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Approximativement
31 mai 2005

The Princess Bride - Deux, Le Fiancé

C'est ma plus grosse coupure. Chapitre un, la fiancée, est pratiquement dans sa totalité sur la fiancée. Chapitre deux, le fiancé, ne parle du prince Humperdinck que dans les dernières pages.

Ce chapitre, c'est là où mon fils Jason s'est arrêté de lire et il n'y a absolument aucune raison de l'en blâmer. Car ce qu'a fait Morgenstern, c'est commencer ce chapitre avec soixante-six pages sur l'histoire florine. Plus précisément, l'histoire de la couronne florine.

Ennuyeux ? Incroyable.

Pourquoi un maître de la narration arrêterait sa narration bien avant qu'elle ait une chance d'être créatrice ? Aucune réponse. Tout ce que je peux imaginer c'est que, pour Morgenstern, la vraie narration, ce n'était pas Bouton d'Or et les étonnantes choses qu'elle endure, mais, plutôt, l'histoire de la monarchie et d'autres trucs comme ça. Quand cette version sortira, je m'attends à ce que tous les universitaires florins m'assassinent. (L'université de Columbia n'a pas seulement les meilleurs experts florins d'Amérique mais aussi des liens directs avec la New York Times Book Review. Je n'y peux rien et j'espère seulement qu'ils comprendront que mes intentions ici n'étaient pas de détruire la vision de Morgenstern.)


* * *


Le prince Humperdinck avait la forme d'un tonneau. Son corps était un gros tonneau, ses cuisses étaient d'énormes tonneaux. Il n'était pas grand, mais il pesait près de 115 kg, de gros kilos. Il marchait comme un crabe, de côté, et s'il avait voulu être un danseur de ballet, il aurait probablement été condamné à une incessante vie de frustration. Mais il ne voulait pas être un danseur de ballet. Il n'était pas pressé d'être un roi non plus. Même la guerre, à laquelle il était très bon, ne venait qu'en seconde place de ses passions. Tout n'était qu'en seconde place de ses passions.

Son amour, c'était la chasse.

Il s'était fait une habitude de ne jamais laisser une journée se finir sans avoir tué quelque chose. Ce que c'était avait peu d'importance. Quand il avait commencé à être fanatique, il ne tuait que des grosses choses : des éléphants ou des pythons. Mais ensuite, comme ses talents s'amélioraient, il a commencé à apprécier la souffrance des petites bêtes aussi. Il pouvait passer une joyeuse après-midi à traquer un écureuil volant à travers des forêts ou une truite dans des rivières. Une fois qu'il était déterminé, une fois qu'il était concentré sur un objet, le Prince était implacable. Il n'était jamais fatigué, jamais épuisé, ne mangeait pas, ne buvait pas. C'était un jeu d'échec mortel et il était un grand maître international.

Au début, il traversait le monde pour trouver un adversaire. Mais les voyages prenaient du temps, les bateaux et les chevaux étant ce qu'ils sont, le temps passé loin de Florin était angoissant. Il devait toujours y avoir un héritier mâle pour le trône et, tant que son père était vivant, ça n'était pas un problème. Mais un jour, son père allait mourir, le Prince serait le roi et il devrait choisir une reine pour fournir un héritier pour le jour de sa propre mort.

Alors pour éviter le problème de ses absences, le prince Humperdinck construisit le Zoo de la Mort. Il l'avait dessiné lui-même avec l'aide du comte Rugen et avait envoyé ses laquais à travers le monde pour le lui remplir. On le remplissait de choses qu'il pouvait chasser et cela ne ressemblait à aucun autre sanctuaire d'animaux nulle part ailleurs. D'abord, il n'y avait jamais aucun visiteur. Seulement le gardien albinos qui s'assurait que les bêtes étaient bien nourries et qu'il n'y avait ni maladie ni faiblesse.

L'autre chose à propos du Zoo, c'est qu'il était sous terre. Le Prince avait choisi l'endroit lui-même, dans le coin le plus tranquille et le plus lointain des sous-sols du château. Il avait décrété qu'il y aurait cinq niveaux, chacun avec tout ce dont avaient besoin ses ennemis individuels. Au premier niveau, il avait mis des ennemis rapides : des chiens sauvages, des guépards, des oiseaux-mouches. Au second niveau, il y avait les ennemis les plus forts : des anacondas, des rhinos et des crocodiles de plus de six mètres. Le troisième niveau était réservé aux empoisonneurs : des cobras cracheurs, des araignées sauteuses, des chauves-souris tueuses à gogo. Le quatrième niveau était le royaume des plus dangereux, les ennemis de la peur : la tarentule hurlante (la seule araignée capable de pousser un cri), l'aigle sanglant (le seul oiseau qui se nourrissait de chair humaine), plus, dans son propre bassin noir, le calamar suceur. Même l'albinos frissonnait quand c'était l'heure du repas au quatrième niveau.

Le cinquième niveau était vide.

Le Prince l'avait construit en espérant trouver un jour quelque chose qui en valait le coup, quelque chose d'aussi dangereux et féroce que lui.

Improbable. Pourtant, c'était un éternel optimiste, alors il gardait la grande cage du cinquième niveau toujours prête.

Et il y avait bien assez de choses mortelles dans les quatre autres niveaux pour rendre un homme heureux. Le Prince choisissait parfois sa proie au hasard, il avait une grande roue avec le dessin de chaque animal du Zoo, il la tournait au petit-déjeuner et quand elle s'arrêtait l'albinos préparait cet animal. Parfois il choisissait selon son humeur : « Je me sens rapide aujourd'hui, va me chercher un guépard » ou « Je me sens fort aujourd'hui, relâche un rhino. » Et quoi qu'il demandait c'était fait, bien sûr.


* * *


Il se préparait à faire le baisser de rideau à un orang-outan quand les affaires de la santé du Roi firent leur ultime intrusion. C'était au milieu de l'après-midi, le Prince avait lutté avec la bête géante depuis le matin et finalement, après toutes ces heures, cette chose poilue s'affaiblissait. Encore et encore, le singe essayait de mordre, un signe certain de manque de force dans les bras. Le Prince parait les coups de dents avec facilité et le primate soulevait avec effort sa poitrine, cherchant désespérément de l'air. Le Prince fit un pas de crabe sur le côté, puis un autre, puis passa rapidement sur le côté, fit tourner la grande bête dans ses bras en appliquant une pression sur l'épine dorsale. (Tout cela se passait dans la fosse aux primates où le Prince avait pris plaisir avec de nombreux simiens.) Arrivant du haut, la voix du comte Rugen l'interrompit. « J'ai des nouvelles, » dit le Comte.

En pleine bataille, le Prince répliqua : « Ça ne peut pas attendre ?

- Combien de temps ? » demanda le Comte.

                                                C

                                                  R

                                                    A

                                                      C

L'orang-outan tomba comme une poupée de chiffons. « Bon, qu'est-ce qu'il se passe, » répondit le Prince, enjambant la bête morte et escaladant l'échelle qui menait hors de la fosse.

« Votre père a eu son examen annuel, dit le Comte, j'ai le rapport.

- Et ?

- Votre père est mourant.

- Sapristi ! dit le Prince. Cela veut dire que je vais devoir me marier. »

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Commentaires
M
En tant qu'écolo, je me dois de poser la question : "un animal a t il été maltraité durant la traduction de ce chapitre ?"
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