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1 juin 2005

The Princess Bride - Trois, Les Fiançailles

Ils étaient quatre dans la grande salle du conseil du château. Le prince Humperdinck, son confident, le comte Rugen, son père, le vieux roi Lotharon, et la reine Bella, sa méchante belle-mère.

La reine Bella avait la forme d'une boule de gomme. Et la couleur d'une framboise. Elle était facilement la personne la plus aimée du royaume et elle était mariée avec le roi Lotharon depuis bien avant qu'il commence à marmonner. Le prince Humperdinck n'était qu'un enfant alors, et, vu que les seules belles-mères qu'il connaissait étaient des méchantes dans les histoires, il l'avait toujours appelée comme ça ou « M.B. » pour aller plus vite.

« Bien, commença le Prince quand ils furent tous assemblés. Qui est-ce que j'épouse ? Choisissons une fiancée et finissons-en. »

Le vieux roi Lotharon dit : « Je me disais qu'il était vraiment temps qu'Humperdinck se choisisse une fiancée. » En fait il ne l'a pas vraiment dit mais plutôt marmonné : « Je me marmonnné marmonné Humpmarmonné fianmarmoné. »

La reine Bella était la seule qui se souciait encore de décrypter ce qu'il disait. « Tu ne pourrais être plus juste, chéri, » dit-elle et elle tapota ses robes royales.

« Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Il a dit que celle que nous choisirons aura un terriblement beau prince comme compagnon.

- Dites-lui qu'il a l'air en bonne forme aussi, répondit le Prince.

- Nous venons juste de changer le faiseur de miracle, dit la Reine. Cela explique son amélioration.

- Vous voulez dire que vous avez viré Max le Miraculeux ? dit prince Humperdinck. Je pensais qu'il était le dernier.

- Non, nous en avons trouvé un autre dans les montagnes et il est assez extraordinaire. Vieux, bien sûr, mais bon, qui peut vouloir un jeune faiseur de miracle ?

- Dis-lui que j'ai changé de faiseur de miracles, » dit le roi Lotharon. Cela a fait : « Dis-marmonné mirmamonné marmonné. »

« Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda le prince Humperdinck.

- Il a dit qu'un homme de votre importance ne peut pas simplement épouser une princesse.

- C'est vrai, c'est vrai, » dit le prince Humperdinck. Il soupira. Profondément. « J'imagine que cela veut dire Noreena.

- Ce serait certainement un parfait parti politiquement, » ajouta le comte Rugen. La princesse Noreena était de Guilder, le pays juste de l'autre côté du détroit de Florin. (En Guilder, ils disaient ça autrement. Pour eux, Florin est le pays de l'autre côté du détroit de Guilder.) Dans tous les cas, les deux pays avaient survécu à travers les siècles principalement en se faisant la guerre. Il y avait eu la guerre de l'Olive, la dispute du Thon, qui a pratiquement ruiné les deux nations, la Rupture romaine, qui les a toutes les deux rendues insolvables, suivie de la discorde des Émeraudes, pendant laquelle elles sont toutes les deux redevenues riches, principalement en se liguant pour une brève période et en volant tous ceux qui étaient à portée de bateau.

« Je me demande si elle chasse, quand même, dit le prince Humperdinck. Je ne me soucie pas trop de leur personnalité, simplement de leur habileté avec un couteau.

- Je l'ai vue, il y a plusieurs années, dit la reine Bella. Elle semblait charmante, mais pas vraiment musclée. Je la décrirais plus comme une tricoteuse que comme une femme dynamique. Mais charmante.

- La peau ? demanda le Prince.

- Comme le marbre, répondit la Reine.

- Les lèvres ?

- Nombre ou couleur ? demanda la Reine.

- Couleur M.B.

- Roses. Les joues, pareil. De grands yeux, l'un bleu, l'autre vert.

- Hmmm, dit Humperdinck. Et la silhouette ?

- De rêve. Toujours divinement habillée. Et, bien sûr, célèbre en Guilder pour la plus grande collection de chapeaux au monde.

- Bon, amenons-la ici pour quelque occasion officielle et on verra à quoi elle ressemble, dit le Prince.

- N'y a-t-il pas une princesse en Guilder qui aurait le bon âge ? » dit le Roi. Cela a fait : « Marmonnesse Guilmonné, aurmonné marmonné ? »

« Tu a toujours raison ! » dit la reine Bella et elle sourit en regardant dans les yeux faibles de son seigneur.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda le Prince.

- Que je devrais partir aujourd'hui même avec une invitation, » répliqua la Reine.

Ainsi commença la grande visite de la princesse Noreena.


* * *


Moi encore. De toutes les coupures dans cette version, c'est celle qui me semble la plus justifiée. Comme le chapitre sur la chasse à la baleine dans Moby Dick peut être sauté par tous les lecteurs sauf les plus masochistes, de même les scènes où les valises sont faites, que Morgenstern détaille ici, valent vraiment d'être passées. C'est ce qui se passe dans les cinquante-six pages et demie qui suivent : les valises sont faites. (J'inclus les scènes où les valises sont défaites dans la même catégorie.)

Voici ce qui arrive : la reine Bella met dans ses valises pratiquement toute sa garde-robe (11 pages) et voyage jusqu'en Guilder (2 pages). En Guilder, elle défait ses valises (5 pages), puis présente l'invitation à la princesse Noreena (1 page). La princesse Noreena accepte (1 page). Puis la princesse Noreena met dans ses valises tous ses habits et ses chapeaux (23 pages) et, ensemble, la Princesse et la Reine rentrent en Florin pour la célébration annuelle de la fondation de Florineville (1 page). Elles arrivent au château du roi Lotharon où la princesse Noreena est amenée dans ses appartements (1/2 page) et sort de ses valises tous les habits et les chapeaux que nous venons de la voir mettre dans les valises une page et demie plus tôt (12 pages).

C'est un passage déconcertant. J'ai parlé au professeur Bongiorno, de l'université de Columbia, le chef du département florin, et il a dit que c'était le passage le plus délicieusement satirique du livre, le but de Morgenstern, apparemment, étant simplement de montrer que, même si Florin se considérait vastement plus civilisé que Guilder, Guilder était de loin, en fait, le pays le plus sophistiqué, comme le montraient le nombre et la qualité des habits des dames. Je ne vais pas discuter avec un professeur, mais si jamais vous avez un vrai cas insolvable d'insomnie, faites-vous une faveur et commencez à lire le chapitre trois dans sa version intégrale.

Enfin, les choses s'améliorent un peu une fois que le Prince et la Princesse se rencontrent et passent la journée ensemble. Noreena avait vraiment, comme ça a été dit, une peau comme le marbre, des lèvres et des joues roses, de grands yeux, l'un bleu, l'autre vert, une silhouette de rêve et facilement la plus extraordinaire collection de chapeaux jamais assemblée. Étroits avec de larges bords, certains grands, d'autres pas, certains jolis, certains colorés, certains en tissu écossais, d'autres simples. Elle mettait un point d’honneur à changer de chapeau à chaque opportunité. Quand elle rencontra le Prince, elle portait un chapeau, quand il lui a demandé de faire une balade, elle s'excusa avant de revenir rapidement avec un autre, tout aussi flatteur. Les choses ont continué comme ça toute la journée, mais cela semblait un peu trop protocolaire pour des lecteurs modernes, ce n'est donc pas avant le repas du soir que je retourne au texte original.


* * *


Le dîner était servi dans la Grande Salle du château de Lotharon. Ordinairement, ils auraient dîné dans la salle à manger, mais, pour un évènement de cette importance, la pièce était simplement trop petite. Les tables étaient donc placées bord à bord du centre de la Grande Salle, un énorme endroit plein de courants d'air qui était connu pour être frais même en été. Il y avait beaucoup de portes et d'entrées géantes, et les courants d'air avaient parfois la force d'un vent fort.

Ce soir-là était typique ; les vents sifflaient constamment et les chandelles avaient constamment besoin d'être rallumées, et certaines des dames les plus audacieusement habillées frissonnaient. Mais le prince Humperdinck ne semblait pas s'en soucier, et en Florin, s'il ne s'en souciait pas, vous ne vous en souciez pas.

À 20 h 23 il semblait y avoir toutes les chances pour qu'une longue alliance commence entre Florin et Guilder.

À 20 h 24 les deux nations étaient très proches de la guerre.

Voici ce qui est arrivé : à 20 heures 23 minutes et 5 secondes, le plat principal du repas était prêt à être servi. Le plat principal était du cochon au brandy et il en fallait beaucoup pour servir les cinq cents personnes. Alors, de façon à accélérer le service, une immense double porte qui menait de la cuisine à la Grande Salle fut ouverte. La porte est restée ouverte pendant tout ce qui suivit.

Le vin approprié pour le cochon au brandy était prêt derrière la double porte qui menait à la cave. Cette double porte fut ouverte à 20 heures 23 minutes et 10 secondes de façon à ce que la douzaine de sommeliers puissent apporter leurs bouteilles aux convives. Cette double porte, il faut le noter, était à l'extrémité sud de la pièce.

À ce moment, un vent de travers exceptionnellement fort était clairement manifeste. Le prince Humperdinck ne le remarquait pas parce que, à cet instant, il était en train de chuchoter avec la princesse Noreena de Guilder. Ils étaient joue contre joue, la tête du prince Humperdinck sous le chapeau bleu-vert à larges bords de la Princesse qui soulignait la couleur de ses grands yeux.

À 20 heures 23 minutes et 20 secondes, le roi Lotharon fit son entrée plutôt tardive au dîner. Il était toujours en retard maintenant, depuis des années, et, naguère, il était connu que les gens mourraient de faim avant qu'il n'arrive. Mais depuis peu les repas commençaient sans lui, ce qui lui allait bien, puisque son nouveau faiseur de miracle lui interdisait les repas de toute façon. Le Roi entra par la Porte du Roi, une énorme chose à charnière qu'il était le seul autorisé à utiliser. Il fallait plusieurs domestiques en très bonne forme pour l'ouvrir. Il faut remarquer que la Porte du Roi était toujours du côté est de chaque pièce puisque le Roi, de tous, était le plus proche du soleil.

Ce qui est arrivé alors a été diversement décrit comme un vent du nord ou du sud-ouest, selon où l’on était assis dans la pièce quand il souffla, mais tout le monde est d'accord sur une chose : à 20 heures 23 minutes et 25 secondes il y avait un gros courant d'air dans la Grande Salle.

La plupart des chandelles perdirent leur flamme et tombèrent, ce qui n'est important que parce que certaines d'elles tombèrent, toujours allumées, dans les petites coupes de pétrole qui étaient placées ici et là sur la table du banquet pour que le cochon au brandy puisse être proprement enflammé pour être servi. Les domestiques coururent de partout pour éteindre les flammes, et ils s'en sortirent bien, quand on considère que tout dans la pièce volait de-ci de-là, les éventails, les écharpes et les chapeaux.

Particulièrement le chapeau de la princesse Noreena.

Il s'envola vers le mur derrière elle, où elle le rattrapa rapidement et le remit proprement. Il était 20 heures 23 minutes et 50 secondes. Il était trop tard.

À 20 heures 23 minutes 55 secondes, le prince Humperdinck se leva en hurlant, les veines de son gros cou comme des cordes. Il y avait toujours des flammes à quelques endroits et leur rougeur rougissait sa figure déjà remplie de sang. Il avait l'air, debout là, d'un tonneau de feu. Il dit alors à la princesse Noreena de Guilder les cinq mots qui amenèrent les nations à la rupture.

« Madame, n'hésitez pas à fuir ! »

Et avec ça il sortit de la Grande Salle. Il était alors 20 h 24.

Le prince Humperdinck fit son chemin en colère vers le balcon au-dessus de la Grande Salle et regarda vers le chaos. Les feux brûlaient toujours rouges dans certains endroits, les invités filaient à travers les portes et la princesse Noreena, avec son chapeau, évanouie, était emmenée loin des regards par des domestiques.

La reine Bella rejoignit finalement le Prince qui piétinait le long du balcon, clairement hors de contrôle. « J'aurais vraiment aimé que vous ne soyez pas si brusque, » dit la reine Bella.

Le Prince se tourna violemment vers elle. « Je n'épouse pas une princesse chauve et c'est tout !

- Personne ne pouvait savoir, expliqua la reine Bella. Elle porte des chapeaux même pour dormir. »

- J'aurais savoir, cria le Prince. Est-ce que vous avez vu la lumière des chandelles se refléter sur son crâne ?

- Mais les choses auraient été si bien avec Guilder, dit la Reine, s'adressant à moitié au Prince, à moitié au comte Rugen qui les avait rejoints.

- Oubliez Guilder. Je le conquerrai un jour. J'en ai envie depuis que je suis gamin de toute façon. » Il s'approcha de la Reine. « Les gens ricanent derrière votre dos quand vous avez une femme chauve et je peux me débrouiller sans ça, merci. Vous avez juste à trouver quelqu'un d'autre.

- Qui ?

- Trouvez-moi quelqu'un, elle doit être jolie, c'est tout.

- Cette Noreena n'a pas de cheveux, dit le roi Lotharon, en arrivant essoufflé. Normonné marmonné marmonné.

- Merci de le faire remarquer, chéri, dit la reine Bella.

- Je ne pense pas qu'Humperdinck aimera ça, dit le Roi. Parmonné Humorné marmonné. »

C'est alors que le comte Rugen s'avança. « Vous voulez quelqu'un de joli ; mais si c'est une roturière ?

- Plus elle sera roturière mieux ce sera, répliqua le prince Humperdinck, faisant les cent pas.

- Et si elle ne sait pas chasser ? continua le Comte.

- Je m'en fous si elle ne sait pas épeler, » dit le Prince. Soudainement il s'arrêta et les regarda. « Je vais vous dire ce que je veux, commença-t-il alors. Je veux une femme qui soit si belle que, quand on la voit, on dise : "Ouah, cet Humperdinck doit être un sacré gars pour avoir une femme comme ça." Fouillez le pays, fouillez le monde, trouvez-la ! »

Le comte Rugen ne pouvait que sourire. « Elle est déjà trouvée, » dit-il.


* * *


C'était le crépuscule quand les deux cavaliers arrêtèrent leurs chevaux sur le sommet de la colline. Le comte Rugen montait un splendide cheval noir, grand, parfait, puissant. Le Prince montait un de ses blancs. Il faisait ressembler la monture de Rugen à un cheval de trait.

« Elle livre le lait le matin, dit le comte Rugen.

- Et elle est vraiment-sans-question-sans-erreur-possible belle ?

- Elle était dans un sale état quand je l'ai vue, admit le Comte. Mais le potentiel était écrasant.

- Une laitière. » Le Prince faisait passer ces mots sur sa langue rugueuse. « Je ne sais pas si je pourrais épouser l’une d'entre elles, même dans les meilleures conditions. Les gens pourraient dire que je ne pouvais rien trouver de mieux.

- C'est vrai, admit le Comte. Si vous préférez, nous pouvons rentrer à Florineville sans attendre.

- Nous sommes venus de loin, dit le Prince. « Nous pouvons att... » Sa voix est morte. « Je la prends, » réussit-il à dire finalement comme Bouton d'Or passait lentement devant eux.

« Personne ne ricanera, je pense, dit le Comte.

- Je dois lui faire la cour maintenant, dit le Prince. Laissez-nous seuls une minute. » Il mena expertement le blanc en bas de la colline.

Bouton d'Or n'avait jamais vu une bête si géante. Ni un tel cavalier.

« Je suis votre Prince et vous allez m'épouser, » dit Humperdinck.

Bouton d'Or murmura : « Je suis votre servante et je refuse.

- Je suis votre Prince et vous ne pouvez refuser.

- Je suis votre fidèle servante et je viens de le faire.

- Un refus signifie la mort.

- Tuez-moi alors.

- Je suis votre Prince et je ne suis pas si mauvais... comment pouvez-vous préférer mourir que m'épouser ?

- Parce que, dit Bouton d'Or, le mariage implique de l'amour et ce n'est pas un passe-temps auquel j'excelle. J'ai essayé une fois et cela a mal fini et j'ai juré de ne jamais aimer un autre.

- L'amour ? dit le prince Humperdinck. Qui a parlé d'amour ? Pas moi, je peux vous le dire. Regardez : il doit toujours y avoir un héritier mâle pour le trône de Florin. C'est moi. Quand mon père sera mort, il n'y aura plus d'héritier, juste un roi. C'est encore moi. Quand cela arrivera, je me marierai et j'aurai des enfants jusqu'à ce qu'il y ait un fils. Alors vous pouvez soit m'épouser et être la femme la plus riche et la plus puissante dans les mille kilomètres et nous faire des dindes à Noël et me donner un fils, soit mourir dans de terribles souffrances dans un futur proche. Faites votre choix.

- Je ne vous aimerai jamais.

- Je ne le voudrais pas si c'était le cas.

- Alors, je vous en prie, marrions-nous. »

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Commentaires
M
Ouais, Westley, à côté, c'est un petit branleur. Mais attend de voir les autres personnages qui arrivent...
M
... que les filles soient nues,<br /> qu'elles se jettent sur moi,<br /> qu'elles m'arrachent, qu'elles me tue ...<br /> <br /> Quel star ce prince !
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