des sièges, toutes ces sortes de chose.

La seule part intéressante, mais ça ne vaut pas la peine de passer quarante-quatre pages pour ça, c’est que le prince Humperdinck devient de plus en plus intéressé et agréable envers Bouton d’Or, prenant même un peu de temps sur ses activités de chasse. Et, plus important, à cause de l’échec de la tentative de kidnapping, trois choses arrivèrent : (1) tout le monde est assez convaincu que la conspiration était manigancée par Guilder, alors les relations entre les pays sont plus qu’un petit peu tendues, (2) Bouton d’Or est simplement adorée par tout le monde parce que les rumeurs disent partout qu’elle avait agi très courageusement et était même passée à travers les Marais de Feu vivante et (3) le prince Humperdinck est, enfin, dans son propre pays, un héros. Il n’avait jamais été populaire, avec son fétichisme pour la chasse et en laissant le pays pratiquement pourrir depuis que son vieux père était devenu sénile, mais la façon dont il avait fait échouer le kidnapping avait fait réaliser à tout le monde que c’était un brave type et qu’ils étaient chanceux de l’avoir en ligne pour les diriger.

De toute façon, ces quarante-quatre pages couvrent seulement le premier mois de fêtes. Et ce n’est pas avant la fin de tout ça, que, à mon avis, les choses reprennent. Bouton d’Or est au lit, claquée, il est tard, la fin d’une autre longue fête, et alors qu’elle attend le sommeil, elle se demande sur quelle mer Westley navigue, et le géant et l’Espagnol, que leur était-il arrivé ? Et finalement, en trois flashbacks rapides, Morgenstern revient à ce que je pense être l’histoire.


* * *


Quand Inigo reprit connaissance, c’était toujours la nuit sur les Falaises de la Démence. Loin en dessous, les eaux du détroit de Florin se fracassaient. Inigo s’étira, cligna des yeux, essaya de se frotter les yeux, ne le put pas.

Ses mains étaient attachées autour d’un arbre.

Inigo cligna de nouveau des yeux, se rafraîchissant les idées. Il s’était mis à genoux devant l’homme en noir, prêt pour la mort. Clairement, le vainqueur avait d’autres notions. Inigo regarda autour de lui autant qu’il le put, et elle était là, l’épée à six doigts, brillant dans la lumière de la lune comme une magie perdue. Inigo étendit sa jambe droite aussi loin qu’il le put et réussit à toucher le pommeau. Puis ce fut simplement question de rapprocher peu à peu l’arme assez près pour l’attraper d’une main, puis il y avait la tâche encore plus simple de couper les liens. Il eut un peu de vertige quand il se leva, et il frotta sa tête derrière les oreilles, là où l’homme en noir l’avait frappé. Une bosse, de taille, c’était sûr, mais pas un problème majeur.

Le problème majeur était que faire maintenant ?

Vizzini avait des instructions strictes pour des occasions telles que celles-ci, quand un plan tournait mal : Retourner au départ. Retour au départ et attendre Vizzini, puis se regrouper, refaire les plans, recommencer. Inigo en avait même fait une petite rime pour Fezzik afin que le géant n’ait pas de problème pour se souvenir quoi faire en cas d’ennui : « Aveugle, aveugle, retour au départ c’est la règle. »

Inigo savait précisément où était le départ. Ils avaient eu le boulot à Florineville même, le quartier des Voleurs. Vizzini avait fait les arrangements seul, comme toujours. Il avait rencontré leur employeur, avait accepté le travail, l’avait planifié, tout dans le quartier des Voleurs. Donc le quartier des Voleurs était clairement l’endroit où aller.

Seulement, Inigo détestait ça, là-bas. Tout le monde était si dangereux, grand, méchant et musclé, et qu’est-ce que cela faisait s’il était le plus grand escrimeur du monde, qui pouvait le savoir en le regardant ? Il ressemblait à un type maigre espagnol qu’il devait être marrant de voler. On ne pouvait pas se balader avec une pancarte disant : « Attention, ceci est le plus grand escrimeur depuis la mort du Magicien de Corse. Ne pas cambrioler. »

De plus, et ici Inigo ressentit une profonde peine, il n’était pas un si grand escrimeur, plus maintenant, il ne le pouvait pas, ne venait-il pas juste d’être battu ? Avant, c’est vrai, il avait été un titan, mais maintenant, maintenant...


* * *


Ce qui arrive ici que vous n’allez pas lire est le soliloque de six pages d’Inigo dans lequel Morgenstern, à travers Inigo, réfléchit sur l’angoisse de la gloire fugace. La raison de ce soliloque ici c’est que le livre précédent de Morgenstern avait été bombardé par les critiques et aussi n’avait pas vendu des haricots. (De plus – saviez-vous que le premier livre de poèmes de Robert Browning n’avait pas vendu une copie ? C’est vrai. Même sa mère ne l’a pas acheté chez son libraire. Connaissez-vous quelque chose de plus humiliant ? Voudriez-vous être Browning et c’est votre premier livre et vous avez cet espoir secret que maintenant, maintenant, vous serez quelqu’un. Établi, important. Et vous vous donnez une semaine avant de demander à l’éditeur comment vont les choses, parce que vous ne voulez pas avoir l’air prétentieux ou quoi. Et puis peut-être que vous entrez en passant, et tout ça était probablement très anglais et discret ces jours-là, et vous êtes Browning et vous papotez un peu, avant que vous ne lâchiez : « Oh, à propos, aucune idée encore de comment mes poèmes pourraient aller ? » Et puis son éditeur, qui redoutait ce moment, dit probablement : « Eh bien, vous savez comment c’est avec la poésie ces jours-ci, rien ne décolle comme avant, cela demande un peu de temps pour que la nouvelle passe. » Et puis finalement, quelqu’un doit le dire. « Aucun, Bob. Désolé ; Bob, non, nous n’avons pas encore eu une seule vente authentique. Nous avons pensé un moment que Hatchards avait un acheteur potentiel à Piccadilly, mais cela n’a vraiment rien donné. Désolé, Bob, bien sûr, nous vous enverrons la nouvelle dans l’éventualité d’une percée. » Fin du De plus.)

De toute façon, Inigo finit son discours sur les Falaises et passe les quelques heures suivantes à trouver un pêcheur qui le ramène à Florineville.


* * *


Le quartier des Voleurs était pire qu’il ne se le rappelait. Toujours, avant, Fezzik avait été avec lui, et ils faisaient des rimes, et Fezzik suffisait à garder n’importe quel voleur au loin.

Inigo avançait paniqué dans les rues sombres, désespérément effrayé. Pourquoi cette peur géante ? De quoi était-il effrayé ?

Il s’assit sur un perron sale et considéra la situation. Autour de lui il y avait des cris dans la nuit et, venant des bars, des rires vulgaires. Il était effrayé, réalisa-t-il alors, parce qu’alors qu’il était assis là, s'agrippant à l’épée à six doigts, pour avoir confiance, il était soudainement revenu à ce qu'il avait été avant que Vizzini ne le trouve.

Un raté.

Un homme sans but, avec aucune attache au lendemain. Inigo n’avait pas touché à l’eau-de-vie depuis des années. Maintenant il sentait ses doigts cherchant de l’argent à tâtons. Maintenant il entendait ses pas courant vers le plus proche bar. Maintenant il voyait son argent sur le comptoir. Maintenant il sentait la bouteille d’eau de vie dans ses mains.

De nouveau il courut vers le perron. Il ouvrit la bouteille. Il sentit l’eau-de-vie rugueuse. Il prit une petite gorgée. Il toussa. Il prit une gorgée. Il toussa encore. Il l’avala et en avala encore et commença à moitié à sourire.

Ses peurs commençaient à le quitter.

Après tout, pourquoi devrait-il être effrayé ? Il était Inigo Montoya (la bouteille était à moitié vide maintenant), fils de Domingo Montoya, alors qui avait-il là dans le monde qui valait d’avoir peur ? (Maintenant toute l’eau-de-vie était partie.) Comment la peur osait-elle approcher un magicien tel qu’Inigo Montoya ? Eh bien, plus jamais. (La seconde bouteille.) Plus jamais jamais jamais jamais.

Il s’assit seul et confiant et fort. Sa vie était droite et juste. Il avait assez d’argent pour l’eau-de-vie, et si vous aviez ça, vous aviez le monde.

Le perron était misérable et glacial. Inigo s’effondra là, assez satisfait, serrant la bouteille dans ses mains qui ne tremblaient plus. L’existence était vraiment très simple quand vous faisiez ce qu’on vous disait. Et rien ne pouvait être plus simple ou mieux que ce qu’il avait pour lui.

Tout ce qu’il avait à faire c’était attendre et boire jusqu’à ce que Vizzini vienne...


* * *


Fezzik n’avait pas idée du temps qu’il était resté inconscient. Il savait seulement, alors qu’il chancelait en se levant sur le sentier de montagne, que sa gorge était très douloureuse là où l’homme en noir l’avait étranglé.

Que faire ?

Les plans avaient tous mal tourné. Fezzik ferma les yeux, essayant de penser : il y avait un endroit précis où aller quand les plans tournaient mal, mais il ne pouvait vraiment pas s’en souvenir. Inigo en avait même fait une rime pour lui, et maintenant, même avec ça, il était si stupide qu’il l’avait oubliée. Qu’est-ce que c’était ? Est-ce que c’était « Stupide, stupide, va attendre Vizzini avec Cupide » ? Ça rimait, mais où était le Cupide ? « Diantre, diantre, va maintenant te remplir le ventre. » Ça rimait aussi, mais quel genre d'instructions était-ce ?

Que faire ? Que faire ?

« Crétin, crétin, utilise ta tête et fais-le bien » ? Aucune aide. Rien n’était d’aucune aide. Il n’avait rien fait de bien, pas de toute sa vie, jusqu’à ce que Vizzini vienne, et sans une autre pensée, Fezzik couru dans la nuit après le Sicilien.

Vizzini faisait un somme quand il arriva là-bas. Il avait bu du vin et s’était assoupi. Fezzik se mit à genoux et mit ces mains en position de prière. « Vizzini, je suis désolé, » commença-t-il.

Vizzini continua de dormir.

Fezzik le secoua gentiment.

Vizzini ne se réveilla pas.

Pas si gentiment cette fois-ci.

Rien.

« Oh, je vois, vous êtes mort, » dit Fezzik. Il se leva. « Il est mort, Vizzini l’est, » dit-il doucement. Et puis, sans la moindre aide de son cerveau, un grand cri de panique sortit de sa gorge dans la nuit : « Inigo ! » et il refit en tournoyant le sentier de montagne, parce que si Inigo était vivant, tout irait bien ; ça ne serait pas pareil, non, ça ne serait jamais ça sans Vizzini pour les diriger et les insulter comme seul lui le pouvait, mais au moins il y aurait du temps pour la poésie, et quand Fezzik atteignit les Falaises de la Démence il dit : « Inigo, Inigo, je suis là » aux rochers et « Je suis ici, Inigo ; c’est ton Fezzik » aux arbres et « Inigo, Inigo, réponds-moi s’il te plaît » partout jusqu’à ce qu’il n’y ait pas d’autre conclusion à tirer que de même qu’il n’y avait maintenant plus de Vizzini, il n’y avait plus non plus d’Inigo, et c’était dur.

C’était, en fait, trop dur pour Fezzik, alors il commença à courir, criant : « Je suis là dans une minute, Inigo » et « Juste derrière toi, Inigo » et « Hé, Inigo, attends » (attends, se redressant ce qui était sa façon de courir, et est-ce que ça ne sera pas drôle avec les rimes une fois que lui et Inigo seront ensemble à nouveau), mais après une heure ou presque de cris sa gorge laissa tomber parce qu’il avait, après tout, été étranglé pratiquement à mort dans un passé très récent. Il courut encore, encore et encore jusqu’à ce qu’il atteigne finalement un minuscule village et trouve, juste devant la ville, quelques chouettes rochers qui formaient une sorte de cave, pratiquement assez grosse pour lui pour s’y étendre. Il s’assit avec son dos contre un rocher et ses mains autour de ses genoux et sa gorge qui faisait mal jusqu’à ce que les garçons du village le trouvent. Ils retinrent leur souffle et rampèrent aussi près qu’ils l’osèrent. Fezzik espérait qu’ils s’en iraient, alors il se figea, prétendant être loin avec Inigo et Inigo dirait « barrique » et Fezzik renverrait aussitôt « cantique » et peut-être ils chanteraient un petit quelque chose jusqu’à ce qu’Inigo dise « sérénade » et on ne pouvait pas faire tomber Fezzik avec une si facile à cause de « centigrade » et puis Inigo ferait un mot sur le temps et Fezzik le rimerait et c’est ainsi que tout alla jusqu’à ce que les garçons du village cessent d’être effrayés par lui. Fezzik pouvait le dire parce qu’ils rampaient très près de lui maintenant et soudainement hurlèrent leurs poumons et firent des grimaces. Il ne les blâmait pas vraiment ; il ressemblait au genre de personnes à qui ont fait ça, on les moque. Ses habits étaient déchirés et sa gorge était partie et ses yeux étaient sauvages et il aurait probablement hurlé aussi s’il avait eu leur âge.

C’est seulement quand ils le trouvèrent drôle qu’il trouva cela, même s’il ne connaissait pas le mot, dégradant. Plus de hurlements. Seulement des rires maintenant. Des rires, pensa Fezzik, et puis il pensa giraférire, parce que c’était tout ce qu’il était pour eux, quelque chose d’énorme et de drôle qui ne pouvait pas faire beaucoup de bruit. Rires, giraférire, maintenant et pour le pire.

Fezzik se recroquevilla dans la cave et essaya de voir le bon côté. Au moins ils ne lui jetaient pas des choses.

Pas encore, en tout cas.


* * *


Westley se réveilla enchaîné dans une cage géante. Son épaule commençait à s’infecter à l’endroit de la morsure et de la bouchée que les R.D.T.I. avaient faites dans sa chair. Il ignora son inconfort, momentanément, pour essayer de s’ajuster à son environnement.

Il était certainement sous terre. Ce n’était pas le manque de fenêtres qui le rendait sûr de ça ; plus l’obscurité. De quelque part au-dessus de lui maintenant, il pouvait entendre des bruits d’animaux : un rugissement occasionnel de lion, le cri d’un chimpanzé.

Peu après qu’il soit redevenu conscient, l’albinos apparu, vide de sang, avec une peau aussi pâle qu’un bouleau mort. La lumière des bougies qui servaient à éclairer la cage faisait totalement apparaître l’albinos comme une créature qui n’avait jamais vu le soleil. L’albinos tenait un plateau qui portait beaucoup de choses, des bandages et de la nourriture, des poudres de soins et de l’eau-de-vie.

« Où sommes-nous ? » dit Westley.

Un haussement d’épaules de l’albinos.

« Qui êtes-vous ? »

Haussement d'épaules.

C’était pratiquement toute l’étendue de la conversation de ce gars. Westley posa question après question pendant que l’albinos s’occupait et soignait sa plaie, puis le nourrit d’une nourriture qui était chaude et étonnamment bonne et abondante.

Haussement d’épaules.

Haussement d’épaules.

« Qui sait que je suis ici ? »

Haussement d’épaules.

« Mensonge, mais dites-moi quelque chose... donnez-moi une réponse. Qui sait que je suis ici ? »

Murmuré : « Je sais. Ils savent.

Ils ? »

Haussement d’épaules.

« Le Prince et le Comte, vous voulez dire ? »

Hochement de tête.

« Et c’est tout ? »

Hochement de tête.

« Quand j’ai été amené ici j’étais à moitié conscient. Le Comte donnait des ordres, mais trois soldats me portaient. Ils savent aussi. »

Frisson. Murmuré : « Savaient.

Ils sont morts, c’est ce que vous êtes en train de dire ? »

Haussement d’épaules.

« Vais-je mourir alors ? »

Haussement d’épaules.

Westley se recoucha sur le sol de la géante cage souterraine pendant que l’albinos chargeait silencieusement le plateau, glissait hors de vue. Si les soldats étaient morts, sûrement ça n’était pas déraisonnable de penser qu’il les suivrait finalement. Mais s’ils voulaient son effacement, sûrement ça n’était pas déraisonnable non plus de penser qu’ils n’avaient pas du tout l’intention de le faire immédiatement sinon pourquoi soigner ses plaies, pourquoi lui redonner de la force avec une bonne et chaude nourriture ? Non, sa mort était encore pour dans quelque temps. Mais pendant ce temps, en considérant la personnalité de ses geôliers, ça n’était finalement pas déraisonnable de penser qu’ils allaient faire de leur mieux pour le faire souffrir.

Grandement.

Westley ferma les yeux. Il y avait de la douleur en perspective et il devait y être prêt. Il devait préparer son cerveau, il devait avoir son esprit sous contrôle et en sûreté loin de leurs efforts, afin qu’ils ne le cassent pas. Il ne les laisserait pas le casser. Il tiendrait contre tout et n’importe quoi. Si seulement ils lui donnaient assez de temps pour être prêt, il savait qu’il vaincrait la douleur. Il arriva qu’ils lui donnèrent assez de temps (cela prit des mois pour que la Machine soit prête).

Mais ils le cassèrent de toute façon.

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Commentaires
M
Pauvre, pauvre, pauvre, pauvre Westley
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